Italie : la famille au centre des préoccupations du pape FrançoisSamedi 4 Octobre 2014 - 14:07 Parti notoirement xénophobe, la Ligue du Nord a désormais son faire-valoir dans la région de Bergame. La Ligue du Nord reste constante dans son message: pas d’immigrés en Italie, pas de régularisation, pas de sauvetage des clandestins en mer, pas de nationalité automatique aux enfants d’immigrés même quand ils sont nés en Italie, etc. Sur cette ligne de fermeté et même de fermeture aux autres personnes et cultures, le mouvement fondé par Umberto Bossi en 1997 s’est fait remarquer par un langage dur, décomplexé, n’ayant cure du politiquement correct. Le pape Jean-Paul II fut souvent critiqué par une Ligue du Nord qui l’appelait « le pape polonais », « le pape étranger » surtout quand il s’avisait de prôner la tolérance envers les immigrés. La nomination de la première italienne noire dans un gouvernement italien, l’italo-congolaise Cécile Kyenge Kashetu, a fait littéralement hurler dans les rangs de la Ligue du nord. D’ailleurs pour cette formation politique assez bien implantée dans le nord de l’Italie, Cécile Kyenge est vite devenue la tête de turc préférée des dirigeants, militants et sympathisants nationalistes. Mais aussi pour dire les chose plus directement, des racistes et exaltés qui, même dans les stades, proclament qu’il ne saurait y avoir « ni animaux, ni Noirs » dans la sélection nationale de football. Il faut croire que les nombreuses critiques de cette position au plan national et au plan européen; les procès et condamnations ont eu quelques effets. Puisque le nouveau leader de la Ligue du Nord, tout en s’inscrivant en plein dans la lignée des prédécesseurs aujourd’hui mis au rebut pour des questions de santé ou des démêlés judiciaires, entend faire moderne. Matteo Salvini, c’est son nom, ne veut faire de différence qu’entre clandestins et réguliers; pas entre étrangers et Italiens, deux notions qui n’ont rien à voir avec la couleur de la peau. C’est ce qu’il a souligné cette semaine en présentant à la presse le « Monsieur immigration » de la Ligue du Nord dans la région de Bergame, au nord de l’Italie. Il s’agit d’un Italien d’origine nigériane. Toni Iwobi affirme qu’il est arrivé en Italie en 1976 et qu’il milite au sein de la Ligue du Nord depuis 21 ans. Il se dit fier et orgueilleux de se voir chargé d’endiguer « l’invasion des clandestins » dans sa région. Il dit partager totalement la vision d’une Italie moins « intégrative », moins multiculturelle, alors que dans les assemblées des militants vociférants de son parti, sa couleur de peau plaide pour tout le contraire. Une contradiction ? Pas du tout, soutient Matteo Salvini. Iwobi est le signe de cette Italie du mérite qui progresse aussi grâce « aux nombreux réguliers » établis dans le pays. « Dans tous les cas, affirme le leader de la Ligue, il sera bien meilleur que Kyenge. Iwobi a été conseiller communal et assesseur : il participe à la vie de la Ligue du Nord et de sa communauté. Je ne sais pas ce que Kyenge a fait avant, mais je sais par contre ce qu’elle a fait après, c’est-à-dire heureusement, pas grand-chose ! » Il note d’ailleurs que contrairement aux nombreuses critiques qui pleuvent sur la Ligue du Nord, mouvement assumé d’extrême-droite, « c’est un gouvernement de centre-gauche qui a chassé » Mme Cécile Kyenge. « Je suis sûr que Toni fera plus pour les immigrés réguliers que Kyenge en une vie. Alors, si quelqu’un pense que cette opération est hypocrite, c’est tout simplement parce que le vrai racisme est à gauche », soutient le leader de la Ligue du Nord. Lucien Mpama |