Notes de reportage: en Chine...

Lundi 9 Septembre 2024 - 18:30

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S’il est une vertu que la République populaire de Chine, deuxième économie mondiale, garde en estime, c’est bien le travail. Ses atouts sautent aux yeux. Reportage dans les villes de Chengdu, Lishan, Meshan, Kunming et Shangaï.

Un gadget offert des mois auparavant par un confrère français de passage à Brazzaville porte l'estampille de son média, et celle du pays de fabrication : made in China. Anodin en apparence, ledit accessoire fera l’objet d’une certaine curiosité. Pendant le contrôle des passagers à l'aéroport de Shanghaï où nous devons prendre un vol retour au terme d’un long séjour de presse dans plusieurs villes chinoises, le power bank placé dans notre bagage en main est détecté. Le bagage sera à nouveau « checké » par le détecteur de sécurité pourtant les opérateurs ne l’ouvrent pas.

Alors que les formalités sont terminées et que nous avons rejoint la salle d'attente à une bonne distance du lieu des portiques de contrôle, un agent de l'immigration nous y retrouve, à notre grande surprise. Courtois mais résolu, il demande si le fameux instrument est toujours dans notre sac, le palpe et finit par le prendre en photo sur son téléphone. Puis nous remercie de notre compréhension, sans doute de notre « collaboration ». Que ce serait-il passé si la batterie en question n'était pas de fabrication locale ? Nous l’aurait-il simplement confisquée ?

Cette expérience témoigne de ce que les contrôles aux frontières, dans les aéroports comme dans n’importe quel point de passage, sont pour tous les pays un enjeu de taille au regard des défis auxquels le monde fait face aujourd'hui. Ces défis sont d'ordre économique, politique, stratégique, diplomatique, climatique mais aussi sécuritaire. La Chine ne fait pas exception. Peut-être n’est-il pas encore parvenu à résoudre tous les problèmes existentiels de ses citoyens, pour autant l'Empire du milieu reste un pays d’innovations et de grandes réalisations.

Modernité

Des autoroutes à échangeurs vertigineux, des ponts suspendus, des routes « intelligentes » pour le volumineux trafic inter-provinces, des gratte-ciels à perte de vue, et que voit-on encore ? Des jardins fleuris enlaçant les Grand-Place, des avenues et immeubles neufs, enfin tous les agréments, toutes les commodités qui font de la vie une aventure passionnante à vivre absolument sont le signe indéniable de l’ouverture de la Chine à la modernité. Une bataille de plusieurs décennies que rien ne semble arrêter.

Et le pays de Mao Zedong qu’une réussite économique a ajouté au galon diplomatique respire à pleins poumons cette ambition de toujours aller de l’avant, de pousser encore plus loin l’audace de bâtir sans relâche, parfois au-delà du concevable, grâce à l’inventivité de ses experts en tous domaines, et à la conversion de son peuple au travail. Beijing pense à juste titre ne pas avoir suffisamment donné à sa population en dépit des avancées considérables sur le chemin du progrès. Qui se traduisent, entre autres, par un taux de croissance de 5% depuis quatre ans en dépit de l’effet covid-19 sur l’économie mondiale, ce après les chiffres records des dernières décennies.

Compétitivité

L’exemple du power bank rappelé plus haut est bien une anecdote, mais il renseigne sur le poids du pays dans les échanges mondiaux, avec du « made in China » toujours en expansion. Les conflits commerciaux latents ou ouverts qui opposent les grandes économies du moment, en particulier la Chine et les Etats-Unis d’Amérique, sont aussi la preuve que le géant asiatique, sans être seul maître à bord sur cette vaste région du monde en perpétuel développement, n’arrête pas de progresser. Et ce n’est pas seulement sur le plan économique ou commercial.

Le 28 août à Chendgu, dans la province du Sichuan (Centre-Sud), s’est tenu un forum regroupant les médias de plusieurs pays pour débattre de la coopération. L’objectif en était de faire entendre une voix alternative dans le traitement de l’actualité des grands sujets mondiaux. Même si la tribune ne s’est pas dressée contre un ennemi désigné, les communications entendues au cours de ce rendez-vous proposaient que, de quelque pays qu’ils soient et devant les incertitudes de l’heure dans les relations internationales, les médias se professionnalisent davantage en restant plus proches des faits, en travaillant à l’avènement d’un environnement apaisé.

