Une BD à trois mains : "Les mystères de la terre pourpre"Samedi 16 Mai 2015 - 9:48 « Les mystères de la terre pourpre », a été présenté à l’hôtel de la préfecture le 24 avril dernier à Brazzaville. Une oeuvre collégiale conduite par les artistes Tima Ouamba, romancier, Valéry Badika Nzila Badikart et Roy Chanel Depoeck, tous deux bédéistes. Elle a donné naissance à une bande dessinée qui relate au plus près la cruauté de la guerre de 1997. « J’avais l’impression de vivre cette guerre dans ma chaire. Jour après jour, mes pensées allaient à l’endroit de ma famille, de mes amis et connaissances et, bien sûr, à l’endroit de tous mes compatriotes », a confié Tima Ouamba. Alors que les Congolais s’apprêtent à aller aux urnes l’année prochaine, Tima Ouamba, qui a dernièrement présenté son nouvel ouvrage à la presse, « Les mystères de la terre pourpre », n’a pas hésité un instant à replonger l’assistance composée en majorité des 20 ans au coeur du conflit socio politique de 1997, dont les conséquences abjectes demeurent autant imprégnées dans les esprits des Congolais. C’est donc une sorte de sonnette d’alarme que l’auteur tire afin d’exhorter les Congolais à ne plus choir dans les mêmes erreurs. Urnes ou changement de constitution ? Une question à laquelle Tima répond sans mettre de gants à la page 26 : « Il existe des exemples imminents de constituions n’ayant pas subi de révision depuis des décennies. Or cela n’empêche pas la génération actuelle d’être en phase avec celle-ci. Une constitution ne doit pas et ne peut être rédigée au profit d’une personne ou d’un groupe de personnes, mais pour le bien de tous et des générations futures. Posons de vraies questions, sans tabou et sans passion. Notre constitution est-elle adaptée à notre idéal de société ? ». Vendu à 3500 FCFA dans les librairies et quelques établissements scolaires de la place, cette BD de 59 pages, tirée du roman de l’auteur Terre pourpre, publié en 2007, nous livre un aperçu de la guerre civile de 1997, période sanglante qui a engendré la perte de plusieurs vies humaines. S’il est question de guerre dans cet ouvrage, l’auteur insiste pourtant sur les notions de civilité de paix et de réconciliation ; des valeurs qui permettront aux Congolais de résister devant toutes formes de tribalisme (commandité ou pas) afin de préserver la paix. Ainsi, au-delà de ce récit de guerre, ce sont aussi trois auteurs (Valéry- Badika Nzila Badikart, bédéiste, scénariste, et caricaturiste et enseignant aux Beaux arts de Brazzaville, Roy Chanel Depoeck, bédéiste et Tima Ouamba romancier) qui ont mis leur savoir faire en commun et fait fi de leurs différences. Résultat : ce magnifique ouvrage qui parlera davantage à la nouvelle génération. Sédiuite par la simplicité de la narration, Tsamoukounou Grace, en classe de Terminale C au lycée Anne Marie Javoueh, réagit : « Je suis née une année avant cette guerre et je n’avais vraiment pas d’informations sur cet horrible drame. Mes parents n’en parlent jamais. Je sais seulement qu’on s’était refugié dans le village de mon grand-père. J’espère seulement qu’on ne tombera plus dans les mêmes horreurs. Ce qui est sûr : je ne veux pas être séparée de mes amies. » Enfin, « Les mystères de la Terre pourpre » ne pouvait paraître à un moment plus opportun alors que le débat sur le changement de la constitution et sur les élections occupent les esprits des Congolais. Un ouvrage actuel et politique qui invite au débat politique. À méditer, ont proposé les auteurs, ces propos du Dalaï Lama qui disait : « C’est en parvenant à nos fins par l’effort, en étant prêts à faire le sacrifice de profits immédiats en faveur du bien être d’autrui à long terme, que nous parviendrons au bonheur caractérisé par la paix et le contentement authentique.»
Berna Marty Légendes et crédits photo :Le romancier Tima Ouamba; Crédits photo: DR Notification:Non |