Afrique/ Russie : les perspectives de retour en Afrique à renforcerMardi 8 Septembre 2015 - 14:54 Enseignant des questions internationales et de civilisation d’Europe orientale et d’Asie centrale à science-po Paris, Robert Jouanny présente dans Afrique des Idées, un Think tank indépendant, l’état des lieux de la réactivation des liens de la Russie avec l’Afrique subsaharienne Intitulé « le retour russe en Afrique subsaharienne : enjeux, vecteurs et perspectives », l’auteur retrace les nouvelles relations du continent africain avec la Russie depuis les années 2000, au plan politique, économique, et diplomatique et expose ses recommandations. Au plan politique, Robert Jouanny pense que ce regain d’intérêt est un moyen, pour la Russie, de regagner son statut de puissance mondiale tout en se positionnant sur des marchés qui revêtent un intérêt stratégique pour son propre modèle de développement : « Moscou souhaitant afficher sa capacité à projeter de l’influence dans « l’étranger lointain », bien au-delà de son seul « étranger proche ». Au plan économique, l’Afrique s’avère être un terrain d’opportunités majeures pour les entreprises russes qui cherchent à étendre leurs positions sélectives, dans les secteurs des matières premières et de la défense, où elles disposent d’avantages comparatifs, et à tirer profit de la croissance avec certains pays du Golfe de Guinée et d’Afrique australe, notamment l’Afrique du Sud et le Nigéria, deux pays dont Moscou soutient les candidatures au statut de membre permanent au Conseil de sécurité des Nations unies.. L’Afrique concentre 9,7 % des réserves mondiales prouvées de pétrole et 7,8 % des réserves en gaz. D’autre part, l’Afrique comptera près de 4,2 milliards d’habitants en 2100. Elle pourrait devenir un théâtre de rivalités géopolitiques, la présence de Moscou est essentielle. Pour l’auteur, ce retour de la Russie en Afrique subsaharienne semble davantage être une nécessité, économique et politique, qu’un projet à dimension culturelle ou idéologique, permettant d’y tirer « le meilleur de son partenariat avec la région pour se positionner dans le processus concurrentiel de mondialisation ». La nouvelle diplomatie russe offre à l’Afrique subsaharienne « un contrat de coopération pragmatique, « sans affect ni ingérence », tout en capitalisant les liens hérités du passé avec les élites de la région, mais qui ne semble pas encore avoir permis à Moscou de retrouver l’acquis soviétique, ni de rivaliser avec ses concurrents directs, la Chine et le Brésil. Robert Jouanny juge le réinvestissement Russe « modeste, tant par ses moyens que par les effets qu’il produit », le pays « peinant à démontrer sa capacité d’entraînement politique tandis que le volume des échanges réalisés reste dix fois inférieur à celui réalisé par la Chine dans la région ». Contrairement aux pays européens, la Russie n’a jamais été une puissance coloniale en Afrique. Dans la confrontation entre le bloc ouest et le bloc est, la première vague de décolonisation fournira à Moscou l’opportunité de prendre pied en Afrique subsaharienne et y étendre la lutte contre « l’impérialisme » et d’obtenir des soutiens à l’Assemblée générale des Nations unies. En dépit d’un certain activisme récent, la Russie reste malgré tout un partenaire secondaire pour l’Afrique subsaharienne, relève Robert Jouanny, les sociétés civiles se connaissant mal, l’investissement politique demeurant lointain et le potentiel des échanges économiques restant « bridé par les caractéristiques des économies russes (prédominance des secteurs énergétiques et du complexe militaro-industriel à l’export) et africaines, comme par le manque de connaissance réciproque ». « La Russie et l’Afrique subsaharienne gagneraient donc à développer les liens entre leurs populations civiles et à battre en brèche les stéréotypes et les préjugés qui restent vivaces », conclut l’auteur. Noël Ndong Notification:Non |