D’autant plus qu’ils jouent un rôle déterminant au regard de la place que leur confèrent les instruments mis à leur disposition pour toucher la société humaine : radio, télévision, journaux, internet, etc. Cette rencontre organisée à quelques jours de l’ouverture à Beijing, capitale du pays, du forum sur la coopération Chine-Afrique (Focac) en présence des dirigeants des deux parties n’a pas manqué de suggérer aussi une volonté de communication destinée à polir davantage l’image d’une Chine communiste qu’une certaine opinion, sous d’autres cieux, accuse de restreindre les libertés publiques. Evidemment que les autorités chinoises, attachées à la stabilité de leurs institutions, savent à peu près où se trouvent les intérêts de leurs compatriotes.   

Le temps des deux événements, des centaines d’invités venus de partout ont foulé le sol chinois, échangé et touché du doigt les réalités du pays. L’une d’elles est que, dans sa coopération avec l’Afrique, sous réserve de quelques dysfonctionnements inhérents aux relations bilatérales entre Etats, des actes concrets ont été posés en matière d’infrastructures de base, de formation et d’assistance. En l’occurrence, la 9e édition du Focac a eu pour point d’orgue l’annonce par Beijing de l’octroi à l’Afrique de 45 milliards d'euros destinés à renforcer les échanges dans les domaines des infrastructures et du commerce.

Il est donc aussi question de business et les nombreuses sociétés chinoises présentes sur le continent imposent que les gouvernements africains mesurent la pertinence des partenariats établis, de façon à en tirer les profits pour leurs peuples. Il s’agit de tout temps, avec les investisseurs étrangers d’où qu’ils viennent, de considérer le lien entre la quête du développement et la préservation de la souveraineté.

Repères séculaires

L’on pourrait croire, au regard de ces presque contes de fée sur le « miracle » chinois et la place grandissante de la Chine sur la scène mondiale, que le pays a renié son passé ou l’a échangé contre les irrésistibles attraits du présent. Eh bien, non ! Avec son un milliard et demi d’âmes, la Chine reste fidèle à son histoire, à sa culture millénaire et en récite des pans à ses visiteurs quand l’occasion se présente.

Des musées d’art, de lettres et de peinture aux cavernes des penseurs des siècles lointains, des temples bouddhistes aux rites des ethnies multiples, entre repas souvent ritualisés, guides enthousiastes et interprètes appliqués, globalement jeunes, vous tiennent en haleine des heures entières. Et c’est tout aussi vrai que le nom de cette graminée lui va bien : le bambou de Chine. Des ouvriers et leurs maîtres vous en font voir de toutes les fibres au musée qui lui est dédié : meubles de qualité, bijoux, sac à main, chaussures, papier hygiénique, le bambou est tout aussi riche que l’Okoumé de la forêt équatoriale.

Santé et sport

Un détour par la base d’entraînement sportif de Kunming Haigeng, dans la province de Yunnan (Sud), vous surprend en admiration devant des jeunes enfants, filles comme garçons, initiés pendant leurs vacances scolaires par des grands-maîtres à la pratique des arts martiaux dont la Chine a le secret. Par ailleurs, les installations olympiques haut de gamme expliquent sans doute les performances des athlètes chinois dans toutes les compétitions internationales. Mais le pays est aussi fier de ses réserves de Pandas, ce mammifère estimé et célébré en lien avec les engagements environnementaux de Beijing. Le Sichuan en abrite l’une des plus importantes visitée par de nombreux touristes et des personnalités étrangères de premier rang qu’une exposition photos immortalise si bien.

Quand cet ensemble se marie harmonieusement avec la recherche et le développement dans les secteurs porteurs de l’agro-industrie, de l’architecture, des ponts et chaussées, de l’horticulture, des transports ferroviaire, automobile et aérien, de l’intelligence artificielle, de la téléphonie mobile et du numérique, il y a lieu de tirer un enseignement qui n’est pas de la flagornerie : quand il se lève et se couche en Chine, le soleil apporte chaque jour quelque chose de nouveau à ce pays à la mémoire immense, qui sait d’où il vient, avec un peuple toujours au travail.

Même si en bientôt 75 ans de la fondation de la République populaire de Chine, le 1er octobre 1949, tous les problèmes sont loin d’être résolus, même s’il arrive que la connexion internet vous joue des tours quand vous n’avez pas pris les précautions nécessaires, nul ne peut arrêter un peuple converti au travail.

Gankama N'Siah

Légendes et crédits photo : 

1- La photo de famille au terme de la visite au musée du bambou / Adiac 2- Des touristes autour d'un temple du Bouddha/ Adiac 3- A la base d'entraînement sportif de Kunming/ Adiac

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