Voir ou revoir : « Lingui, les liens sacrés » de Mahamat-Saleh Haroun

Jeudi 27 Octobre 2022 - 17:51

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Dans son long-métrage d’environ 1h 27 mn, le réalisateur tchadien, Mahamat-Saleh Haroun, a choisi de mettre en lumière des femmes de son pays, des femmes célibataires, veuves ou divorcées, élevant seules des enfants dans un pays à dominance patriarcale.

Sorti en 2021, « Lingui, les liens sacrés » est un film plein de leçons, notamment la considération à avoir à l’égard des mères célibataires. Avec sa caméra, Mahamat-Saleh Haroun suit la vie tumultueuse d’Amina, la trentaine, et sa fille Maria, 15 ans, dans les faubourgs de N’Djaména, au Tchad. Après avoir été rejetée par sa famille lorsqu’elle est tombée enceinte et a accouché d’une petite fille, Amina se bat seule pour joindre les deux bouts du mois. Chaque jour, elle se bat pour donner à sa fille une bonne éducation dans l’un des meilleurs établissements de la ville. Mais Amina apprend que Maria, qui depuis quelque temps s'était renfermée sur elle-même, est enceinte à son tour. Son monde déjà délicat s’écroule. Consciente du rejet qu’a subi sa mère de la part de la société du fait d’être mère célibataire, Maria ne veut pas de cette grossesse et souhaite à tout prix avorter. Dans un pays où l'avortement est non seulement condamné par la religion, mais aussi par la loi, Amina se retrouve face à un combat qui semble perdu d’avance…

Présenté dans la dernière compétition cannoise, « Lingui » mêle ingénieusement drame et passion, en plus de traiter des sujets forts et importants comme les naissances hors-mariages, les diktats de la société sur le sujet, les grossesses précoces et non désirées, l’avortement, la religion, le patriarcat. Le film peint également à merveille la relation très forte entre une mère et sa fille à travers les personnages d’Amina et Maria qui emportent le spectateur dans leur périple. A côté de cela, « Lingui » c’est également la force que peut avoir l’entraide, la tolérance et le courage entre les femmes dans un pays dominé par les hommes. Un travail de maître pour Mahamat-Saleh Haroun couronné par la qualité photographique de Mathieu Giombini, la musique de Wasis Diop et un casting dynamique composé d'Achouackh Abakar, Rihane Khalil Alio, Youssouf Djaoro, etc.

Notons que Mahamat-Saleh Haroun est également le réalisateur des films « Daratt », « Un homme qui crie », « Gris-Gris » et « Une saison en France ». Il figure parmi les pionniers du cinéma au Tchad et contribue aujourd’hui à son rayonnement lors des festivals internationaux.

Merveille Jessica Atipo

Légendes et crédits photo : 

L’affiche du film / DR

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