Quai d'Orsay : l’amiral Marin Gillier quitte son poste à la tête de la Direction de la coopération de sécurité et défenseLundi 20 Juin 2016 - 17:38 A la tête de la Direction de la coopération de sécurité et de défense (DCSD) du Quai d’Orsay depuis le 1er août 2013, le vice-amiral Marin Gillier va quitter son poste dans les prochains jours. L’amiral Marin Gillier est le premier marin à prendre la tête de cette direction aidant les Etats qui souhaitent renforcer leurs institutions en matière de sécurité et de défense à gagner en autonomie. Mais l’un des objectifs la DCSD, depuis sa refonte en 2008 est né du livre blanc. Il s’agit de recentrer la coopération autour des problématiques maritimes (sécurité maritime), mais dans un continuum sécurité-coopération, et d’aller vers le multilatéralisme, notamment par la coordination et la synergie des actions à travers une approche multisectorielle. Marin Gillier en charge d’intégrer la sécurité maritime parmi les priorités de la DCSD Durant ses trois années à la tête de la DCSD, Marin Gillier a intégré dans le vaste domaine de la sécurité maritime: la piraterie maritime; la lutte contre les trafics de drogues et d’êtres humains; la protection des richesses halieutiques ou pétrolières et de l’environnement des pays partenaires dans la DCSD. Grâce à ce travail, plusieurs pays de la Cédéao auront bénéficié du soutien de la direction la coopération de sécurité et de défense, dans le développement de leur action en mer ; ceux du Golfe de Guinée de projets d’ « Appui au renforcement de la sécurité (Asecmar) », et d’une aide à leur restructuration. Ce fut le cas du Gabon, de la Côte d’Ivoire. « Les menaces ne s’arrêtant pas aux frontières », l’amiral Marin Gillier a pensé que ces pays doivent partager les informations de leurs administrations respectives. Ce qui se s’est soldé par le sommet de Yaoundé de juin 2013 où 13 pays africains ont convenu de mutualiser des informations et des moyens, en vue de garantir la sécurité maritime dans le golfe de Guinée. Présentation globale de la DCSF Mais c’est lors de son audition par la commission de la défense nationale et des forces armées, de l’Assemblée nationale, le 5 février 2014, soit un an après sa prise de fonction, l’amiral Marin Gillier expliquait l’objectif global de la DCSD : « mettre en place, renforcer et pérenniser les capacités régaliennes aux menaces et prévenir les crises et, plus générale, afin d’accroître leur stabilité ». Puis, il présentait les modes d’action de la coopération structurelle de défense française, dont « l’approche est traditionnellement bilatérale : conseil auprès des hautes autorités civiles et militaires du pays, formation de cadres, formations techniques spécifiques, par exemple dans le domaine de la police scientifique et technique ». Dans le cadre de la coopération avec les Etats africains, il s’agit d’une autre approche, plutôt multilatérale, par la mise en place des écoles nationales à vocation régionale (ENVR – 17 écoles ) dont certains dispensent des enseignements généraux. C’est le cas de l’école de guerre de Yaoundé au Cameroun, le centre d’Ouidah au Bénin. A cette approche on peut associer d’autres outils de coopération comme les projets du fonds de solidarité prioritaire (FSP) ; le programme Asaca (Appui à la sécurité de l’aviation civile en Afrique), chargée de la lutte contre l’utilisation de l’aviation civile par les terroristes, dans 22 pays africains. Ainsi qu’un rapprochement avec l’Union africaine (UA) et les organisations sous-régionales Africaines, l’Union européenne (UE) et l’Onu. L’Amiral Marin Gillier a toujours insisté sur les priorités de la DCSD, géographique avec le Sahel ; thématique avec la lutte contre le terrorisme et contre les trafics frontaliers, et à long terme avec « vocation d’installer des institutions pérennes ». Contribuer à l’extension de l’influence de la France dans le monde L’amiral Marin Gillier a toujours rappelé le rôle traditionnel de la DCSD, « contribuer à l’extension de l’influence de la France dans le monde en favorisant, par exemple, l’apprentissage du français en interne en relation avec la Francophonie, le développement des méthodes d’apprentissage du français en milieu militaire et en milieu sécuritaire, puis avec l’Onu ». L’objectif étant la promotion de la langue française, la formation des contingents, l’organisation des séminaires internationaux. Les actions de la France au Mali , en Centrafrique et en Afrique en général Le patron de la DCSD a lié l’échec de l’action de la France au Mali, - moins en Centrafrique - à une série de causes. La première série serait liée aux « Etats eux-mêmes, effondrés à cause parfois à un fort clientélisme et à une corruption généralisée, un manque de volonté politique, la faiblesse des administrations » ; sur le plan politique, à cause du gain du radicalisme. La deuxième série de cause serait la faiblesse des forces armées dans les pays concernés, la défaillance d’une gestion des ressources humaines, la rupture du lien entre l’encadrement et le basses, « les officiers généraux vivant dans l’aisance alors que les troupes manquaient de tout », des armées faites « de bric et de broc », un matériel hétéroclite, un manque d’entretien et d’action opérationnelle cohérente, une faible combativité liée aux cultures de certaines populations. On peut y ajouter des insuffisances dans l’assistance internationale, le manque de coordination de l’aide internationale, la « gabegie » dans la gestion du matériel. Ce qui a donné lieu à la conception d’une méthodologie avec deux points forts. Le premier consiste à « prendre les Africains aux mots » en « répondant exclusivement à leur sollicitation » ; le deuxième consiste en l’envoi de spécialistes dans les pays pour les aider à « bâtir ce dont ils ont besoin mais sans agir à leur place », en bénéficiant des conseils pour s’approprier les actions et les adapter aux réalités du terrain, « à condition qu’ils s’engagent à fournir des moyens matériels, humains et financiers ». L’autre point est la priorité à l’approche internationale, Marin Gillier étant moins « intéressé à la Françafrique », et ouvert à une coopération en direction de l’Afrique anglophone, lusophone et arabophone. Il a rappelé les différentes actions de la France en Afrique, dont le Sahel et la lutte contre le terrorisme et le narcotrafic ; le golfe de Guinée et la sécurité maritime, la consolidation de la démocratie ; l’Afrique du Nord et le terrorisme, la migration clandestine, la bonne gouvernance ; et enfin l’Afrique de l’Est avec la sécurité maritime et le renforcement des capacités de maintien de la paix. « Le point commun avec l’action des forces armées françaises, c’est que notre objectif est de renforcer les Africains, et non de tout faire à leur place, fin que, à terme, ils soient capables de gérer eux-mêmes leurs crises et que nous n’ayons plus qu’à leur prêter appui », a expliqué l’amiral Marin Gillier. Il reconnaît que le sommet de l’Elysée sur la sécurité en Afrique aura été déterminant pour « donner un cadre politique, une visibilité internationale et une légitimité », et permis de relancer la « dynamique partenariale » avec l’Europe, l’Onu, etc. L’amiral Marin Gillier est né le 27 novembre 1957. Noël Ndong Notification:Non |