Enjeux politiques : l’opposition réclame la tenue d’un dialogue inclusifMardi 5 Août 2014 - 19:43 L’UDPS d’Étienne Tshisekedi, I’UNC de Vital Kamerhe, le RCD/K ML de Mbusa Nyamwisi et leurs alliés ont appelé le président Joseph Kabila à un dialogue inclusif d’ici la fin du mois d’octobre conformément à l’Accord-cadre d’Addis-Abeba afin, disent-ils, « d’organiser son départ en douceur ». Après que la majorité, par le biais du parti présidentiel, a dévoilé clairement son intention de modifier l’actuelle Constitution, l’opposition est vite montée au créneau pour exprimer son désaccord à ce projet qu’elle estime dangereux pour l’avenir du pays. De la même manière que la majorité pense lancer une campagne d’explication pour tenter de faire adhérer un grand nombre de Congolais à ce dessein, l’opposition, elle aussi, croit être en droit d’attirer l’attention de l’opinion sur le côté sordide d’un tel projet. C’est dire que la guerre est désormais ouverte entre une majorité qui tient mordicus à accorder un mandat supplémentaire au chef de l’État via une refonte de la Constitution, et une opposition qui s’y oppose catégoriquement. Le deuxième acte de cette guerre de tranchée enclenchée après la matinée politique du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) qui, le premier, avait lancé les hostilités, s’est négocié le 5 août à la Place Sainte-Thérèse à Ndijili. L’UDPS d’Étienne Tshisekedi, I’UNC de Vital Kamerhe et le RCD/K ML de Mbusa Nyamwisi et leurs alliés ont, à l’occasion, fait une démonstration de force. Le lieu fut investi par une foule immense. Tous les messages adressés à l’assistance par les représentants de ces formations politiques avaient un tronc commun, à savoir la négation de toute tentative de modification de la Constitution. Ce projet nourri par la majorité tiendrait, d’après les opposants, à accorder un mandat supplémentaire à Joseph Kabila au-delà de 2016 en touchant aux dispositions intangibles contenues dans l’article 220 lié à la forme de l’État, le nombre et la durée des mandats du président de la République. Pour ces formations politiques de l‘opposition qui n’ont pas pris part aux concertations nationales, ce forum aura été un échec comme en témoigne la non-exécution de ses recommandations, avec à la clé, la volonté affichée de retoucher la Constitution au grand dam des forces sociales du pays. Elles estiment que ce forum avait été monté de toute pièce pour atteindre cette finalité en cherchant à conditionner les esprits. Mais hélas ! L’échec est patent et la quête effrénée de modifier la Constitution en serait symptomatique. Pour l’UNC, l’UDPS, le RCD/K ML et alliés, la seule alternative qui s’impose aujourd’hui au pays demeure l’organisation d’un dialogue inclusif dans l’esprit de l’Accord d’Addis-Abeba signé le 24 février 2013 par onze chefs d’État africains. « C’est pour avoir cherché à s’en écarter à travers les concertations nationales que le pays tangue aujourd’hui », commente un cadre de l’UNC. Et d’ajouter : « Le dialogue inclusif selon l’accord cadre d’Addis-Abeba ne devait pas laisser place aux concertations nationales qui, du reste, constituent un échec ». D’où l'appel lancé à Joseph Kabila pour qu’il convoque d’ici la fin du mois d’octobre un dialogue inclusif conformément à l’Accord-cadre d’Addis-Abeba afin, dit-on à l’opposition, « d’organiser son départ en douceur ». L’opposition réunie à la place Sainte-Thérèse s’est dite confiante quant à l’aboutissement de ces assises avant la fin du mois d’octobre prochain. Une autre frange de l’opposition, le Front populaire contre la révision de la Constitution et pour les élections crédibles en RDC que pilote Lisanga Bonganga, a joint sa voix à celle de l’UNC, l’UDPS, RCD/K ML et alliés. À tous ceux qui y voient une cacophonie trahissant un manque de cohésion, le leader du Front populaire estime que l’opposition n’y va pas en ordre dispersé. « Nous sommes en train de mener le même combat. L’essentiel est que nous avons le même objectif stratégique », a-t-il soutenu.
Alain Diasso |