De plus en plus d’étrangers deviennent citoyens ItaliensLundi 28 Décembre 2015 - 18:48 En deux ans, de 2013 à 2014, le nombre de citoyens italiens d’origine étrangère a crû énormément: d’aucuns s’en réjouissent et d’autres crient à l’invasion. Les chiffres de la fondation italienne Ismu (Initiative et études sur la multiethnicité) indiquent que dans la période 2012-2013, l’Italie a continué à voir le nombre de ses nationaux d’origine étrangère croître. Ils étaient 60.000 en 2012, mais sont passés 130.000 en 2014. Aujourd’hui, le pays compte plus de 231.000 citoyens venus d’Asie, d’Amérique latine, d’Afrique et d’Europe hors Union Européenne. L’Ismu explique cette augmentation par le jeu normal des regroupements familiaux et, surtout, par le nombre de plus en plus élevé d’étrangers ayant un séjour de longue durée. « Ces données s’expliquent en particulier par les regroupements des familles d’étrangers. Elles témoignent non seulement d’une amélioration de l’inclusion dans la société italienne des immigrés, mais atteste aussi que nous assistons à un processus de stabilisation des populations immigrées dans notre pays », souligne la fondation. L’organisme cite en appui le fait que, pour la première fois, le nombre des citoyennetés demandées et acquises a été, en 2014, supérieur aux entrées dans le pays (entrées et refoulements). La fondation indique aussi qu’entre 2008 et 2013, l’Italie comptait 1 citoyen d’origine étrangère sur 4 de souche, mais que 24% d’entre eux avaient une moyenne d’âge ne dépassant pas alors les 15 ans. Mathématiquement, ces adolescents ont grandi et constituent le « contingent » le plus grand dans les nouvelles acquisitions de citoyenneté dans le pays. Ils sont ceux qu’on appelle citoyens de la 2è génération ou encore plus prosaïquement « génération Balotelli ». Né sous le nom de Mario Barwuah en 1990, le grand footballeur Mario Balotelli est un enfant trouvé et adopté par un couple d’Italiens lorsque ses propres parents ghanéens l’abandonnèrent dans une maternité de Palerme. Sa carrière l’a conduit jusqu’à faire partie de la sélection nationale italienne de football avec des hauts et des bas : commentaires dithyrambiques sur son jeu lorsque l’équipe gagnait et féroces quolibets sur ses origines lorsque les choses allaient diversement. Ce fut le cas lors de la Coupe du monde du Brésil en 2014 (Italie éliminée par l’Uruguay 0-1 en phase de poules). Son nom désigne désormais tous ces Italiens nés ou grandis en Italie et autour desquels un débat animé continue d’opposer partisans du droit du sol et tenants du droit par descendance, qui soutiennent qu’on naît Italien, mais qu’on ne le devient pas. Dans le contexte général d’appréhension suscitée par la violence du groupe islamiste de l’Etat islamique, l’opinion se montre de plus en plus frileuse devant un accueil débridé des étrangers, soupçonnés de venir en masse pour imposer des us et coutumes qui ne sont pas ceux de l’Italie originelle. Les chiffres de l’Ismu vont certainement rallumer ce débat, les partis xénophobes estimant que beaucoup d' immigrés venus dans un pays dont l’économie n’est pas totalement sortie de la crise, sont en fait des migrants économiques. Et qu’il faut donc les renvoyer chez eux en masse pour qu’ils ne pèsent pas sur les dépenses sociales italiennes. En face, il leur est rétorqué que c’est précisément parce que ces nouveaux citoyens payent des impôts qu’ils vont contribuer à résorber le trou des caisses de sécurité sociale et redynamiser une démographie qui commence déjà à compter plus de vieux que de jeunes. Rien de surprenant aussi au fait que c’est dans les régions devenues fiefs d’implantation du principal mouvement anti-immigré d’Italie, la Ligue du Nord, que l’on compte le plus de nouveaux citoyens italiens. La Lombardie, la Vénétie, l’Emilie Romagne et le Piémont, régions prospères du nord, qui sont les quatre premières régions d’implantation des nouveaux citoyens. Elles sont suivies du Latium (Lazio, Rome et son pourtour), de la Toscane, des Marches et du Frioul (terre d’origine de Savorgnan de Brazza). On signale aussi qu’en Europe, l’Italie se classe au 4è rang des pays ayant accordé le plus de citoyennetés aux étrangers, derrière l’Allemagne, la Grande-Bretagne et l’Espagne. Lucien Mpama Notification:Non |