Révolution du numérique : l’Afrique bloquéeJeudi 10 Octobre 2013 - 17:31 La forte dépendance du continent africain au satellite contribue à maintenir les prix à leur niveau les plus élevés, à freiner le taux de pénétration d’Internet dans les villes et à empêcher le développement de la fibre optique, quoique les infrastructures nationales soient construites dans la plupart des pays connectés dont la RDC. Il s'agit d'un processus de longue haleine. Aussi doit-il nécessairement se poursuivre, d’autant que les études se multiplient pour pousser l'Afrique à ne pas s’arrêter en si bon chemin. En effet, le dernier rapport de la Broadband commission for digital development (initiative commune de l’Union internationale des télécommunications et de l’Unesco) a révélé les effets positifs sur le développement durable de l’adoption sans délai du haut débit. Cette étude réalisée dans 183 pays a l’avantage de dégager des perspectives d’avenir s’étalant sur les quinze prochaines années. En dehors de l’aspect lié au développement durable, d’autres effets sont identifiés, notamment sur le plan économique. « Le haut débit, signe d’une bonne santé du secteur TIC, améliore le produit intérieur brut des États, participe à la création de nouveaux emplois, augmente la productivité à moyen terme parce qu’elle réduit la mobilité », indique le rapport. Les auteurs du rapport ont fait état aussi d’autres avancées à projeter au cours de la même période, principalement sur les volets du social, de la santé, de l’agriculture et de l’environnement. Pour le reste du processus, le rapport appelle les pays nouvellement connectés à la fibre optique à des mesures indispensables : « L’amélioration de l’accès au haut débit et la réduction des tarifs, le développement d’une vision stratégique de développement durable, la meilleure régulation du marché des TIC, la négociation des partenariats TIC, et l’optimisation des fréquences ». Ces recommandations viennent conforter l’avis généralement admis par les experts sur l’incapacité de développer l’usage de l’Internet en Afrique par le seul déploiement des infrastructures. Il faut des mesures d’accompagnement pour éviter la paralysie. Les changements majeurs attendus devront tourner autour d’une meilleure implication du secteur privé dans la construction et la gestion des réseaux en fibres optiques. Il faut aussi songer à pratiquer les prix les plus bas, et à adapter l’arsenal juridique aux contextes locaux. Bien entendu, il doit exister un volet "formation" pour le renforcement de l’usage du numérique dans les écoles et universités. Le plus gros défi sera surtout d’intégrer pleinement les sociétés africaines dans l’ère du numérique. Laurent Essolomwa |