Le boulevard énergétique : du rêve à la réalité

Jeudi 11 Février 2021 - 17:34

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Début des années 2000. Le président de la République annonce son projet de construction d’un boulevard énergétique. D’emblée, quelques Congolais n’en comprennent pas le sens.  Pire, bien d’autres s’en moquent alors, parlant de mirage ou de mythe.  Aux premiers, il faut rappeler ici que le « grand boulevard énergétique » projeté par Denis Sassou N’Guesso en 2003, au moment du lancement des travaux de construction du barrage d’Imboulou, visait l’électrification du pays à 90% d’ici à 2025, en mettant un accent particulier sur l’électrification rurale. Il s’agissait de faire profiter à tout le pays de l’électricité produite depuis les centrales à gaz de Djeno, les centrales hydroélectriques de Moukoukoulou, d’Imboulou et de Liouesso. Aux seconds, les sceptiques, il convient, pour les sortir du doute, de leur rappeler d’où notre pays vient en matière d’électricité. Ce nécessaire rappel historique leur montrera que l’engagement du président Denis Sassou N’Guesso n’était pas un simple mirage.   

D’où venons-nous ?

Premier principe de base : l’électricité ne va jamais sans eau. Energie et hydraulique, hydraulique et énergie, voilà les deux faces de la même problématique.  

Les conflits destructeurs et meurtriers qui ont frappé la République du Congo dans le courant des années 90 ont fortement endommagé les principales infrastructures énergétiques. Depuis la destruction des installations électriques de Tsiélampo (sur la route nationale n°2 ) et des pylônes de Moukoukoulou respectivement en 1997 et 1998, le pays était dans une situation plus que chaotique. A Pointe-Noire, certaines entreprises étaient même contraintes de procéder au dégraissage de leurs effectifs en raison de la baisse d’activité. La population quant à elle faisait face à tous ces désagréments le cœur serré et avec résignation. La situation était tellement grave que, faute de fourniture en électricité, le barrage hydroélectrique du Djoué (Sud de Brazzaville) était la plupart du temps paralysé. Conséquence : l’eau potable manquait dans les principales villes du pays et de nombreux compatriotes étaient obligés de s’alimenter en eau par la débrouillardise. 

En 2003, le Congo ne disposait que de trois centrales hydroélectriques d’une puissance globale de 111 mégawatts. Cela représente une couverture énergétique de 25% pour tout le pays, c’est-à-dire seulement un quart des besoins réels. La centrale du Djoué, construite en 1951 et d’une puissance de 15 mégawatts, n’en délivre alors que la moitié en période des hautes eaux du fleuve Congo ; le barrage de Moukoukoulou, mis en service en 1978 en prévision d’une capacité de 74 mégawatts, n’en produisait que 29 en période d’étiage de la rivière Bouenza ; enfin, la centrale à gaz de Djeno, d’une capacité de 22 mégawatts, en fournissait 20 dans le réseau de distribution de la région de Pointe-Noire.

C’est donc pour apporter une réponse globale à cette situation catastrophique que le président de la République et son gouvernement ont lancé le 23 septembre 2003 l’ambitieux projet du barrage d’Imboulou, tout en promouvant d’autres projets de centrale à gaz.

Où en sommes-nous aujourd’hui ?

En matière d’infrastructures de production d’énergie électrique, il a été construit les centrales à gaz de la Côte Matève, qui développe une puissance de 300 mégawatts et de Djeno, d’une puissance de 50 mégawatts ; les infrastructures suivantes complètent le dispositif :  des centrales thermiques pour Brazzaville et les chefs-lieux de département ont été déployées, la centrale hydroélectrique d’Imboulou avec une puissance de 120 mégawatts ainsi que la centrale hydroélectrique de Liouesso, pour une capacité de 19 mégawatts sont mises en service. Celle de Moukoukoulou, dont la puissance est de 74 mégawatts, a été réhabilitée.

