Voir ou revoir : « Min yè »

Vendredi 30 Août 2024 - 11:53

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Réalisation de Souleymane Cissé sortie en 2009, « Min yè » porte sur une tension familiale avec pour cause la polygamie.

« Min yè » se traduit par « Dis-moi qui tu es ». Un couple de la bourgeoisie bamakoise est sous tension depuis qu'Issa, le mari, a décidé de prendre une seconde femme plus jeune. Blessée, Mimi, la première épouse, est bien décidée à ne pas se laisser faire et veut quitter Issa, car lassée de la polygamie et de la routine du mariage. Comment évoluera ce trio adultère dont le nœud relationnel est rendu encore plus compliqué au quotidien ?

En toute délicatesse, « Min yè » pose la question de l’ancrage de la tradition socioculturelle dans une société en pleine mutation. A travers sa caméra, Souleymane Cissé confronte le fonctionnement d’un couple malien moderne aux traditions ancestrales qui perdurent. En effet, la polygamie fait partie intégrante de la communauté malienne depuis des siècles. Mais aujourd’hui, l’évolution des mentalités fait que certains jeunes ne conçoivent plus les choses de la même manière. Des jeunes comme le protagoniste principal du film, Mimi.

Dans son sixième film, Souleymane Cissé brosse le tableau du désir d’émancipation des femmes tout en abordant, avec un regard critique et parfois taquin, la question d’une polygamie bien ancrée dans la société, une coutume qui heurte la forte personnalité de Mimi, femme qui se voudrait indépendante et monogame.

A travers cette fresque haut en couleur de la bourgeoisie malienne, celle des beaux quartiers de Bamako, celle des belles voitures et des téléphones portables, le sens profond de ce film, a dit le réalisateur malien, « est d’ouvrir le débat non seulement sur cette pratique de la polygamie, mais aussi sur le rôle des élites africaines. Or les gens les plus instruits de la société malienne sont les plus polygames… La polygamie existait sans doute aux temps primitifs, la société humaine a commencé comme ça. A un moment de l’histoire, certaines sociétés ont rompu avec cette tradition ».

Au rythme de superbes chants africains, ce long métrage dénonce également l’adultère. D’une durée d’environ 2h 15 min, « Min yè » avait fait l'objet d’une projection spéciale au festival de Cannes 2009. Le casting de cette fiction malienne avait notamment connu la participation d’Assane Kouyaté, de Sogona Gakou, Badra Alou Sissoko…

Né le 21 avril 1940 à Bamako, Souleymane Cissé est un réalisateur malien. Il tourne son premier moyen métrage « Cinq jours d’une vie » en 1971. Le film relate l’histoire d’un jeune qui abandonne l’école coranique et vagabonde dans les rues, vivant de menus larcins. L’œuvre est primée au festival de Carthage. Souleymane est connu pour ses films à succès « Den Muso » (1975), « Baara » (1978), « Finyè » (1982), « Yeelen » (1987), « Waati » (1995), etc.

Merveille Jessica Atipo

Légendes et crédits photo : 

L’affiche du film/DR

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