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Comment aider les pays à affronter la crise climatique ?

Vendredi 8 Mars 2024 - 14:01

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Pour atteindre l’objectif de limiter la hausse des températures mondiales à 1,5 degré Celsius au-dessus des niveaux préindustriels, les pays n’ont d’autre choix que de réduire considérablement les émissions de combustibles fossiles et de passer à une économie à faible émission de carbone. D’où l’intérêt de cinq méthodes éprouvées pour aider les nations à devenir plus résilientes face au changement climatique.

  1. Les systèmes d’alerte précoce

Les recherches démontrent qu’une alerte donnée 24 heures avant une vague de chaleur ou une tempête imminente peut réduire de 30% les dommages subséquents. Les systèmes d’alerte précoce assortis de prévisions climatiques représentent l’une des mesures d’adaptation les plus rentables, générant en tout environ neuf dollars davantage pour chaque dollar investi. Des avertissements en temps opportun permettent de prendre des mesures préventives, par exemple étanchéiser les portes avec des sacs de sable avant les inondations, stocker des ressources ou, dans certains cas extrêmes, évacuer les résidences.

  2. La restauration de l’écosystème

La Décennie des Nations unies pour la restauration des écosystèmes, lancée par le Programme des Nations unies pour l’environnement et ses partenaires en 2021, a déclenché un mouvement mondial pour restaurer les écosystèmes. Cet effort planétaire permettra non seulement d’absorber plus de carbone, mais aussi d’accroître les services écosystémiques pour assurer une défense contre les impacts les plus dévastateurs de ces émissions. Dans les villes, la restauration des forêts urbaines rafraîchit l’air et réduit les vagues de chaleur. Par une journée ensoleillée normale, un seul arbre fournit un effet de refroidissement équivalent à deux climatiseurs domestiques fonctionnant pendant 24 heures.

Sur les côtes, les forêts de mangroves assurent des défenses maritimes naturelles contre les ondes de tempête en réduisant la hauteur et la force des vagues de la mer. De plus, la protection des mangroves coûte mille fois moins cher par kilomètre que la construction de digues. En haute altitude, le reverdissement des flancs des montagnes épargne aux communautés les glissements de terrain et les avalanches induits par le climat.

  3. Des infrastructures résilientes au climat

Les infrastructures résilientes au climat comprennent les ouvrages et les systèmes tels que les routes, les ponts et les lignes électriques capables de résister aux chocs climatiques extrêmes. Les infrastructures sont responsables de 88% des coûts estimés de l’adaptation aux changements climatiques. Un rapport de la Banque mondiale révèle que le financement de ces infrastructures résilientes dans les pays à revenu faible et intermédiaire pourrait produire environ 4 200 milliards de dollars de retour sur investissement, soit environ quatre dollars pour chaque dollar investi. Le raisonnement est simple. Les infrastructures résilientes gagnent en rentabilité quand leur cycle de vie est prolongé et quand leur fonctionnement est plus fiable.

Parmi les outils permettant d’encourager l’investissement dans ces infrastructures, on distingue particulièrement les normes réglementaires telles que les codes du bâtiment, des cadres d’aménagement du territoire et l’élaboration de cartes de zones vulnérables. De même, un puissant effort de communication assure que le secteur privé est pleinement informé des risques, des projections et des incertitudes climatiques.

  4. La sécurité de l’approvisionnement en eau

L’histoire du changement climatique est, à bien des égards, une histoire de l’eau, qu’il s’agisse d’inondations, de sécheresses, d’élévation du niveau de la mer ou même d’incendies de forêt. D’ici à 2030, une personne sur deux devrait faire face à de graves pénuries d’eau. Il sera crucial d’investir dans une irrigation plus efficace, car l’agriculture représente 70% de la consommation mondiale d’eau douce. Dans les centres urbains, environ 100 à 120 milliards de mètres cubes pourraient être économisés dans le monde d’ici à 2030 en réduisant seulement les fuites dans les systèmes d’adduction d’eau.

Les gouvernements sont encouragés à élaborer des plans holistiques de gestion de l’eau, connus sous le nom de gestion intégrée des ressources en eau, qui prennent en compte l’ensemble du cycle hydrique : de la source à la distribution, au traitement, à la réutilisation et au retour dans l’environnement.

  5. Planifier à long terme

Les solutions d’adaptation au climat sont plus efficaces si elles sont intégrées dans des stratégies et des politiques à long terme. Les plans nationaux d’adaptation représentent un mécanisme de gouvernance crucial permettant aux pays de planifier l’avenir et de hiérarchiser stratégiquement les besoins d’adaptation.

Ces plans consistent au premier chef à examiner des scénarios climatiques dans les décennies futures et à les combiner avec des évaluations de la vulnérabilité spécifique de différents secteurs. Ceux-ci peuvent aider à guider les décisions gouvernementales sur les questions d’investissement, de réglementation et de cadre fiscal ainsi qu’à sensibiliser le public. Environ soixante-dix pays ont élaboré des plans nationaux d’adaptation, mais ce nombre augmente rapidement.

 

Boris Kharl Ebaka

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Édition du Samedi (SA)

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