Une nouvelle transition s'installe au Burkina FasoJeudi 17 Septembre 2015 - 20:00 Les militaires du régiment de la sécurité présidentielle sont passés à l’acte le 16 septembre en séquestrant le président de transition, le Premier ministre et quelques membres du gouvernement. Jeudi, ils ont annoncé dans la foulée la dissolution de toutes les institutions de la transition et la création d’un conseil national pour la démocratie, à la tête duquel est placé le général Gilbert Diendéré, ancien chef d’état-major particulier de l’ex-président Blaise Compaoré, évincé le 30 octobre 2014 à la suite d’un soulèvement populaire. Cette fois, la transition ne semble plus civilo-militaire telle qu’elle était mise en place il y a près d’un an, coiffée moitié par un civil, président de la République, moitié par un militaire, Premier ministre. Le tandem Michel Kafando- Issac Yacouba Zida ayant été éconduit manu militari, la nouvelle transition burkinabé timbrée Conseil national pour la démocratie (CND) sera peut-être fortement militarisée. Son chef, Gilbert Diendéré est un général réputé discret mais qu’on ne présente plus. Longtemps à l’ombre de Blaise Compaoré, surtout à partir de 1987, année de la prise du pouvoir par ce dernier, jusqu’à son départ forcé vingt-sept ans après, il est accusé par les opposants au coup de force d’avoir agi sous l’instigation de l’ancien président, exilé en Côte d’Ivoire. Ce que rejette le nouvel homme fort du Burkina Faso. Aussitôt l’annonce de la prise du pouvoir par les militaires burkinabés, les réactions sont venues de partout. Les Nations unies, l’Union africaine, l’Union européenne, la France et les Etats-Unis notamment ont invité ces derniers à libérer les dirigeants arrêtés et à rétablir les institutions de la transition. Dans le pays même, les organisations de la société civile tentent de se réunir pour, affirment-elles « défendre la démocratie et le pays en péril ». C’est également le message lancé le 17 septembre sur RFI par Cherif Sy, le président du Conseil national de transition pour qui : « le peuple burkinabé doit défendre sa liberté ». Des cas de violences sont signalés dans la capitale Ouagadougou et dans certaines localités du pays. Un couvre-feu a été décrété par les militaires de 19 heures à 6 heures du matin, tandis que les frontières terrestres et aériennes du pays sont fermées. Il faut craindre la poursuite des incidents au cas où les opposants au coup d’Etat étaient appelés à organiser des manifestations de rue comme ce fut le cas à la fin de l’année dernière, lorsque les débats étaient focalisés autour de la Constitution burkinabé. Rappelons que le Burkina Faso devait tenir l’élection présidentielle le 11 octobre afin de mettre un terme à la transition qui a suivi le départ du pouvoir de Blaise Compaoré. Des contradictions étaient cependant nées et se sont enracinées en raison de l’exclusion d’anciens collaborateurs du président déchu du processus électoral. Si d’aucuns pensent que ceci n’est qu’un prétexte pour justifier le coup d’Etat, d’autres observateurs considèrent que le régime de transition aurait dû intéresser l’ensemble de la classe politique aux scrutins électifs et ainsi tenter de contenir les rancoeurs chez les anciens dirigeants. Un dilemme quand on sait que le camp de ceux qui avaient réussi à chasser Blaise Compaoré du pouvoir avait les siennes tout aussi vives. Par la voix du Lieutenant-Colonel Mamadou Bamba intervenu sur les antennes de la télévision nationale, les militaires putschistes qui sont certainement en train de s’organiser pour chercher à consolider leur pouvoir appellent à « une large concertation pour former un gouvernement qui se dévouera à la remise en ordre politique et la restauration de la cohésion nationale pour des élections inclusives et apaisées ». Il leur faudra le sens des responsabilités et de la mesure pour éviter l’embrasement du Burkina Faso. Gankama N'Siah Notification:Non |