Migrations en Italie : une suite de cercueils, une suite de dramesMercredi 29 Juillet 2015 - 19:09 Les flux ne semblent pas s’arrêter vers les côtes italiennes où des groupes de migrants arrivent, exténués ou morts, après la traversée de la Méditerranée. Le Premier ministre Matteo Renzi a affaire à forte partie. Face à son opinion de plus en plus réticente à accueillir – même temporairement – les migrants qui débarquent chaque jour par dizaines sur les ports du sud et qui sont ensuite ventilés à travers des centres d’accueil débordés sur toute la péninsule, il entend maintenir un devoir humanitaire incontournable. Il réaffirmait récemment qu’avant d’être un clandestin, un réfugié et un chiffre, un immigré était d’abord une personne humaine. Langage humaniste très fort, mais qui a de plus en plus du mal à passer. Même quand il ajoute, réaliste, que l’Afrique sub-saharienne d’où viennent la plupart des immigrés est aussi une région « stratégique dans la politique internationale de l’Italie » grâce surtout à la réalité que des entreprises de poids comme Eni (pétrole) et Enel (électricité) y confortent. Le Premier ministre l’a dit et répété mardi à une conférence des ambassadeurs tenue à la Farnesina, le ministère des Affaires étrangères à Rome. Mais la réalité de chaque jour est surtout faite de drames de cette immigration que le citoyen ordinaire commence à juger exaspérante. Surtout quand les politiciens viennent par derrière attiser les brèches. Pour la seule journée de lundi 27 juillet, plus de 1.800 migrants ont été secourus et 13 corps de personnes mortes récupérés au cours de cinq opérations menées par la mission européenne Triton, dans le bras de mer entre l'Italie et l'Afrique du Nord. Drame effroyable et mystère mêlés, les 13 cadavres récupérés se trouvaient à bord d'une embarcation comprenant un total de 522 personnes. Mais la cause de leur décès n’est pas certifiée. On ne sait pas si ces personnes sont mortes de chaleur, étouffées dans les cales d’un bateau puis empilées sur une embarcation de fortune pour dérouter les soupçons ou si c’est la soif et la faim qui sont venues à bout de leur ferme intention de gagner à tout prix l’Europe par l’Italie. L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) affirme qu’entre janvier et le 10 juillet dernier, plus de 150.000 migrants étaient arrivés en Europe par la mer. La moitié d’entre eux ont débarqué sur les côtes italiennes. Ils sont en majorité africains du sud du Sahara ou originaires d’Afrique du Nord, mais aussi syriens. Ces chiffres, affirme l’OMI, sont supérieurs pour l’Italie aux records de 2014. Mais c’est surtout le nombre de morts qui constitue désormais un drame méconnu et même négligé : 1.900 morts depuis le début de cette année à partir de la seule côte libyenne. On oublie le nombre de cadavres gisant dans les déserts et même ceux jetés en mer. Lucien Mpama Notification:Non |