Comment avez-vous eu l’idée de créer France-Mayanama ?
L’association France-Mayanama est née en juillet 2012, mais j’avais auparavant un long passé associatif. J’ai été l’inspirateur en 1991-1992 de l’association des étudiants de Rouen et en juillet 2003, le co-fondateur de l’association du Mont-Kanga qui a pour but de mettre fin au désert médical existant entre Madingou et Boko-Songo. Nous avons inauguré, le 8 mars 2014, avec cette association, un centre de soin de santé primaire à Mayanama. En juillet 2012, j’ai eu l’idée de créer France-Mayanama avec pour objectif de créer des ponts avec les intelligences du monde occidental au profit de cette localité rurale à laquelle nous souhaitons donner une visibilité, mais aussi à l’ensemble du Congo. Nous faisons venir au Congo des bénévoles européens qui apportent leur expertise et leurs compétences. Mais nous allons également faire appel à l’avenir aux compétences congolaises de la diaspora et dans ce pays béni des dieux qu’est le Congo.
Quelles sont les actions que vous avez pu mener avec France-Mayanama ?
Je suis parti du constat que pour pouvoir développer des projets viables dans le pôle rural de Mayanama, il fallait que cette localité ait accès à l’eau et à l’électricité. Nous avons donc initié des études sur le potentiel en énergies propres de la localité de Mayanama. L’an dernier, deux français : Bernard Malherbe, ingénieur chez Électricité de France (EDF) et Eléna Bonnivard, ingénieure en hydroélectricité dans l’entreprise Hydrostadium, filiale d’EDF, ont procédé à des relevés sur les rivières Kimbenza et Nkenké. Nous avons également mis à jour une chute d’eau, connue seulement des populations locales à des finalités de pêche ou d’agriculture, la Nkonka, qui permettrait à Mayanama d’avoir accès à l’électricité. Un travail de suivi des études réalisées est fait en lien avec le ministère de l’Énergie du pays. En octobre prochain, une mission eau potable, avec l’association Recycl’eau présidée par Armand Alary, permettra le lancement d’un projet pilote de phyto-épuration, c’est-à-dire de traitement de l’eau par les plantes. Il s’agit d’une méthode écologique, innovante et économique puisque l’on ne recourt pas à l’utilisation de produits chimiques.
Préparez-vous également une mission pour cet été ?
Cet été, nous lançons une mission santé en partenariat avec la faculté de médecine de Paris 7, ainsi que les hôpitaux Bichat et Lariboisière. En effet, Les murs et les appareils médicaux ne font pas un hôpital : il faut des médicaments, un personnel qualifié, des mises en réseaux avec d’autres structures médicales, etc. Nous allons bénéficier de l’expertise de futurs médecins français qui vont séjourner près d’un mois à Mayanama et prodigueront des soins dans cette localité, mais aussi à Nkayi, Madingou, dans le district de Boko-Songo et la zone des plateaux Badondo, près de la frontière avec la RDC. Une infirmière du groupe pharmaceutique Sanofi-Aventis se joindra également à eux. Ils vont travailler avec les équipes locales sur le terrain. Un court métrage tourné par les étudiants français rendra compte de cette mission. Pierre Ngolo, que j’ai pu rencontrer lors de son passage à Paris, s’est montré sensible à ce projet et j’ai pu l’alerter sur le hiatus existant entre les projets initiés par la diaspora et l’absence de l’État congolais pour les accompagner. Nous sommes également en contact avec Édith Itoua, la responsable du Département des Congolais de l’étranger, pour apporter notre expertise dans les domaines de l’ingénierie, de la santé et des énergies propres dans les départements de la Cuvette, du Niari et de la Bouenza.
Vous avez également en projet la création d’une bibliothèque et d’un collège ?
Oui, nous souhaitons également accompagner les jeunes du pôle rural de Mayanama au point de vue intellectuel, qu’ils soient reliés à l’espace monde via internet et accéder ainsi au savoir. Fin 2012, grâce à la mobilisation des élèves du lycée d’Enghien-les-Bains où j’enseigne les sciences politiques, une petite quantité de livre a été envoyée de France pour enrichir le fonds de la bibliothèque. L’entreprise française Saint-Gobain a fait un don d’ordinateurs qui serviront pour la bibliothèque, avec lesquels nous allons faire dès cet été un stage d’initiation à l’informatique pour les cadres médicaux et les autres cadres de l’administration. Mais à ce jour, la bibliothèque n’a pas de bâti. Nous voulons à terme donner un collège et un lycée au district de Boko-Songo qui malgré sa population de 12 000 à 13 000 habitants n’a pas de lycée, ce qui est une anomalie en termes d'aménagement du territoire.