Migration : tendances à surveiller en Afrique en 2024

Jeudi 8 Février 2024 - 10:52

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Des facteurs structurels continuent à faire grimper les taux de migration à l’intérieur et à l’extérieur de l’Afrique. Bien qu’il s’agisse d’une source vitale de main-d’œuvre pour les pays d’accueil, la migration irrégulière présente des risques extraordinaires.

Les migrations africaines continuent de subir des pressions persistantes à la hausse, prolongeant un scénario qui dure depuis vingt ans. Les opportunités économiques limitées, les conflits, les gouvernements répressifs, l’augmentation du nombre de jeunes et le changement climatique sont les principaux facteurs à l’origine de l’arrivée d’environ un million de nouveaux migrants en 2023. Ces chiffres s’ajoutent aux 43 millions de migrants africains estimés au total. La plupart de ces migrants, pour la plupart jeunes et célibataires, restent sur le continent à la recherche d’opportunités d’emploi dans les centres urbains. D’autres cherchent un emploi en dehors du continent, principalement au Moyen-Orient et en Europe, bien que les Africains ne représentent respectivement  que 6,6%  et 8,8% de l’ensemble des migrants dans ces régions. On estime que 35 % de la population de l’Afrique subsaharienne vit dans la pauvreté, ce qui crée une pression énorme sur les membres des ménages ayant un revenu pour qu’ils trouvent un emploi afin de répondre aux besoins essentiels. Une combinaison de facteurs structurels et de gouvernance contribue à l’augmentation constante des migrations africaines qui, si les tendances actuelles se maintiennent, verront les migrations transfrontalières africaines atteidre 11 à12 millions de personnes d’ici à 2050.  

La plupart des migrations non liées à un conflit suivent les opportunités économiques saisonnières au niveau régional. La migration intra-africaine a augmenté de 44 % depuis 2010. Dans la région de la CDAA, la majorité des migrations circulaires a pour destination l’Afrique du Sud, pays économiquement dynamique. Au sein de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest, nombreux des migrants passent par la Côte d’Ivoire et le Nigeria. La migration la plus importante en Afrique a toujours lieu à l’intérieur des pays, le plus souvent de manière circulaire, des zones rurales vers les zones urbaines. Les moyens de subsistance ruraux durables devenant plus précaires en raison du réchauffement climatique, une part croissante des migrants - entre en  70 et 110 millions personnes - pourrait être forcée de rendre ces déplacements permanents. L’exode rural peut-être un premier pas vers la migration internationale, car les migrants urbains gagnent plus de revenus et d’informations sur d’autres possibilités d’emploi. La route de l’Est est décrite comme l’un des couloirs de migration les plus fréquentés et les plus risqués au monde. Cette route, décrite comme l’un des couloirs de migration le plus fréquenté et le plus risqué au monde, est empruntée par des centaines de milliers de personnes chaque année, principalement en provenance d’Éthiopie, d’Érythrée et de Somalie. Les migrants vers les États du golfe espèrent gagner cinq fois plus que dans leur pays d’origine.

Environ 300 000 migrants ont quitté l’Ethiopie pour les côtes de Djibouti et de la Somalie en 2023. Plus de 93 500 migrants de la Corne de l’Afrique sont arrivés au Yémen au cours de cette période, soit une augmentation de 26 % par rapport à l’année précédente. Les flux migratoires le long de cette route devraient augmenter en 2024. Bien qu’il ne représente qu’une minorité des personnes qui tentent de franchir clandestinement les frontières de l’Union européenne (UE), le nombre de migrants africains en situation irrégulière a lentement augmenté ces dernières années. Les ressortissants de Guinée, de Côte d’Ivoire, de Tunisie, du Maroc, d’Égypte et d’Algérie constituent les six principales sources africaines d’IBC ces dernières années. Collectivement, ces pays représentent plus de la moitié de tous les IBC africains. Afin de décourager les traversées de la Méditerranée, les pays d’Afrique du Nord ont tenté, à la demande de l’UE, de relocaliser les migrants des villes côtières. Parfois, ces actions ont été draconiennes, par exemple comme les autorités tunisiennes qui ont  expulsé et abandonné des  centaines de migrants dans le désert à la frontière libyenne. En Libye, les foyers et les lieux de travail des migrants ont été perquisitionnés et des milliers d’entre eux ont été expulsés de force vers le Tchad, l’Égypte, le Niger, le Soudan et la Tunisie, sans examen de leurs situations légales.

Noël Ndong

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