Musique : Jore, passionnément sanza !Vendredi 1 Septembre 2023 - 15:37 Loin du bruit, la sanza. Loin du buzz, Jore. Les deux réunies nous transportent comme au village, nous faisant respirer un doux air d’authenticité avec comme unique leitmotiv la passion au bout des doigts. Le savez-vous ? L’art de fabriquer de la sanza et d’en jouer est classé au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Unesco depuis 2020. Appelée aussi kalimba ou piano à pouces, la sanza est un instrument appartenant à la famille des idiophones au même titre que le xylophone ou encore le triangle et les castagnettes. Et, pour charmer l’oreille, quoi de mieux qu’une ravissante jeune femme brazzavilloise, amoureuse des arts, posant agilement ses doigts sur quelques lamelles métalliques qui viennent accompagner la légèreté d’un chant cristallin en langue lari ? Cette jeune femme s’appelle Jore Loubassou - mais vous pouvez l’appeler Jo - elle est née à l’hôpital de Talangaï à Brazzaville il y a trente ans de cela et vit à la Base dans le 7e arrondissement de Mfilou. Jore cultive trois passions : la coiffure, la couture et la ... sanza ! « La première chose que je fais à mon réveil est de jouer de la sanza et chanter. Et, avant d’aller dormir, c’est exactement la même chose. La sanza marque toujours le début et la fin de mes journées. Il m’arrive même de me réveiller la nuit pour en jouer », dit-elle en souriant. Jo écrit et compose bien souvent ses propres chansons qu’elle partage avec désinvolture sur la toile « par simple passion », précise- t-elle. Il y a chez Jore un amateurisme, au sens noble du terme, qui confère une légèreté à ses chansons et une quasi-fragilité qui émerveille ; loin du bruit. C’est une beauté qu’elle porte, tout autant sur son visage et ses mains que dans son instrument. Pourtant, Jore Loubassou aurait pu emprunter d’autres chemins. On la voit comédienne adolescente au théâtre, et par la suite actrice à la télévision avec Tonton Commissaire sur DRTV, puis au cinéma dans le film « L’esprit du prophète » du réalisateur Rodrigue Ngolo. Elle sera aussi chanteuse et danseuse dans l’orchestre de rumba Double Impact de Nzete Oussama, une expérience de trois années ponctuée d’une poignée de concerts. Quelques années plus tard, on la voit aussi chanteuse de karaoké et danseuse pour la grandissime Mbilia Bell. Autant d’expériences passées pour sautiller allègrement d’un art à un autre par pure soif de découverte. Au bout de ses chemins : une simple sanza, achetée à 15 000 francs dans un marché de Pointe-Noire, il y a quelques années ! « Cette passion vient sans doute de mon défunt grand-père qui était un remarquable joueur de sanza et faisait danser les gens du village Louemo. Mon père en jouait aussi, avant qu’il ne quitte le Congo. Mais la sanza, je l’ai apprise seule, du bout de mes doigts, c’est un instrument que je porte en moi », confie Jo. On aimerait bien qu’elle aille un peu plus loin, qu’elle se professionnalise en quelque sorte et Jo de nous laisser sur notre faim et de répondre : « C’est une passion avant tout mais pourquoi pas. Je vais y songer ».
Philippe Édouard Légendes et crédits photo : Jore posant avec sa sanza/Adiac Notification:Non |