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Le cycle kaki

Samedi 23 Septembre 2023 - 18:40

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La vague d’hommes en treillis portés au sommet des Etats africains les trois dernières années à la suite d’un coup de force fait réagir le concert des nations : Mali, Guinée, Soudan, Burkina Faso, Niger, Gabon, certains observateurs, pour qui ce « printemps » kaki antidémocratique serait en passe de prospérer, n’hésitent pas à désigner des pays guettés, avancent-ils, par des turbulences putschistes.

A écouter ces prophètes du tumulte, l’on ne peut s’empêcher d’invoquer la part de prestidigitation qui les habite sachant au demeurant qu’ils n’ont absolument pas vu venir les militaires maliens, guinéens, burkinabé, nigériens, et même gabonais. Les seuls signes avant-coureurs d’un changement brutal à la tête d’un pays africain venaient du Soudan où après quatre mois de manifestations contre la vie chère, embarrassée la « grande muette » mis fin au régime du président Omar El-Béchir en avril 2019, s’accommodant mal ensuite de partager le pouvoir de transition avec les civils.

Comme ce fut le cas dans le début des années 90 avec les « Conférences nationales », ou dans la fourchette des années 2010 avec les « Printemps arabes », les armées africaines aiguisent-elles désormais leur appétit du pouvoir politique au point de vouloir se hisser, les unes après les autres, au sommet des Etats au moyen du coup d’Etat ? Si la remise en cause des décennies de démocratisation prenait corps, le péril de la déstabilisation du continent s’éloignerait-il pour autant ?

Malgré les dysfonctionnements décriés, le mérite des années qui ont suivi l’avènement de la démocratie en Afrique a été de « civiliser » l’accession au pouvoir par la pratique d’élections. Les militaires qui disent agir pour l’intérêt supérieur de la nation- leurs anciens déclaraient la même chose dans le début des années 60 quand ils ravissaient le pouvoir de façon brutale- ont intérêt à comprendre que les peuples ne se lasseront jamais de demander les comptes à ceux qui, prétendant œuvrer à leur bien-être, manquent à leur devoir.

Dès lors que la raison de la prise circonstancielle du pouvoir est de le rendre aux civils en passant par un « assainissement » de la gouvernance publique, le change ne sera donné à ceux qui tiennent ce discours volontiers lissant que si la parole donnée est respectée. Le pouvoir, on le sait, expose souvent à la tentation de se dédire et enivre.

Les Dépêches de Brazzaville

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