Santé/Afrique : Moderna va construire une usine de fabrication de vaccins à ARN messager

L'usine devrait produire 500 millions de doses de vaccin par an, y compris pour la covid-19. Il s'agit de la première annonce par un producteur de vaccins covid-19 de fabriquer entièrement une substance vaccinale à ARN messager en Afrique, marquant une victoire pour ceux qui poussent à augmenter la fabrication locale à la fois de vaccins covid-19 et de technologies d'ARN messager plus largement sur le continent. Seulement 4%  de la population africaine est entièrement vaccinée contre la covid-19, une lacune largement imputée à la dépendance des pays vis-à-vis des doses provenant de l'étranger. En juillet, Pfizer et BioNTech ont signé le premier accord pour la production de vaccins à ARN messager covid-19 sur le continent, avec une société sud-africaine pour gérer la fabrication. Mais cet accord ne concernait que le processus de « remplissage et de finition », qui consiste à mettre la substance vaccinale. 

Quid de l’indépendance vaccinale

Selon Médecins sans frontières, cet arrangement n'aide pas l'Afrique à « atteindre l'indépendance vaccinale ». Moderna a annoncé son intention d'investir 500 millions de dollars dans l'installation. « Alors que nous travaillons toujours à augmenter la capacité de notre réseau actuel à fournir des vaccins pour la pandémie en cours en 2022, nous pensons qu'il est important d'investir dans l'avenir », a déclaré Stéphane Bancel, directeur général de Moderna. La société n'a pas précisé de date à laquelle l'installation pourrait être opérationnelle ni combien des 500 millions de doses seraient des vaccins covid-19. Les vaccins utilisant la technologie de l'ARNm auraient l'avantage d'être plus faciles à fabriquer et potentiellement plus efficaces que les autres types.

L'annonce intervient au milieu d'appels croissants pour que les sociétés pharmaceutiques partagent le savoir-faire technique pour produire des vaccins covid-19 afin d'aider à augmenter les approvisionnements pour les pays à revenu faible et intermédiaire, ainsi que la pression pour que davantage de pays soutiennent une dérogation à la propriété intellectuelle pour la covid-19, vaccins, traitements, tests et autres outils de santé. Elle n'implique pas de  transfert de technologie vers un fabricant existant sur le continent. « Cela ne résout pas nécessairement notre problème aujourd'hui », a déclaré le Dr John Nkengasong, directeur des Centres africains de contrôle et de prévention des maladies. « Le problème que nous devons résoudre aujourd'hui est un accès rapide aux vaccins », a-t-il ajouté. Les critiques ont également accusé que les dons de doses des pays à revenu élevé - y compris les vaccins Moderna - se sont écoulés trop lentement dans les pays à revenu faible et intermédiaire, avec de maigres fournitures rendant le déploiement national de vaccins difficile.