ONG : pour ne plus mourir dans l’indifférence

Lundi 2 Décembre 2013 - 18:57

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La société civile italienne milite pour que les clandestins ne soient plus désormais enterrés dans l’anonymat

L’intiative concerne les dizaines d’immigrés clandestins qui tentent chaque année de franchir les portes de l’Europe par un débarquement sur les côtes italiennes. Lampedusa, dans l’île de Sicile, est devenue emblématique de ce drame depuis la mort par noyade le 3 ocobre dernier de plus de 300 originaires d’Afrique sub-saharienne. Hommes, femmes et enfants qui meurent dans de telles conditions sont généralement enterrés dans des fosses communes.

Mais une Italienne s’insurge contre une telle situation. Le Dr Cristina Cattaneo estime que « ces nombreux désespérés qui meurent en poursuivant un rêve de bien-être » méritent d’avoir un nom sur leur tombe. Ce serait les condamner à une mort double si, en plus de perdre leur vie, ils devaient aussi disparaître dans l’anonymat, soutient-elle. Son idée est de partir de son laboratoire de médécine légale Labanof, à Milan, pour constituer une banque de données géante européenne de toutes les personnes qui perdent ainsi la vie sans possibilité d’identification parce que souvent sans papiers.

La science génétique ayant évolué, les corps que rejete la mer peuvent faire l’objet d’un rapide prélèvement de DNA, qui sera ensuite confronté au patrimoine génétique de parents pleurant leur fils disparu dans une telle aventure. Cela permettrait d’identifier avec certitude qui était qui, et de permettre aux familles de faire leur deuil à défaut de leur restituer les corps des défunts. L’idée a été positivement accueillie par des organismes comme la Croix-Rouge internationale et la Croix-Rouge italienne.

Une organisation, la Fortress Europe, indique que depuis 1988 ce sont 19.372 personnes qui ont perdu la vie en tentant de franchir illégalement les frontières de l’Europe et sur lesquelles on n’a aucune indication même de la plus simple origine. L’organisation base son estimation sur les seuls relevés des services sanitaires en Espagne, en France, à Malte, en Grèce et au Portugal. Mais, affirme-t-elle, les nombreux corps repêchés en mer ou retrouvés sur le littoral italien, de loin le plus meurtrier parce que le plus visé par les clandestins, restent inconnus.

Lucien Mpama