Les études pour la construction du barrage de Sounda, qui pourra générer jusqu’à 1000 mégawatts, sont lancées. A ce sujet, le pari semble déjà gagné ; en effet, le projet est en pleine réalisation sous forme de BOT, dans le cadre d’un contrat de concession avec une entreprise chinoise (China Roadwails Twenty) déjà adjudicataire. En 2015, les lignes de transport d’électricité à travers notre pays s’étendaient déjà sur 1500 kilomètres. Pour comprendre le chemin parcouru, il faut se rappeler qu’en 2002, ces lignes n’étaient longues que de 700 kilomètres. Le réseau a donc plus que doublé en l’espace d’une petite décennie.

Avec la mise en service, l’année dernière de la nouvelle turbine à gaz de Pointe-Noire, d’une capacité de 170MW, la production énergétique de la Centrale électrique du Congo a augmenté pour être fixée à 484MW ; cette augmentation permet ainsi d’approvisionner plus de 2 millions de ménages. La puissance électrique globale du Congo est actuellement de 650 MW. Le pays disposait jusqu’alors d’une capacité installée de 500 MW, pour une demande électrique de 600 MW. L’augmentation des capacités de la centrale électrique du Congo va assurément contribuer à l’amélioration de la fourniture énergétique et à la réduction des délestages dans les deux principales villes du pays. Mais du chemin reste à parcourir : il faut souligner que le taux d’électrification en milieu rural reste très faible en République du Congo, soit moins de 10%, selon les sources officielles. Alors qu’en zone urbaine le taux d’électrification est estimé à 47 %.

Pour ce qui concerne la production d’eau potable, il faut noter que plus de deux mille (2000) forages ont été réalisés à l’intérieur du pays, le Congo profond. Les zones urbaines n’ont pas été oubliées. Les pouvoirs publics ont construit une nouvelle usine d’eau à Djiri, pour l’alimentation de Brazzaville. La première usine existante a, pour sa part, été entièrement réhabilitée. De même, des quartiers et arrondissements de Brazzaville, tels que le Plateau des 15 ans, Moukondo, Ouenzé et Moungali qui manquaient d’eau potable depuis plus de vingt ans, ont maintenant accès à ce service essentiel. Il faut relever que la production d’eau dans la ville capitale est actuellement de 11.400 mètres cubes par heure pour des besoins estimés au maximum à 11.300 mètres cubes par heure.

C’est dans ce contexte fait d’efforts importants des pouvoirs publics, sous l’impulsion du président de la République, que s’inscrit la visite du chef de l’Etat dans les Plateaux, plus précisément à Djambala et Lekana. Il va y procéder au lancement de la ligne électrique reliant ces deux localités. Cette ligne aura une extension vers les localités de Kébara et Lagué, également situées dans le département des Plateaux.

Dans son Message à la Nation prononcé le 23 décembre 2020, le président Denis Sassou N’Guesso avait demandé au gouvernement d’accélérer la réalisation de deux autres infrastructures électriques importantes, à savoir les lignes Boundji-Éwo et Djambala-Lékana, avec pour objectif de les achever au premier trimestre de l’année 2021.

On note ici, comme un repère historique que l’électrification des communautés rurales figure parmi les priorités que s’était fixées Denis Sassou N’Guesso dans le cadre du boulevard énergétique. Ce projet salvateur s’exécute normalement, en dépit des tensions économiques et financières actuelles.

En termes d’avancées, outre les deux lignes susmentionnées, on peut citer : la mise en service de la ligne électrique Ollombo – Abala

  • la mise en service de la ligne Gamboma- Ongogni ;
  • le démarrage des travaux de la ligne Boundji – Allembe ;
  • le démarrage en perspective des travaux de la ligne Bouansa-Yamba avec l’électrification des villages Ndounga et Moukosso situés sur le parcours ; 
  • le raccordement, dans le département de la Bouenza, des localités de Mfouati et de Boko-Songho ;
  • l’électrification des localités de Mabombo, Boko Songho dans la Bouenza, et de Mayeye dans la Lekoumou ;

Ainsi, le candidat Denis Sassou N’Guesso s’engage à poursuivre les efforts d’amélioration du système de production, de transport et de distribution de l’électricité ; il s’emploie également à la réalisation d’un projet ambitieux, à savoir la création d’une unité d’assemblage et de production de panneaux solaires à Oyo dans la Cuvette.

