Robinson Solo : « Prendre la vie du bon coté c’est juste croire en soi, lutter, et ne pas baisser les bras »

Dimanche 16 Novembre 2014 - 19:30

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Vissage radieux, nouveau style vestimentaire, une nouvelle ère pour Robinson Solo. Plus mature et plus sûre d’elle, Robinson Solo a résolu de faire table rase avec son passé. Une décision difficile mais qui lui réussit à en croire les critiques de ses dernières compositions. Rencontre.

L’enfance de Robinson Solo n’est pas rose. Ballottée entre le désir de ressembler à sa sœur qui est morte et celui de panser les douleurs de sa mère  affectée par la disparition de sa fille, Robinson, encore très jeune, est rapidement propulsée au rang de l’aînée de famille alors que ses deux frères aînés ne pouvant supporter la disparition de leur sœur et le divorce inopiné de leurs parents quittent la maison. Voila campée en quelques mots l’histoire de Robinson qui, pendant longtemps devient l’ombre de sa sœur. « À la mort de ma sœur,  je me suis retrouvée en première position parce que mes deux grands-frères ont quitté la maison. Ils  n’avaient pas supporté la disparition de ma sœur, puis la séparation de mes parents. Je suis devenue l’aînée malgré moi avec mes deux cadets à mes basques », a fait savoir l’artiste qui a longtemps revêtu le fantôme de sa sœur pour réconforter sa mère. « C’était la seule manière que j’avais trouvée pour alléger la souffrance de ma mère qui m’identifiait à ma sœur », a indiqué la jeune fille.

Une période trouble pour la jeune fille et sans s’en apercevoir, elle s’enferme dans sa bulle, devient agressive. Et pour couronner le tout, elle adopte un look typiquement masculin. « J’ai grandi dans une famille peuplée de garçons. Depuis mon enfance, je n’acceptais pas ma féminité. Les autres aussi me voyaient ainsi parce que j’étais agressive. » , a expliqué Robinson Solo qui avoue : « Ce coté garçon m’a vraiment aidée et a fait de moi ce que je suis devenue aujourd’hui : une fille battante. » Si son entourage lui reproche d’en faire trop, elle déclare : « Je me sentais bien dans mes Jean et basket et en plus je me sentais en sécurité. Mais c’est vrai aussi que je suis une femme  et il fallait bien que je m’assume en tant que telle », a dit la jeune fille qui a renchéri sitôt : « Mais cela ne veut pas dire que j’ai mis au placard mon coté garçonnet, ce  coté masculin m’a aidée à m’imposer, il a participé d’une façon ou d’une autre à faire de moi ce que je suis aujourd’hui », a fait noter Robinson qui nous confie : « J’ai mi du temps dans cet état et un jour j’ai eu envie de mettre ma féminité en valeur. C’est arrivé, je suis mixte, je dois m’accepter en tant que fille  et cela ne m’empêche de remettre mes baskets et mes Jeans. »

Mais ce changement s’est fait avec l’acceptation de sa personne en décidant de laisser partir le fantôme de sa sœur  qui l’a longtemps hantée. Une véritable thérapie pour cette jeune femme. « J’avais le fantôme de ma sœur en moi, je l’avais dans la peau, dans la tête, je  me sentais elle. Ce vol d’identité m’a rendue énormément service.  Mais je sais à présent que je ne peux continuer à vivre dans l’ombre de ma sœur. Il fallait que je me démarque d’elle. Il fallait que je la laisse partir. En la laissant partir, j’ai aussi rendu service à ma famille, je suis libre désormais de vivre  et de penser à moi. Je pense que c’est ce que ma sœur aurait voulu, que  je vive ma vie », avoue Robinson, la voix enrouée et pleine d’émotion. Une thérapie qui lui réussit sans aucun doute puisque ses nouvelles compositions, plus matures et plus accrocheuses, parlent de tout (environnement, rêves, colères et souhaits). Parfois sentimentaliste, revendicative, sombre, triste, mais des notes suivies de messages d’espoir. « C’est dans mon vécu que je puise mon inspiration. Mes textes ne sont pas spécialement fleur bleu, ou féministes. Mon écriture est mixte.  C’est un mélange de tout : de mes humeurs, de ce que j’attends, de ce que j’espère, bref de ce que je vis », a déclare la jeune femme qui vit  pleinement sa vie dans sa nouvelle peau.

Aux oubliettes, les années de deuil, aujourd’hui la jeune arbore un nouveau look et semble plus sûre d’elle car Robinson a enfin décidé de tourner la page. « Il suffit de prendre la vie du bon coté . Et c’est quoi le bon côté de la vie ? C’est juste croire en soi, lutter, ne pas baisser les bras. Et ce qui m’attend demain est meilleur. Tout simplement vivre et profiter de ce que la vie offre,  ne pas fuir la réalité, lutter contre tous les vents et marées. C’est ce que j’ai fait, car longtemps j’ai fui la réalité. J’ai même changé mon identité », explique Robinson, concluant : « j’ai compris que partir n’est pas une solution mais il faut plutôt affronter la réalité. Aujourd’hui  je regarde devant moi, je ne m’écarte pas de ma voie et voilà le fruit de ce combat. J’ai fait un feed-back, j’ai revu page par page, souligné mes erreurs et me voici en communion avec mon destin. »

 

 

Annette Kouamba Matondo