Musique : le gouvernement rend hommage de son vivant à l’artiste musicien Nganga Edo

Lundi 4 Novembre 2013 - 18:00

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Si le 29 septembre, l’artiste a célébré ses 60 ans de carrière musicale et ses 80 ans d’âge en privé, au bar dancing La détente, le 31 octobre, soit un mois après, il a été solennellement honoré par le gouvernement de la République, au cours d’une cérémonie organisée dans les jardins du ministère de la Culture et des Arts, en présence de Jean-Claude Gakosso, ministre de tutelle, et de plusieurs diplomates et artistes musiciens

C’est une grande première au Congo qu’un artiste musicien congolais, de son vivant, bénéficie d’un tel privilège. La célébration des 60 ans de carrière musicale et des 80 bougies du doyen de la musique congolaise Édouard Nganga dit Nganga Edo pour les intimes, est une preuve inestimable que les artistes ont dorénavant leur place dans les arènes cultures congolaises. En effet, en commémorant avec faste ce double anniversaire, le gouvernement de la République par le truchement du ministère de la Culture et des Arts, a voulu rendre hommage au patriarche de la musique congolaise.

Des évocations

Ses compagnons de lutte, sinon de scène depuis quelques décennies ont fait des évocations de ce talentueux artiste, avant de fredonner quelques unes de ses chansons. Mass Massengo, 55 ans de carrière musicale, connaît Nganga Edo depuis 1955. « Nous avons fait beaucoup de choses ensemble. Edo, c’est un doyen, un talent de la musique congolaise. C’est bien que le ministre commence à penser aux artistes. Ce que j’aime en Edo, c’est qu’il est persévérant et qu'il aime ce qui est bien fait », a-t-il reconnu.

L'artiste musicien Michel Boyimbanda a également témoigné : « J’ai commencé par suivre mon aîné Nganga Edo en montant sur les murs du bar Faignond, je faisais le Ngembo. Je dis publiquement ici que c’est grâce à ce doyen que j’ai été reçu au sein de l’orchestre OK Jazz. C’est lui qui m’a présenté à Luambo Makiadi, disant : Ce jeune homme chante bien, prenez-le. Si j’ai quitté Kinshasa pour revenir à Brazzaville, c’est également grâce à lui. Enfin, je ne m’attendais pas qu’un jour la carrière de Nganga Edo serait célébrée avec faste tel que nous le voyons aujourd’hui. Ce genre d’initiative ne doit pas s’arrêter là, elle doit continuer avec d'autres artistes. » Le musicien Clotaire Kimbolo a déclaré : « J’ai connu Nganga Edo alors que je n’avais que 14 ans. Ce jour-là son orchestre Négro succès devait affronter l’orchestre Africa Jazz de Grand Kallé. Très brillant, son orchestre a dominé celui de Grand Kallé avec la chanson Aimée wa bolingo de Nganga Edo. »

Après ces évocations, les artistes sont montés sur scène et ont interprété la chanson Aimée wa bolingo, que Nganga Edo affectionne tant, qu’il a fini par se lever pour les rejoindre sur scène, sur le rythme du groupe Karaoké interprétant le répertoire du doyen de la musique congolaise.

Une surprise qui a fait parler d’elle

La surprise de cette matinée solennelle pour Nganga Edo a été le cadeau d’anniversaire du ministre de la Culture offert à l’artiste : une voiture de marque Toyota Avensis. Les clé de contact de cette voiture lui ont été remises publiquement. « Le ministre de la Culture et des Arts m’a surpris. Je suis tellement comblé pour sa reconnaissance que je ne le remercierai jamais assez. Je lui serai toujours reconnaissant, surtout qu'avec mes 80 ans, je traîne un peu la patte. Ce cadeau me va droit au cœur. Un grand merci à lui. Je conseille à mes jeunes frères artistes de se comporter correctement. Ils doivent aussi soigner leurs textes. Me concernant, j’affectionne particulièrement Aimée wa bolingo », a déclaré l’artiste. 

