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Mieux défendre notre patrimoine culturel

Samedi 7 Mars 2015 - 16:30

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Le patrimoine culturel se définit comme l'ensemble des biens, matériels ou immatériels ayant une importance artistique et ou historique révélée. Il peut être la propriété d’une entité privée ou celle d’une entité publique mais l’ensemble de ces biens culturels qui constituent un pan historique de notre civilisation doit impérativement se préserver, se restaurer, se sauvegarder et  être montré au public, soit de façon exceptionnelle, soit de façon régulière.

L’on considère ainsi le patrimoine dit « matériel », constitué en grande partie de paysages construits, d’architecture et d'urbanisme, mais aussi de sites archéologiques et géologiques, de certains aménagements de l'espace agricole ou forestier, d'objets d'art et mobilier, du patrimoine industriel. Le patrimoine immatériel quant à lui peut être multiforme et se définir par des chants, costumes, danses, traditions gastronomiques, jeux, mythes, contes, légendes, etc.

L’idée générale que l’on doit se faire du  patrimoine, c’est qu’il symbolise un héritage légué par les générations précédentes et qu’il faut transmettre intact ou enrichi aux générations futures, relevant ainsi du bien public et du bien commun. D’où l’impérieuse nécessité de le protéger mais surtout de se braquer lorsqu’il est mis en péril. Hélas, nous assistons depuis l’aube des temps à un acharnement et à une destruction quasi obsessionnels des biens culturels avec une réelle amplification au vingt et unième siècle ; il faut s’en offusquer et bien comprendre que c’est notre humanité qui est menacée d’effacement et de disparition.

Ce qui s’assimile bien plus qu'à une tragédie culturelle, c'est, en allant dans le sens de  la Directrice générale de l’Unesco, cette question de sécurité. Parce qu'elle alimente le sectarisme, l'extrémisme violent, les conflits et, partant, le terrorisme.

En Irak et ailleurs, ce sont bien des groupes armés islamistes qui saccagent le patrimoine mondial. Du musée de Ninive à Mossoul, aux Bouddhas de Bâmiyân en Afghanistan, les extrémistes saccagent systématiquement le patrimoine culturel à grands coups de massues, prétextant que ces sculptures millénaires qui préexistaient à la naissance de leurs religions respectives, représentent à leurs yeux des divinités païennes, donc ne représentent à leurs yeux aucun intérêt. Les Bouddhas de Bâmiyân en Afghanistan, ces statues bouddhistes monumentales bâties entre le IIIe et le Ve siècles témoignent de plus 1500 ans de la grandeur de notre humanité. Au nord-est de Kaboul, elles ont subi des tirs d'artillerie après avoir été décrétées "idolâtres". Pendant plus de 25 jours, des centaines de Talibans ont afflué de tout le pays pour les détruire, à coups de roquettes et de dynamite et par la même occasion, les trésors du Musée de Kaboul, de Ghazni et d'Herat ont aussi été détruits.

Le cas de l'Afghanistan est loin d'être unique, partout où le terrorisme s'installe, il reproduit le même schéma. En Irak, à Tombouctou au Mali, et même  en Libye les islamistes ont démoli et profané de nombreux mausolées à coup de pelleteuse, une bibliothèque et une université ont également été les cibles d'actes de destruction et de pillage. En Tunisie, un mausolée de saint du XIIIe siècle vient d'être détruit. Ces actes doivent être condamnés et leurs auteurs poursuivis  par les institutions nationales et internationales.

Le patrimoine ancestral de Tombouctou a été ébranlé avec une telle violence qu’il a permis de déchiffrer l’objectif clair des islamistes "détruire tous les mausolées". Au total, ils parvinrent à en détruire  sept sur les seize que compte "la cité des 333 saints", classée au patrimoine mondial de l'UNESCO.

La liste est longue de cette abomination qui se confond assez tristement à une opération de communication pour s’affirmer comme interlocuteurs des crises, lorsque l’on évoque avec plein d’émotion et de tristesse le sac de  la bibliothèque de l'Institut Ahmed-Baba au Mali, dans laquelle étaient entreposés des milliers de manuscrits anciens, dont certains dataient du XIIIe siècle. Pourquoi cet acharnement ? Pourquoi une telle obstination ? L'intolérance étant le maître mot de cet harcèlement, comment comprendre et expliquer que l’on veuille rayer tout ce qui ne correspond pas à sa propre vision religieuse ? Notre civilisation serait-elle en proie à un contrat dont les termes auraient pour finalité son éradication et serions-nous revenus au temps des croisades ?

Il faut prôner l'ouverture des religions et cultes rayonnants, tant dans le domaine des arts, de la littérature que des sciences ou de la médecine où tout le monde a sa place.

Il y a fort heureusement  des hommes et des femmes qui tentent de porter secours aux biens de mémoire et de culture. Mais ces initiatives individuelles utiles s’avèrent de nos jours insuffisantes. Elles nécessitent une plus grande appropriation par les peuples de la signification de ces biens culturels et un plus grand mouvement institutionnel dans la foulée de la « coalition internationale contre le trafic illicite des biens culturels" que l’on qualifie également de « crime de guerre » lancé par l’Unesco.

Ferréol Constant Patrick Gassackys

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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