Mémoire : le Mémorial Pierre Savorgnan de Brazza reçoit les correspondances de l’explorateur

Lundi 9 Mars 2015 - 10:56

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C’est en présence du président de la République Denis Sassou N’Guesso et de son hôte de marque, le premier ministre du Sao Tomé et Principes, que l’ambassadeur du Congo en France, Henri Lopes, a remis officiellement un certain nombre de documents d’archives au Mémorial Pierre Savorgnan de Brazza par le biais du ministre de la Culture et des arts qui à son tour les  a remis à la conservatrice des lieux, Belinda Ayessa, le 6 mars dernier.

Constitués de l’original de la lettre de nomination du sergent Malamine comme chef provisoire de la station française de Ncouna, d’une lettre de Pierre Savorgnan de Brazza à l’un de ses compagnons les plus prestigieux, Charles de Chavannes, de 21 lettres, qui s’échelonnent sur huit années, de Pierre Savorgnan de Brazza à Décasez et de quelques autres documents, dont une copie originale du traité conclu entre le chef Ngaliémé agissant au nom du Makoko, souverain des Batékés du Congo et Pierre Savorgnan de Brazza, enseigne de vaisseau, agissant au nom de la France ; ces documents de nature à enrichir les archives du Mémorial Pierre Savorgnan De Brazza qui sont au total au nombre de 29, marque la relance d’un processus évolutif et continu pour la récupération des archives du Congo.

En effet, il y a 135 ans que le destin lia l’histoire de ce qui deviendra la ville capitale aux fructueuses aventures de Pierre Savorgnan de Brazza. Ce fils de noblesse italienne, venu des lointaines collines de Castel Gandolfo, qui sut montrer, au nom de la France, combien l’ouverture aux mondes-autres devait conduire des peuples à se connaître et- pourquoi pas à s’apprécier, a déclaré Belinda Ayessa, dans son mot de circonstance.

S’adressant au chef de l’Etat, la directrice du Mémorial, dit : « L’insigne honneur que vous nous faites par votre présence à la cérémonie de remise d’une partie des correspondances de Pierre Savorgnan de Brazza marque de façon particulière l’événement qui vient, une fois de plus, consacrer la vocation du Mémorial Pierre Savorgnan de Brazza d’offrir aux chercheurs, acteurs culturels et aux visiteurs d’horizons divers une suite de références nourricières de l’histoire de notre pays…"

Puis d'ajouter: "Cette œuvre est d’abord la vôtre. Vous en avez mesuré la portée pour la mémoire collective de générations de congolais. Et vous avez admis qu’il n’était pas juste que la figure tutélaire du fondateur de notre cille capitale restât enfouie dans l’obscurité des conflits de mémoires. Ce chemin tracé par vous nous lie au passé ; il ouvre inexorablement vers cet avenir porté par le désir de connaissance de notre histoire dont vous êtes un grand témoin. Acteur avisé de cette même histoire, vous en incarnez aussi les ambitions dans un monde qui bouge, dans un monde qui avance.»

En effet, en lui-même, l’événement ne consacre pas seulement le rapprochement entre de Brazza, qui repose dans ce prestigieux Mémorial, et ses œuvres. Il signifie un peu plus que cela : la constitution progressive d’un fonds documentaire propice à la recherche et au développement d’un cadre de travail scientifique. Voilà pourquoi l’acquisition de ces correspondances est un pas de plus dans l’élaboration patiente du patrimoine de ce lieu symbolique.

La directrice du Mémorial s’est dite persuadée que le trésor que les Congolais viennent de recevoir mettra en lumière la brève période, comprise entre 1880 et 1904. .. C’est donc pour préserver de l’oubli de cette histoire que le Mémorial Pierre Savorgnan de Brazza se réjouit d’être le lieu de ressourcement des cultures où jeunes et moins jeunes pourront découvrir ou réapprendre le vivre-ensemble entre peuples épris de paix et de liberté.  

Le transfert de ces archives constitue un premier pas vers la longue marche

Pour Henri Lopes, même si cette acquisition est modeste par le nombre de pièces concernées, elle constitue tout au moins un premier pas. Car en fait, elle permettra d’abord d’éclairer la personnalité et d’illustrer l’action du patron éponyme de la ville capitale du Congo. Elle constituera ensuite un fond symbolique susceptible de créer un phénomène d’amorce pour l’acquisition d’autres documents capitaux nécessaire à l’écriture de l’histoire du Congo.

Aussi, ce n’est pas un seul fait de hasard si le Congo a pu obtenir ces pièces. Elles appartenaient à Alain Lecomte, un collectionneur de pièces d’art africain, qui était sollicité par différents collectionneurs, notamment américains. Mais grâce à la compréhension du chef de l’Etat congolais, Denis Sassou N’Guesso, efficacement relayé par le ministre d’Etat Firmin Ayessa, l’ambassadeur Henri Lopes a négocié ses achats au profit de l’Etat congolais. Pour ce faire, il n’a pas manqué de remercier le président de la République pour lequel, sa réaction sur cette question n’a pas nécessité de plaidoyer. Elle a été immédiate, et l’ordre d’agir ferme. Tout simplement parce qu’il a perçu et compris que la récupération de ces manuscrits constitue un enjeu national capital.

Henri Lopes, s’est référé du prestigieux poète du mouvement de la négritude, Léon-Gontran Damas, qui au milieu du siècle dernier, lançait un cri pathétique : « Rendez-les moi, mes poupées noires ». D’où, il s’est interrogé sur où sont passées les poupées noires du Congo.

« En tout état de cause, rassurons-nous, les conservateurs actuels de ces richesses ne recevront pas nos demandes de restitutions comme des comportements d’hostilité ni comme un mouvement d’ingratitude. Tel n’est pas la mentalité des chercheurs. Ces transferts peuvent fort bien faire l’objet de négociations apaisées afin d’acquérir, selon les cas, soit la pièce authentique, soit des copies authentifiées. La technologie moderne, notamment la numérisation, rend aisé ce genre d’opération. » Avant de proposer comme thème de méditation cette remarque d’un prix Nobel de la Paix bien connu, Elie Wiesel : « Un homme sans passé est plus pauvre qu’un homme sans avenir ».

Pour le ministre de la culture et des arts, la documentation épistolaire dont le Congo prend possession permet effectivement de mieux pénétrer les Congolais du dessin véritable de Pierre Savorgnan de Brazza. Elle plonge les Congolais dans les tréfonds de l’âme de cet explorateur pétri d’humanisme et de générosité. Puis a garanti que ces archives si précieuses seront préservées comme la prunelle des yeux.

Enfin, Jean Claude Gakosso a salué l’opiniâtreté et la pugnacité de la directrice du Mémorial, qui avec cette admirable fougue juvénile qui la caractérise, non seulement, elle a su s’entourer d’une équipe de jeunes gens dynamiques et dévoués, mais en plus, elle a réussi par une communication à la fois intelligente et obstinée- une technique à dissiper fantasmes et supputations en tout genre sur ce beau panthéon, faisant de cet édifice et de son esplanade un lieu de rencontre et de célébration de la vie, au cœur de cette belle ville capitale !

La cérémonie était agrémentée par l’artiste musicienne Oupta et le comédien Sidobé Cœur-à-cœur le Guru.  

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : l’ambassadeur Henri Lopes remettant un échantillon au ministre Photo 2 : le ministre remettant l’échantillon à la directrice des lieux