Croissance verte et inclusive : cinq exigences pour la RDC

Jeudi 3 Avril 2014 - 17:16

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Cette trajectoire économique appelle les autorités congolaises à adopter des mesures politiques au cours des cinq prochaines années pour plus d’équité, d’efficacité, de responsabilité et de productivité du capital naturel et enfin plus de résistance aux chocs exogènes.

Pour la Banque mondiale (BM), ces exigences concernent d'ailleurs l’ensemble de l’Afrique en quête d’une croissance économique plus juste. Lors du deuxième atelier des praticiens de la croissance verte à Kinshasa, du 2 au 3 avril, cette institution financière internationale, qui soutient davantage la RDC dans sa croissance verte grâce à son appui financier pour Inga III basse chute, a salué cette nouvelle opportunité offerte aux acteurs des différents secteurs de l’économie, notamment l’énergie, les infrastructures, l’environnement et les forêts, de parler d’un thème aussi important dans un pays reconnu comme l’un des plus riches en ressources naturelles mais paradoxalement pauvres.

En effet, ses vastes forêts, notamment celles du bassin du Congo, ses terres arables, ses potentialités en pêche et sa biodiversité sont autant de facteurs capables de le hisser dans la voie du développement intégral. Ces richesses naturelles quasi-inexploitées peuvent très bien le propulser, à l'instar de sa collection de minerais, dont les six produits les plus échangés au monde, en l’occurrence l’aluminium, le cuivre, le plomb, le nickel, l’étain et le zinc. Mais sur ce dernier point, a noté la BM, le décideur africain qui veut intégrer sa croissance verte dans sa politique de croissance doit tenir compte d’une combinaison de mesures comprenant des mesures sectorielles dans les secteurs extractifs et des mesures de gouvernance économique destinée à capturer les rentes minières et pétrolières pour les réinvestir dans les infrastructures et le capital humain. Par infrastructure, l'on vit par exemple Inga III. En effet, cette infrastructure peut servir notamment à la production d’une énergie propre et renouvelable et peu chère au bénéfice de 7 millions d’habitants de Kinshasa, a-t-elle renchéri.

Énergies renouvelables

L’accès aux énergies renouvelables est une question fondamentale au regard des chiffres plutôt décevants pour l’Afrique, notamment le taux de desserte en électricité très bas. Pour Hans Smit de la SNV, ces chiffres n’ont pas évolué au cours des dernières décennies, car les efforts pour faire accéder plus d’Africains à l’électricité sont fragilisés par le taux plus ou moins similaire d’accroissement de la population. À côté de l’énergie traditionnelle, il y a des petites unités de production énergétiques alimentées essentiellement par les énergies non traditionnelles (panneau solaire, générateur diesel, etc.) qui permettent ainsi de décentraliser la production énergétique. La différence se joue essentiellement sur la structure des prix, et pas forcément sur le coût de la maintenance de ces sources d’énergie. Au contraire, avec des mécanismes financiers nationaux pour assurer l’accès des plus démunis à ces différentes sources d’énergie, il est possible de mettre à la disposition de toutes les bourses congolaises les technologies les plus éprouvées.

À la différence des grosses centrales, les petites centrales plus proches des communautés locales, et donc moins budgétivores, permettent de baisser progressivement le coût de l’accès à l’énergie. La question de la biomasse (le charbon) plus polluante et désastreuse pour l’environnement demeure à ce jour sans réponse efficace faute d’une politique congolaise en la matière. Entre-temps, le déploiement du réseau électrique continue de s’opèrer dans les grands centres au détriment des milieux reculés. Au nombre des défis à relever, les échanges ont permis de cerner ceux qui sont prioritaires. Il s’agit principalement de l’accessibilité à la source d’énergie, du transfert des technologies, des mécanismes financiers nationaux (notamment les crédits) pour une consommation équitable, de la création des normes et des centres de test, etc. L’idée est d’arriver à pousser les privés à venir investir dans le secteur des énergies renouvelables localement.

Laurent Essolomwa

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Les chutes de Katende où sera érigé le barrage hydro-électrique du même nom (Kasaï Oriental) Photo 2 : Décentraliser la production énergétique pour l'accès des populations rurales