Mondial 2014 : le Nigeria et l’Algérie quittent la compétition la tête haute

Mardi 1 Juillet 2014 - 16:36

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Privée des quarts-de-finale, la meilleure performance au Mondial, l’Afrique a connu une progression dans cette Coupe du monde en alignant, pour la première fois de son histoire, deux de ses représentants, le Nigeria et l’Algérie, en huitièmes-de-finale

L’Afrique récolte à la fois de la satisfaction mais aussi d'énormes regrets car il y avait de la place pour une présence en quarts-de-finale. Cinq nations africaines, pas les moindres, prenaient le départ de cet événement. Le Nigeria, la Côte d’Ivoire, le Cameroun, le Ghana et l’Algérie. Aucune d’elle ne découvrait la compétition pour la première fois. Visiblement elles étaient à la hauteur pour placer une équipe africaine en demi-finale. Les choses se sont passées différemment : problèmes privés, un arbitrage parfois pas en leur faveur, bref elles ont échoué près de leur but. Le bilan des Africains dans ce Mondial n’est pas éloquent du point de vue des résultats sur le terrain. On note à peine 3 victoires (la Côte d’Ivoire face au Japon 2-1, le Nigeria face à la Bosnie et l’Algérie face à la Corée du Sud), 3 matchs nuls (Nigeria-Iran, Algérie-Russie et Ghana-Allemagne) et 11 défaites dont une après prolongation. Enfin, 19 buts marqués contre 31 encaissés pour 17 matchs y compris les deux huitièmes-de-finale.

Les échecs

Le Cameroun, la première nation africaine à atteindre les quarts-de-finale, est encore descendu très bas en quittant comme en Afrique du Sud la compétition dès le premier tour avec zéro point, un but marqué contre neuf encaissés. Le Ghana, le troisième pays africain à disputer également un quart-de-finale, n’a eu pour bon résultat qu’un match nul 2-2 face à l’Allemagne. D’aucuns diraient que c’était prévisible car le Ghana était logé dans le même groupe que l’Allemagne, le Portugal et les USA. Le Ghana s’est consolé de sa prestation et d’au moins un but marqué à chaque sortie (un respectivement contre le Portugal et les États-Unis et deux contre l’Allemagne).

La Côte d’Ivoire est l’équipe qui a le plus déçu le continent parce qu’elle disposait d’énormes talents dans ses rangs. Pourtant les Ivoiriens ont fait mieux que les deux premiers en glanant trois points face au Japon mais leur débâcle a plus choqué. Les Eléphants ont concédé la plupart de leurs buts sur les passes données à l’adversaire puis ils n’ont pas abordé le dernier match contre la Grèce de la meilleure des manières. La barre transversale les a sauvés à plus de deux reprises.

Un visage séduisant de l’Afrique en huitièmes-de-finale

Lors des huitièmes-de-finale, l’Afrique a montré un autre visage. Celui d’un continent qui regorge d’énormes talents et qui donne déjà les signaux des équipes qui pourraient à l’avenir remporter le tournoi comme chez les jeunes.

Le Nigeria, champion d’Afrique, a donné des sueurs froides aux Français en les dominant avec une possession de balle de 53% contre 47% pour leurs adversaires. L’équipe du Nigeria joueuse et combative, dominatrice dans les duels et qui avait bien entamé la rencontre, s’est malheureusement inclinée 0-2 dans le dernier quart d’heure du match. Une erreur d’arbitrage a sans nul doute faussé le résultat acquis sur le terrain, en témoigne le propos tenu par le coach du Nigeria. « On a bien joué mais on n’a pas eu de chance. (…) Je veux savoir pourquoi l’arbitre a refusé un but au Nigeria et pourquoi le ralenti n’a pas été diffusé sur l’écran géant. C’est une honte. (…) L’arbitrage n'a pas été au niveau et le parti-pris était en faveur de la France », a déclaré l’entraineur du Nigéria, Stephan Keshi, après le match. Blaise Matuidi, par ailleurs, méritait un carton rouge sur un vilain tacle ayant dévissé la cheville d’Ogenyi Onazi à la 54e minute.

Dans l’autre match, l’Algérie dont la défense était critiquée, a contraint l’Allemagne à attendre le coup de sifflet final des prolongations pour se rassurer de sa qualification en quarts-de-finale 1-2. Les Algériens qui avaient pourtant gagné le pari de l’engagement, ont bousculé pendant une mi-temps entière, l’Allemagne, et n’ont pas été efficaces devant le but. La première équipe africaine à inscrire 4 buts dans un match d’une phase finale de la Coupe du monde, face à la Corée du Sud, le 22 juin. Les deux représentants africains ont mis tout le monde d’accord quant à leur capacité de bousculer n’importe quel géant du monde tant sur le plan technique que physique.

Des stars attendues ont déçu, d’autres se sont révélées

Les stars africaines attendues n’ont pas brillé. Samuel Eto’o et Didier Drogba sont sortis de la compétition sans inscrire un seul but. Eto’o n’a joué qu’un match contre le Mexique et Drogba, souvent remplaçant, n’a été titularisé qu’une fois contre la Grèce ; mais en dehors d’eux l’Afrique a revélé d’autres talents. Le Nigérian Musa par exemple a répondu à deux reprises à Léo Messi lors du match Nigeria-Argentine, inscrivant de somptueux buts. L’Afrique a aussi montré qu’elle possédait des derniers remparts de qualité. Le portier nigérian, Vincent Enyeama, meilleur gardien de la phase aller de la compétition. Tout comme l’Algérien Rais Mbolhi. D’autres joueurs ont validé leur présence notamment Gyan Asamoah, André Ayew, Gervais Kouassi dit Gernivho et Islam Slimani.

L’Afrique paie ses erreurs de concentration 

La gestion des matchs a été le principal handicap des équipes africaines. Elles ont pour la plupart mis un terme à leur espoir de faire mieux dans le dernier quart d’heure du match. Le Ghana qui égalise contre les États-Unis à la 82e minute mais qui concède un but du chaos quatre minutes après. La même histoire s’est produite lors du dernier match contre le Portugal. Le but de Ronaldo à la 80e minute. La Côte d’Ivoire qui tenait sa qualification devant la Grèce mais qui a concédé un penalty bien imaginaire dans le temps additionnel. L’Algérie qui se fait rattraper par la Belgique mais qui finit par s’incliner à la 80e. Le Nigeria qui concède deux buts contre la France également dans les ultimes moments du match et l’Algérie qui craque également dans les mêmes conditions contre l’Allemagne lors des prolongations. Autant d’éléments qui laissent les Africains sur une énorme déception. Outre la fin du match, deux de ses représentants ont eu des entames du match pas aisées. Le Ghana qui concède le but le plus rapidement de la compétition devant les États-Unis et le Nigeria qui donne très tôt l’avantage à l’Argentine à la 3e minute sur un but de Léo Messi.

Des erreurs d’arbitrage qui persistent

La Côte d’Ivoire a fait les frais sur un penalty accordé à la Grèce en toute fin du match. C’est le but qui les a éliminés. Le Nigeria s’est vu refuser un but logique contre la France. Ce même arbitre n’a pas donné un carton rouge à Blaise Matuidi alors que le tacle était dangereux. Le coup de coude d’Olivier Giroud méritait aussi une sanction. Autant on doit déplorer les erreurs d’arbitrage contre les Africains autant il faut par ailleurs reconnaître quelque part que ces erreurs ont aussi souri aux Africains. Le but de la Bosnie refusé contre le Nigeria était pourtant logique, y compris les deux buts mexicains contre le Cameroun.

James Golden Eloué