Théâtre: Roland Mahauden satisfait de la tournée sur Les Travaux d'Ariane

Lundi 24 Février 2014 - 17:00

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Au tarmac des auteurs, à la fin de la cinquième représentation de sa dernière création, le metteur en scène, s’est dit fier de la pièce 100% africaine, créée et répétée à Kinshasa avec une technique entièrement locale.

La tournée avait débuté au Burundi car, comme l’a expliqué Roland Mahauden, « c’est bien souvent là que se passent des choses abominables » et le concours d’Albinos sans frontières dont est membre Platini était appréciable. Les Travaux d’Ariane a été accueilli assez positivement aussi bien dans les centres des jeunes qu’à l’Institut français de Bujumbura. Après le Burundi, Bukavu, Goma et Kisangani, Kinshasa a connu à son tour sa dernière représentation le 22 février au Tarmac des auteurs à Kintambo. Si Roland s’est dit « fier du résultat », il n’en espère pas moins « une évolution positive de l’attitude à l’égard des albinos ».

Le but assigné, pense le metteur en scène belge, « est atteint » dès lors qu’un étudiant, par exemple, après avoir reconnu que la simple vue d’un albinos le poussait à changer de trottoir question d’éviter toute proximité se ravise sur sa façon de faire. La pièce Les Travaux d’Ariane ne parle pas que des albinos mais aussi de l’enfance, mieux il y est évoqué la question de la différence. Certes, comme l’a reconnu le metteur en scène, « les problèmes auxquels doivent faire face les albinos à Kinshasa ne sont pas aussi difficiles que ceux connus en Tanzanie et au Burundi », comme le décrie la pièce. C’est vrai que dans ces pays-là, il arrive qu’ils soient « assassinés ou mutilés, comme c’est dit dans le spectacle mais au-delà, il est question de différence et de l’attitude face à cette catégorie de personnes ». Sorte de mise en garde générale sur la différence axée sur cette problématique mais aussi à l’égard des enfants. Car, soutient-il, il existe malgré tout une certaine discrimination dans les Kasaï et en Province Orientale. Les handicaps au niveau de la vue et dermatologique s’ajoutent aux difficultés que rencontrent les albinos notamment pour trouver du travail.

Une question d’attitude

Les Travaux d’Ariane se joue entre deux drames. Celui du début a pour acteur Démokoussé qui, anticipant les moqueries de la société et les qu’en-dira-t-on, tue la fillette albinos que venait de mettre au monde Ariane l’étouffant sous un oreiller, et celui de la fin met Ariane au cœur de l’action, déroutée par ce geste, elle tue à son tour Démokoussé par étouffement en s’asseyant sur sa bouche. Pour le metteur en scène, Les Travaux d’Ariane est « un spectacle qui veut interroger le public et n’a pas la prétention de lui imposer son point de vue ». Les faits sont exposés de sorte qu’à la fin de la pièce, « le spectateur se pose la question : Quelle est mon attitude à moi vis-à-vis des albinos, de la différence ? » Une pièce qui emboîte le pas à Albinos sans frontières au Burundi ou à la Fondation Mwimba Texas en RDC pour l’intégration sociale des albinos et revendications pour leur accès aux soins.

Roland avoue avoir eu fort à faire pour l’adaptation de la nouvelle de Caya Makhélé Les travaux d’Ariane au théâtre. Les passages du coq à l’âne, il y en a pas mal, « des choses qui peuvent parfois paraître décalées » l’effort était « de créer des passerelles » pour la rendre plus digeste. En effet, il s’agit à la base d’un monologue auquel le metteur en scène a rajouté sa part de créativité en faisant accompagner Ariane, la comédienne kinoise Dada Kahindo, d’un albinos, le Burundais Platini, alias King Plata. Et l’incrustation dans le décor de photos de Patricia Willocq y mêle une note plus belle encore. « Le fait d’avoir suivi un chanteur albinos de talent sur scène ça apporte quelque chose de positif. Le spectacle n’est pas écrit tel qu’il est présenté, avec un personnage albinos sur la scène », son rôle étant de ponctuer les sentiments du personnage à des moments particuliers de la pièce. Mais encore, c’est lui qui en donne le ton au début et la note finale de manière assez joyeuse à chaque fois. Un plus pour le spectacle d’autant plus que le public est entraîné par le talent du chanteur.

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : King Plata chantant à la fin de la pièce Les Travaux d’Ariane au Tarmac des auteurs Photo 2 : Roland Mahauden entouré de Dada Kahindo et King Plata