Lokua Kanza : vingt ans de pureté musicale

Samedi 17 Mai 2014 - 1:15

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C’est un musicien hors pair, comme on en rencontre rarement sur le continent. En vingt ans de parcours musical, le chanteur congolais Lokua Kanza a su conquérir le monde tant l’originalité et la singularité de sa musique acoustique mêlée à sa voix pure toute en douceur sort des sentiers battus des musiques populaires congolaises

L’année 1994 marque le début du succès planétaire de Pascal Lokua Kanza. Mais ce fils de Bukavu,  où il est né il y a 56 ans, montre très tôt sa passion pour la musique. Aîné d’une fratrie de huit enfants, il entre dans la sphère musicale petit à petit, grâce à son attachement aux plus grands de la scène africaine. Abeti Masikini, la diva de la musique de l’ex-Zaïre est sans conteste la personnalité qui  lui a permis dès 1980 de faire ses pas dans l'effervescent milieu de la musique africaine. Il n’a que 22 ans à cette époque et a déjà fait son apprentissage au conservatoire de musique de Kinshasa. Avec Abeti, le continent s’ouvre à lui, et il multiplie les scènes à travers le continent. 

À Abidjan, où il choisit de s’installer, Lokua rejoint le Best Orchestra de l’hôtel Ivoire. Il y fait école, mais son ambition est de dépasser les frontières du continent. Et il y arrive lorsqu’en 1984, il s’inscrit au CIM, première école de jazz et de musiques actuelles de France, un véritable nid d’artistes. Il multiplie les rencontres et les collaborations : Ray Lema, Alain Bashung, Papa Wemba, Angélique Kidjo, Manu Dibango. En 1992, Lokua enregistre dans des conditions minimalistes son premier album. L’année suivante, alors que l’album n’est pas encore arrivé sur le marché du disque, ses prestations dans différentes scènes parisiennes font le buzz, on ne parle que de lui jusqu’à la sortie officielle de l’album fin 1993. Il bénéficie dès lors du soutien de grands artistes africains et français qui l’invitent  à faire les premières parties de leurs concerts.

La sortie en 1995 de l’album Wapi yo, avec le titre Shadow Dancer, affirmera son succès mondial. Lokua rafle le prix du meilleur album africain aux African Music Awards, et les grands festivals des musiques du monde se l’arrachent. En 1998, il sort son nouvel album, Lokua Kanza 3. C’est un Lokua plus mature dans les textes et dans l’orchestration. Dans cet album, RFI Musique revèle  une importante « participation américaine puisqu'on trouve les noms du mythique Lamont Dozier, pilier du label Motown, ainsi que celui de Siedah Garrett, parolière entre autres de Michael Jackson ». Le lingala et le swahili sont toujours ses langues favorites avec des clins d’œil au français et à l’anglais.

La décennie 2000 est celle de la sortie des albums Toyebi Té, Plus vivant et Nkolo, le dernier. Avec ses six albums sortis en vingt ans, ce passionné de musique veut encore fait mieux. À propos de l’avenir, dans un entretien accordé à Jacques Matand pour Slate Afrique, il confiait : « Je voudrais bien faire quelque chose de différent, apporter un plus à ce que j’ai déjà produit. »

Pour fêter ses vingt ans de carrière, Lokua Kanza a invité les artistes Sara Tavares, Richard Bona, Fally Ipupa et Jean Goublad pour une série de concerts qui débute à Kinshasa le 31 mai et le 1er juin 2014.

Meryll Mezath