Voir ou revoir : « Makongo » d’Elvis Sabin Ngaïbino

André et Albert sont deux jeunes pygmées Aka du sud de la République centrafricaine. Ils sont parmi les rares de leur communauté à faire des études. André et Albert ont un rêve : inscrire les enfants des campements dans une vraie école. Pour financer leur entreprise, ils misent sur la prochaine récolte de « Makongo », en français « chenilles ».

La force de ce film tient à l’intérêt porté par le cinéaste Elvis Sabin Ngaïbino sur une réalité de son pays et plus largement du continent africain voire d’ailleurs, à savoir la stigmatisation des autochtones par les autres populations modernes. Dans « Makongo », il s’agit précisément des pygmées Aka, que l’on retrouve également en République du Congo.

A travers les personnages d’André et Albert, le réalisateur centrafricain interpelle sur le fait que tous les peuples sont égaux et méritent d’avoir accès à l’éducation. Et s’il est vrai que dans la plupart des Etats les gouvernements œuvrent pour instaurer cette réalité, il persiste néanmoins un fossé. Heureusement qu’il existe des braves comme André et Albert qui ne s’apitoient pas. Leur détermination sans faille pour continuer à étudier et permettre à d’autres jeunes enfants comme eux d'aller à l'école est un bon exemple que devraient copier d’autres jeunes autochtones qui ont longtemps cru que leur place ne pouvait être que dans la forêt et nulle part ailleurs.

C’est donc avec brio qu’Elvis Sabin Ngaïbino les accompagne, dans la dureté de leur périple et de leur déception. Quelles que soient les humiliations endurées, le regard du cinéaste ne se détourne pas, mais choisit de témoigner, de garder une trace et d'être au plus près de ceux qu'il filme avec amour.

Clin d’œil au réalisateur

Né en 1985 en République centrafricaine, Elvis Sabin Ngaïbino est diplômé en géologie. En 2017, il est sélectionné pour participer au premier atelier Varan organisé à Bangui. En marge de ce programme, il dresse le portrait d'un pharmacien de quartier à travers un court métrage documentaire intitulé "Docta Jefferson". Cette œuvre aura le privilège d’être sélectionnée dans plusieurs festivals internationaux.

« Makongo », son premier long métrage, a été présenté et triplement primé au Final Cut de la Mostra de Venise, en 2019. En 2020, le film est sacré Prix international de la Scam et Prix des Bibliothèques lors du rendez-vous cinéma du réel à Paris. Depuis, « Makongo » a été sélectionné dans de nombreux festivals tels que le Bafici à Buenos Aires, Hambourg, ou encore IDFA.