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Portrait : 1001 vies de Savhana MaksaneJeudi 22 Juillet 2021 - 19:30 Princesse, voleuse, sergent-chef, english’ student, restauratrice, interprète, actrice culturelle, présentatrice de journaux télévisés, slameuse, manager, professeur à l’université... Les étranges vies de Savhana Maksane.
Pas le temps d’épiloguer, il faut pitcher sans plus de détails. Alors on pitch : un grand-père hautement installé dans la classe politique congolaise qui fait de Savahana une petite princesse cousue d’or et d’argent, des vols Air-Afrique pour d’incessants allers-retours entre Brazzaville et Paris, un jeune frère dont elle aura la charge en l’absence de son père et d’une mère hospitalisée, le grand-père acariâtre, victime d’un arrêt cardio-vasculaire venu faire régner sa loi à la maison et dont elle doit aussi s’occuper. Et puis ce soir de colère de ce même grand-père qui met Savhana, qui n’a que 14 ans, et son jeune frère Willy, à la porte de la maison familiale, proche du métro Gambetta. « Le métro et la rue étaient devenus mon toit. Willy et moi nous dormions dehors et je volais dans les magasins parisiens pour manger, cela a duré jusqu’au jour où Bienvenu, un vigile congolais, m’ayant surprise à voler s’est apitoyé sur notre sort et nous a hébergés », a-t-elle raconté sans amertume dans la voix. A contrecœur, il faut lâcher quelques épisodes pour retrouver Savhana, même pas 15 ans, admise au concours de l’Ecole militaire française dans le département des Yvelines. Affectée aux télécommunications, elle y poursuit ses études, trouve un cadre de vie, une nouvelle famille et reste dans l’armée six années durant pour finir sergent-chef ! Son stage de fin de formation l’amène à Colchester, en Angleterre. « J’avais une vingtaine d’année, c’est à Londres que j’ai mené ma révolution personnelle en tant que jeune fille black qui cherchait à s’émanciper, j’ai travaillé dans la restauration, me découvrant une passion pour la cuisine. J’ai continué en parallèle mes études et j’ai obtenu un master en art et communication », a rembobiné Savhana. A l’aise dans la langue de Shakespeare, Savhana sert aussi d’interprète à des réfugiés congolais fuyant la guerre de Brazzaville, c’est dans ce contexte qu’elle fait la rencontre d’un avocat originaire de la Sierra Leone qui deviendra son mari et à qui elle fera deux beaux enfants ! Années de bonheur que vient rompre l’accident mortel de son mari ! « Je suis alors rentrée en France, c’était en 2010. Je suis d’une nature battante et je l’ai forcée un peu plus en oeuvrant dans l’association Unité Urbaine en faveur de la jeunesse des banlieues où l’on faisait beaucoup de rap. Je suis devenue également la journaliste du JT pour Télé-Sud, j’ai fait pas mal de choses en fait, sans jamais baisser les bras », a-t-elle dit d’un ton qui traduit son caractère de femme battante. Chanteuse mais aussi slameuse, Savhana Maksane a rejoint en 2012 son pays d’origine, où après avoir fondé le cabaret Slam Chez DuParis, le temple du slam à Bacongo, elle enseigne le cinéma à l’Université Marien-Ngouabi. Elle est également de tous les combats dès qu’il s’agit de culture, manageant entres autres l’artiste Bordas Tikulu. Si Savhana n’a pas encore clos le livre de sa vie, elle force déjà l’admiration. Philippe Edouard Légendes et crédits photo :Savhana Notification:Non |