VIH/sida : la stigmatisation, un réel problème pour les séropositifsMercredi 5 Février 2014 - 18:15 À l’occasion de la journée de sensibilisation à la prévention contre le VIH/sida et les maladies sexuellement transmissibles, les élèves de l’Institut Saint-François-d’Assise (Isfa) de Makabandilou ont été informés des risques de contamination afin d’éviter cette maladie grâce à des mesures préventives Cette journée, organisée le 5 février à Brazzaville par la direction de l’école, avait pour objectif de favoriser une discussion citoyenne entre les élèves du cycle secondaire et les spécialistes du Conseil national de lutte contre le sida (CNLS). Cet échange a également permis de créer un climat favorable à la prévention et à l’acceptation des différences vis-à-vis des personnes atteintes du VIH/sida. « L’adolescence est une période trouble pour le jeune adulte. L’école a pour mission d’instruire, d’éduquer et de développer chez les élèves des comportements responsables. L’Isfa joue ainsi son rôle d’éducateur », a déclaré le directeur adjoint de l’établissement, Guy Cano. Animés par un panel d’intervenants, plusieurs thèmes ont été abordés sur le thème principal « La discrimination des personnes vivant avec le VIH/sida », après la projection d’un documentaire, dans lequel des enseignants kényans témoignent avoir été victimes de stigmatisation et de discrimination au sein de leur établissement. Selon le docteur Hervé William Poaty, lutter contre la stigmatisation permet de réduire le taux de prévalence de cette maladie, car cette approche permet un changement de comportement. Ce panel, constitué de médecins, psychologues, juristes et du couple Maba atteint du virus, a exhorté les élèves de l’Isfa à la prise de conscience afin d’éviter la transmission. Au terme de cette séance, les élèves ont été encouragés à faire le test de dépistage, à mieux connaître les modes de transmission, à cerner la différence entre le VIH et le sida, à apprendre à négocier le port du préservatif et enfin, à éviter cette maladie. « C’est très important pour nous, car nous apprenons des choses dont nous n’avions pas auparavant connaissance. Ces échanges nous ont permis d’avoir des arguments pour éviter de contracter le VIH/sida. En outre, les malades atteints du VIH refusent le port du préservatif, car ils se disent innocents et nourrissent en eux un esprit de vengeance », a affirmé Natou Okomba, élève de terminale littéraire. Depuis l’arrivée des antirétroviraux (ARV), les patients atteints de cette maladie ont des chances de réduire la charge virale, leur permettant ainsi de donner naissance aux enfants séronégatifs. « Avec l’arrivée des ARV, une personne vivant avec VIH peut vivre comme une personne séronégative ; l’essentiel, c’est de respecter les prescriptions du médecin. On leur a aussi démontré que la stigmatisation et la discrimination sont des facteurs qui développent des comportements permettant non seulement au patient de propager la maladie, mais également contribuent au refus de la prise de médicament. Nous devons éviter cela afin que notre environnement soit sain », a souligné la présidente du Réseau national des personnes vivant avec le VIH/sida, Valérie Maba. La durée moyenne pour développer la maladie est de sept ans, et varie selon la défense immunitaire de chaque organisme. Actuellement, l’Afrique connaît une phase de diminution de l’épidémie, a affirmé le coordonnateur du CNLS, Edmond Malalou. Les élèves de l’école ont également été instruits sur le cadre juridique concernant le VIH/sida. Ainsi, ils ont appris que la transmission intentionnelle du VIH est un crime, dont le coupable encourt une peine minimale de cinq ans. « Les malades atteints du VIH/sida manquent actuellement de médicaments » En marge des échanges avec les élèves de l’Isfa, la présidente du Réseau national des personnes vivant avec le VIH/sida, Valérie Maba, a expliqué les difficultés que rencontrent aujourd’hui les séropositifs. « Nous devons régler ce problème de rupture de stock des ARV en toute responsabilité. Cela ne veut pas dire que les choses marchent correctement, car la rupture de certaines molécules pose toujours problème. De ce fait, nous enregistrons beaucoup de décès. Cela ne nous arrange pas. Le problème est encore là, car il y a beaucoup de patients qui sont passés en deuxième ligne à cause du manque de certaines molécules. Mais le problème est là, il fallait juste changer de stratégie : les réalités sur le terrain sont tout autres que celles présentées dans les médias. Ainsi, nous comptons mettre en place une commission pour régler cette affaire », a indiqué Valérie Maba. Elle estime également que ceux qui ont la charge de commander ces produits ne sont pas, pour la plupart, habilités à le faire. « Moi par exemple, je ne suis pas médecin, mais bénéficiaire. J’ai donc de l’expérience, car cela fait longtemps que je suis mon traitement. Il y a des personnes qui commandent des médicaments, mais qui ne sont pas habilitées à le faire : c’est une erreur, et on ne veut pas donner cette responsabilité aux personnes habilitées. Le problème n’est pas de savoir qui va gérer, mais d’impliquer les sachants. Nous avons des médecins prescripteurs, nous devons mettre en place une commission regroupant toutes les parties prenantes : les bénéficiaires de la société civile, les médecins et professeurs, ainsi que les techniciens. Le dossier est sur la table, le changement va arriver », a-t-elle assuré. Josiane Mambou Loukoula Légendes et crédits photo :Photo de famille (© Adiac). |