Mauritanie : Ould Abdel Aziz : « les flux financiers illicites coûtent à l'Afrique environ 5,5 % du Pib chaque année »

Jeudi 22 Janvier 2015 - 11:19

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À la veille du sommet de l'Union africaine (UA), Nouakchott, la capitale mauritanienne a clôturé, le 20 janvier, la conférence de haut niveau sur la transparence et le développement durable en Afrique, sous la présidence du président mauritanien, Ould Abdel Aziz, président en exercice de l'Union africaine (UA).

Ould Abdel Aziz a plaidé pour la mise en place de mesures visant à mettre fin à la circulation des flux financiers illicites et le pillage des ressources halieutiques. Il a appelé ses pairs africains et  la communauté internationale à accroître la transparence dans la gestion de la pêche et  à s'attaquer aux flux financiers illicites, notant que « la transparence est un élément essentiel pour le développement durable ».

Pour le président mauritanien, « une meilleure gestion des ressources naturelles de l’Afrique et la fin des flux financiers illicites pourraient transformer la vie de millions d’Africains par la création d’emplois , la croissance économique équitable et l’allocation des revenus pour la santé, l’éducation, l’énergie et les infrastructures ». Car, poursuit-il, « l’Afrique a une richesse considérable en ressources naturelles - pétrole, gaz et minéraux -, sans oublier la pêche, les forêts, la biodiversité etc.». 

« Cependant, les Africains ne reçoivent pas un traitement équitable de ces ressources et la transparence est un élément essentiel de la solution pour le développement durable », a-t-il ajouté. La question des flux financiers, notamment le blanchiment de l'argent, les effets nocifs des sociétés-écrans et des sociétés fictives, ainsi que de la fraude et de l'évasion fiscale ont eu une place de choix au cours du forum. « Les flux financiers illicites coûtent à l'Afrique environ 5,5 % du Pib chaque année, soit plus que dans toute autre région du monde », a indiqué Ould Abdel Aziz .

« Le monde veut et a besoin de ressources de l’Afrique, par conséquent, la communauté internationale doit également assumer sa responsabilité dans la gestion de ces ressources, avec des offres équitables seules à mesure de résister à l'épreuve du temps », a-t-il martelé. L'avocat et vice-président de Transparency International, Akere Muna, a déclaré que 50 milliards de dollars quittent chaque année l’Afrique. Au cœur du fléau, il y a la fraude et l’évasion fiscale. Et la seule façon efficace pour y mettre fin est la transparence et l’échange de renseignements.

Selon un analyste en politique fiscale, Ervice Tchouata, ces échanges entre services sont capitaux pour lutter conte la fraude. « Quand l’administration fiscale du pays se rend compte qu’il lui manque des informations parce qu’un contribuable a des comptes bancaires dans un pays étranger, comment fait-elle ? Chaque pays est en effet souverain sur son territoire. Elle demande alors à l’administration de ce pays de lui envoyer des informations sur ce contribuable. C’est cela le sens du renseignement, et c’est le travail que nous faisons. Nous encourageons ces échanges entre les administrations fiscales ».

Mais il regrette le faible nombre de pays impliqués. Il note que « le forum n'a que 19 pays africains, sur les 54. Ils sont où les autres ? Ils ne sont même pas au courant qu’il existe aujourd’hui des mécanismes permettant de lutter contre l’évasion fiscale ». À l'issue du forum, a été lancé « l'initiative Afrique 2015-2017 » visant à sensibiliser les gouvernants et les administrations fiscales sur ces nouveaux outils.

Chaque année, une région comme l'Afrique de l'ouest perd environ 1,3 milliards de dollars à cause de la pêche illicite qui dévaste aussi les communautés côtières à travers la perte d’emplois, de commerce, de sources de protéines critiques et la destruction de l’environnement. Les côtes mauritaniennes sont une des zones les plus abondantes en ressources halieutiques de la planète. Cependant, ce pays, avec une population d’environ 3,5 millions d’habitants, n’a jamais reçu un traitement équitable pour ses ressources, entravé par la pêche illégale et le manque d’usines de transformation, a-t-on appris.

Noël Ndong