Le Congo veut également lancer, en coopération avec son voisin le Cameroun, la construction du barrage de Chollet dans le département de la Sangha. Cet ouvrage de production d’électricité pourra générer jusqu’à 600 Mégawatts. La production sera partagée entre nos deux pays, le Cameroun s’étant engagé à investir dans ce projet. Un investissement direct extérieur, venant de capitaux chinois, sera probablement disponible et permettra aux deux Etats de réaliser ce projet à haute valeur intégratrice et économique.

Plus généralement, il convient de relever que grâce au président Denis Sassou N’Guesso, le Congo a largement accru ses capacités de fourniture d’eau potable et d’électricité dans les villes et dans les villages. A titre d’illustration, et pour les villes, la capacité de production d’eau potable a été augmentée de 139% entre 2000 et 2014, passant de sept mille (7.000) mètres cubes à seize mille huit cents (16.800) mètres cubes par heure ; quant à la production d’électricité, elle a été multipliée par plus de 6, avec une puissance installée actuelle de 600 mégawatts.

Dans nos villages, grâce à la mise en œuvre de programmes et projets spéciaux tels que le ʺProjet d’Urgence de relance et d’appui aux communautés du Congoʺ, ʺl’eau pour tousʺ et le ʺProjet d’électrification en milieu rural au Congoʺ, des dizaines de systèmes d’adduction d’eau potable et des milliers de forages ont été réalisés ; dans le cadre de ces projets spécifiques, des centaines de kilomètres de réseaux de distribution de moyenne et basse tension, ainsi que des centaines de postes de distribution d’électricité et de branchements électriques de foyers ruraux ont été déployés. Tous ces programmes et projets se poursuivent. Ils profitent d’ores et déjà à une grande partie de nos concitoyens vivant dans les campagnes. Le boulevard énergétique est donc en pleine réalisation.

Cela étant objectivement rappelé, l’honnêteté nous oblige à dire que beaucoup reste à faire.

Que reste-t-il à faire ?

En premier lieu, la question du transport et de distribution de ces biens. En effet, l’énergie n’est pas consommée sur les sites de production ; il faut la transporter vers les points de transformation.

Cette opération est rendue difficile du fait de la défectuosité des voies d’accès à l’ensemble de la ligne. De même, une fois transformée, l’énergie transportée doit être distribuée. Or, le réseau de distribution est lui aussi extrêmement fragile ; ainsi, les postes de transformation secondaires sont vétustes ; les lignes de moyenne et de basse tension, quant à elles, datent d’une époque si ancienne que leur vétusté les rend inopérantes.

Cette situation explique les délestages récurrents que vivent malheureusement les ménages. Autre axe de progrès attendu : l’extension du transport de l’énergie dans les zones périphériques des grandes villes. Ces zones ont été loties de manière anarchique et investies par un nombre important de nos compatriotes qui y habitent malgré tout. Conséquence de cette situation : malgré les efforts consentis par l’Etat, le taux de couverture de la population en électricité n’est évalué qu’à 35% en moyenne, dont à peine 50% en zone urbaine.

Il faut dire que, de plus en plus sollicitées dans les grandes villes du pays et en zone rurale, l’eau et l’électricité restent des priorités qui concentrent les efforts et les moyens du gouvernement, dont la tâche est de régler une situation qui voit la demande de ces services largement supérieure à l’offre, malgré la bataille gagnée en matière de production, comme nous venons de le démontrer. Le transport et la distribution sont donc les nouveaux défis des pouvoirs publics pour finaliser le boulevard énergétique qui a, on vient de le voir, cessé depuis longtemps d’être virtuel. C’est cette politique cohérente, courageuse et intelligente que le président Denis Sassou N’Guesso appelle nos compatriotes à poursuivre, avec lui, pour les cinq prochaines années, afin de faire de l’énergie un des maillons essentiels de la marche plus que jamais nécessaire vers le développement.

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