Pape, vous demandez pardon ? Nous ne vous l’accordons pas !Mardi 25 Août 2015 - 15:35 La vieille rancœur entre catholiques et protestants est longue à mourir ; elle se joue dans une version nouvelle. C’était le 22 juin dernier, dans un temple protestant de Turin, au nord de l’Italie. Réunis en Synode, les protestants de la Table Vaudoise, branche protestante qui a surtout prospéré en Suisse (dans le canton de Vaud, d’où le nom) avant de gagner d’autres parties du monde, accueillaient le chef de l’Eglise catholique, le pape François. La démarche était historique. Même si les relations de fraternité entre les deux Eglises se sont apaisées au fil des siècles, les traces du passé ne manquent pas de se manifester de temps en temps surtout côté protestant. Et pour cause ! Née au 12 siècle, l’Eglise vaudoise fut l’objet d’une féroce répression de la part de l’Eglise catholique ; pourchassée et aurait été anéantie si elle n’avait franchi les montagnes des Alpes pour se réfugier dans le canton suisse. C’est pourquoi la venue dans leur temple d’un chef catholique ce 22 juin 2015 représentait vraiment un événement d’importance. D’autant que le pape François était porteur d’un message fort : « De la part de l’Église catholique, je vous demande pardon pour les attitudes et les comportements non chrétiens, et même non humains, que, au cours de l’Histoire, nous avons eus contre vous. Au nom du Seigneur Jésus-Christ, pardonnez-nous ». Une humilité de Souverain pontife qui avait été accueillie avec émotion sur le champ, mais qui attendait une réponse officielle de l’Eglise vaudoise. Celle-ci est venue ce mardi 25 août. « Cher pape, nous sommes émus mais nous ne pouvons pardonner à la place d'autres, parce que nous ne sommes pas ceux qui ont subi les violences, mais ce sont nos ancêtres. Au maximum, nous pouvons démarrer avec Vous et Votre Eglise un chemin nouveau », expliquent les hiérarques vaudois dans une lettre officielle. Ce refus ne ferme sans doute pas la porte à tout autre développement, mais il a frappé de stupeur maint observateur vaticaniste qui s’est étonné qu’un geste de fraternité aussi ample soit repoussé du bout du pied. Pourtant les Vaudois expliquent : « cette nouvelle situation ne nous autorise pas à nous substituer à ceux qui ont payé de leur sang et avec d'autres souffrances leur témoignage à la foi évangélique, et à pardonner à leur place ». Position terrible qui en a précisément atterré plus d’un côté catholique. Pourtant, même ce 22 juin-là à Turin, les protestants présents à la cérémonie n’avaient pas fait mystère de la persistance chez eux d’un déplaisir nourri par d’autres gaffes historiques et théologiques catholiques récentes. Le pasteur Eugenio Bernardini, actuel président de la Table Vaudoise, avait « gentiment » fait le reproche au pape que l’Eglise ait persisté dans l’erreur. Au Concile œcuménique Vatican II, dans les années 1960, l’Eglise catholique a défini les Vaudois comme une « communauté », là où les attendaient leur reconnaissance en tant qu’ « Eglise ». Les malentendus entre religions se sont nourris aussi de sémantique ! Lucien Mpama Notification:Non |