Littérature : le nouveau roman d’Alain Mabanckou ou l’eternel appel du pays natal

Jeudi 28 Juillet 2022 - 19:21

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Chaque nouvelle publication de l’écrivain Alain Mabanckou est un évènement majeur de la rentrée littéraire française ou plutôt francophone. En effet, l’auteur franco-congolais va publier au mois d’août aux éditions du Seuil un nouveau roman intitulé « Le commerce des allongés ».

C’est l’histoire truculente d’un certain Liwa Ekimakingai, un nom bien particulier que l’on pourrait traduire en français par « la mort ne veut pas de moi ». Ce dernier, bien que n’étant plus enfant continue d’habiter chez sa grand-mère, Mâ Lembé, car sa mère, Albertine, est morte en lui donnant la vie. Il est employé comme cuisinier à l’hôtel Victory Palace de Pointe-Noire. Et il attend de rencontrer l’amour. Un soir de 15 août où l’on fête l’indépendance du pays, il réunit ses plus beaux atours à peine achetés l’après-midi, et assez extravagants, pour aller en boîte. Au bord de la piste de danse, la belle Adeline semble inatteignable. Pourtant, elle accepte ses avances, sans toutefois se compromettre. Elle signera sa fin.

Ce nouveau roman d’Alain Mabanckou est une remontée dans la vie et les dernières heures du jeune homme, qui assiste à sa propre veillée funèbre de quatre jours et à son enterrement. Aussitôt enseveli, il ressort de sa tombe. Pour se venger ?

En toile de fond, la ville de Pointe-Noire et ses cimetières, en particulier le Cimetière des Riches, où tout le monde rêverait d’avoir une sépulture mais où les places sont très chères, et celui dit Frère-Lachaise, pour le tout-venant dont Liwa fait partie.

Dans son style unique mêlé d’un subtil dosage de comique, de satyre et de burlesque, Alain Mabanckou nous livre un grand roman social, politique et visionnaire, la lutte des classes se poursuit jusque dans le royaume des morts, où ceux-ci sont d’ailleurs étrangement vivants.

Alain Mabanckou et ce « Congo qui l’habite »

Une fois de plus l’auteur de « Verre Cassé » et de « Mémoires de porc-épic » nous embarque pour une odyssée dans ses souvenirs d’enfance et de jeunesse, car Alain Mabanckou a quitté son pays natal le Congo – Brazzaville, il y a plus de trente ans. Sa vie d’adulte, il l’a passée en Occident, entre l’Europe et l’Amérique, mais pourtant, chacun de ses ouvrages, est une sorte de « cahier d’un retour au pays natal ». La force des romans de l’auteur congolais est son attachement à ses racines congolaises voire africaine, qu’il dévoile à la lumière du monde par la puissance et la beauté de sa plume. La ville de Pointe – Noire, lieu de son enfance, et merveilleux « cimetière » de ses souvenirs qu’il déterre selon ses inspirations, porte une place particulière dans son cœur, tant il ne cesse de la mettre en avant dans tous ses ouvrages.

"Le commerce des allongés" est un beau roman qui ne déroge pas à la formule bien huilée de l’écrivain. A ce titre, Mabanckou incarne certainement mieux à ce jour la belle trouvaille de l’écrivain Tchicaya Utam’si qui a dit une fois dans son exil parisien concernant son pays natal : « je n’habite pas au Congo, mais le Congo m’habite ».

Ecrivain de renommée mondiale, professeur de littérature dans une prestigieuse université américaine (UCLA), directeur de la collection « Points Poésie », Alain Mabanckou revêt certes plusieurs casquettes, mais il ne cesse de revenir, roman après roman, à ses racines et à ses souvenirs de jeunesse, montrant une fois de plus que le grand écrivain qu’il est devenu n’oublie pas d’où il vient. Ce n’est pas pour rien qu’il a écrit dans l’un de ses romans (Verre cassé) la phrase suivante : « L’enfance est notre bien le plus précieux ». Le nouveau roman d’Alain Mabanckou paraîtra le 19 août en France.

Boris Kharl Ebaka

Légendes et crédits photo : 

La couverture du livre/DR

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