Quant aux souvenirs de ses soixante ans de carrière musicale, il pense en avoir assez, des bons et des moins bons. « Dans la vie d’un homme, il y a des hauts et des bas, tout comme il y a des moments où vous réussissez et des moments où vous ne réussissez pas. Il faut être discipliné, endurant et aimer son travail quoi qu’il arrive. La musique est un don de Dieu », a poursuivi Nganga Edo.

Présent à la cérémonie, l’ambassadeur de la République démocratique du Congo (RDC), Christophe Muzungu, a reconnu le talent de l’artiste et apprécié le geste du ministre Jean-Claude Gakosso. « Edo Nganga, c’est un grand, un père pour moi. J’étais très petit lorsque sa chanson Aimée wa bolingo faisait succès à Kinshasa. En plus, il est né à Kinshasa bien qu’il soit originaire du Congo-Brazzaville. Les Kinois sont les natifs de Kinshasa et en ma qualité du président des natifs de Kinshasa, c’est un membre de mon association. Je souhaite un bon anniversaire à ce doyen de la musique congolaise », a rappelé Christophe Muzungu. Et d’ajouter : « J’ai beaucoup apprécié le geste du ministre Jean-Claude Gakosso, celui de reconnaître les capacités artistiques de quelqu’un de son vivant. Nganga Edo, c’est un grand artiste qui a beaucoup apporté au plan culturel entre Kinshasa et Brazzaville. » 

La cérémonie a été clôturée par la prestation de l’orchestre Les Bantous de la capitale qui ont notamment interprété Comité ya batoueya.

 

Né le 25 octobre 1933 à Léopoldville au Congo-Belge, aujourd’hui Kinshasa en République démocratique du Congo, Nganga Édouard, petit-fils de celui dont le nom est immortalisé par le collège d’enseignement général Nganga Edouard, est un artiste atypique de renommée internationale. Son parcours artistique est une marque indélébile de son immense talent. Il a fait ses premiers pas scolaires à l’école primaire de Poto-Poto de 1942 à 1948 ; ses études secondaires à l’école professionnelle de l’Afrique équatoriale française (AEF), actuel lycée technique du 1er mai ; ses études ont été sanctionnées par un certificat d’aptitude professionnel cadre dans le secteur du bois.

Sur le plan artistique, le patriarche Edo est un musicien talentueux. En 1954, il est co-fondateur de l’orchestre Négro jazz ; en 1956, il est co-fondateur de l’orchestre Ok Jazz avec Luambo Makiadi Franco, Essous, Rossignol, de la lune et bien d’autres encore. En 1959, il est co-fondateur de l’orchestre Les Bantous de la capitale dont il est membre jusqu’à aujourd’hui après un passage dans les orchestres Les Nzoï et Le Peuple.

Dans ces différents groupes, l’artiste a signé des chansons anthologiques devenues aujourd’hui des grands classiques, comme Aimée wa bolingo qu’il a chanté dans Ok jazz ; Nakokamoua et Sacrifice ya pamba, chantés dans Les Nzoï ; Lisso ya koyi dans l’orchestre Le Peuple ; Tango mosusu et C’est toujours comme ça, chantés dans l’orchestre Les Bantous de la capitale.

En marge de sa très grande carrière artistique, Nganga Edo est aussi un homme politique et administrateur. Il est membre du Parti congolais du travail. Sur le plan administratif, il est actuellement conseiller aux arts de scène et à la promotion des artistes, du ministre de la Culture et des Arts.

Nganga Edo est officier dans l’ordre du mérite congolais à titre exceptionnel.

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Le ministre de la Culture et des Arts entouré de Nganga Edo et des corps diplomatiques accrédités au Congo (DR) Photo 2 : Le ministre de la Culture et des Arts remettant les clés de contact de sa voiture à Nganga Edo (DR) Photo 3 : Nganga Edo prenant possession de sa voiture (DR)