Petites escapades dans Brazzaville : Moukondo-Mazala

Les transports publics et privés font ce travail immense de relier les quartiers de Brazzaville les uns aux autres avec l’équation compliquée de l’état des routes et de leur nombre insuffisant pour une population de plus en plus grandissante. Le trajet Moukondo-Mazala est un grand classique de cette problématique : ne jamais mettre une course de Moukondo-Mazala dans un emploi du temps serré.

Les embouteillages y sont monstrueux aux heures de pointe, à l'aller comme au retour, malgré la déviation principale aux bifurcations multiples et donnent à voir les maisons typées de l’Office congolais de l’habitat, un ilôt d’habitations identiques dans un paysage clairsemé.

Moukondo et son très célèbre rond-point Mazala bouillonnent d’une vie qui informe presque sans parler sur la nécessité de délocalisation des services privés et étatiques vers la périphérie : la ville devient grande.

En quelques brèves années, Moukondo-Mazala est devenu un grand centre d’affaires avec son marché, certes, en bord de route mais nécessaire et indispensable. La vie ici n’est pas chère, en tous cas ne l’était pas avant la guerre en Ukraine. La seconde main y est reine et cela facilite la vie. Les filles de Moukondo sont stylées; elles ont l’œil pour répérer les bonnes affaires. Aller dans un magasin huppé serait de la folie lorsqu’en comparaison, elles pourraient tripler leurs achats sur les étals en fer recyclé des vendeurs ingénieux ou à même le sol, et pourquoi pas en boutique mais toujours sur le même principe : celui de la seconde main.

On ne pourrait pas parler de Mouk’s sans faire un clin d’œil à l’école qui a marqué et fait son histoire : l’Ecole supérieure de gestion et d’administration des entreprises, qui fut à ses premières années et l'est aujourd’hui encore le rendez-vous de tous les bacheliers qui ne se projettent ni à l’université publique ni à l’étranger ou pour faire la transition entre les deux.

Quartier populaire, Mouk’s n’en oublie pas d’être stylé pour autant. Son centre commercial, qui trône sur le rond-point Mazala, maillon d’une enseigne de centres commerciaux bien connue à Brazzaville, est le signe qu’une délocalisation bien organisée du centre vers la périphérie peut permettre à Brazzaville de respirer et aux voitures de circuler, tout en proposant aux Brazzavillois qui s’éloignent du centre pour des raisons d’expansion de la ville de bénéficier de la même qualité de services que ceux qui y restent.