Interview. Roga-Roga : « C’est dans l’optique de prodiguer des conseils que j’ai chanté Oyo ekoya eya »

Dimanche 10 Janvier 2016 - 15:30

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Le président du groupe Extra musica, Roga-Roga missile Zébira Zatatatou, vient de mettre sur le marché du disque un maxi single intitulé : Oyo ekoya eya. Lancé le 31 décembre 2015, ce maxi single de cinq titres parmi lesquels : Oyo ekoya eya, La lettre au président, Mopepe ya sika, Lisalisi et Okouma village, fait déjà le buzz dans les réseaux sociaux, tant pour sa titraille que pour son contenu. Nous avons rencontré son auteur qui nous a expliqué en long et en large la philosophie de ce maxi single.

Dépêches de Brazzaville : Pourquoi avoir titré votre dernier opus, Oyo ekoya eya qui veut dire en français, Advienne que pourra ; n’est-ce pas un titre incitatif ?

Roga-Roga : Oyo ekoya eya est un slogan pour faire réveiller les jeunes Congolais en particulier et Africains en général, pour qu’ils n’aient plus la peur d’entrevoir, parce que la peur est un obstacle qui freine beaucoup de choses. Je suis sûr que d’ici-là, les jeunes vont commencer à entreprendre. C’est le sens de cette interpellation. Par contre, s’il y a des gens qui pensent autrement tant mieux, car chacun de nous est libre d’interpréter à sa façon. Je n’ai fait que prodiguer des conseils et conscientiser, ce qui n’est que normal puisque c’est  mon devoir. Que celui qui veut s’en serve, que celui qui ne veut pas laisse. 

Dans ce maxi single, je dénonce aussi les faits négatifs qui prennent corps dans la société congolaise. Aujourd’hui, nous avons des autorités qui ne font pas ce qu’on leur demande. À travers ce maxi single, nous les incitons au travail bien fait. Lorsque le chef de l’État demande, par exemple, à ses collaborateurs de faire quelque chose pour le bénéfice du peuple congolais, ces derniers doivent le faire tel qu’il a instruit. Mais c’est curieux que certains le font comme ils le pensent. Voilà pourquoi nous avions décidé à travers la chanson La lettre au président de dénoncer le mauvais comportement de ces responsables auprès du président de la République, dans le seul but de permettre au Congo d’aller de l’avant.

DB : Vous entrez de plain-pied dans la musique engagée alors ?

RR : Obligé ! Car on ne peut pas tous les jours chanter que de l’amour. Il arrive des moments où il faut sortir de sa carapace, en disant plus haut ce que l’on dit plus bas, mais avec de la manière. Par exemple, est-ce que c’est normal que le patron des Grands travaux ordonne de construire un goudron de 10m de largeur et les sous-traitants fassent le goudron de 4m ? D’où, il faut dénoncer.

DB : Votre maxi single Oyo ekoya eya fait le buzz sur les réseaux sociaux non seulement pour avoir dénoncé les responsables qui n’exécutent pas à la lettre les orientations, mais aussi pour avoir conscientisé vos compatriotes de la diaspora. Pris de colère, certains d’entre eux attendent vous cueillir brutalement à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle. Qu’allez-vous faire ?

RR : Ils me jugent à tort, car je n’ai pas généralisé mais plutôt utilisé la première personne du singulier « Je ». Parce que je sais que tout le monde n’est pas pareil. Il y en a qui ont réussi, qui travaillent, vivent bien avec leur famille, qui ont des appartements, des voitures, payent leurs impôts…. Ceux-là, il faut les respecter. Par contre, celui qui s’énerve, c’est celui qui se sent morveux, alors qu’il se mouche. C’est dans l’optique de prodiguer des conseils que j’ai chanté Oyo ekoya eya. Les conseils à mon avis on les accepte, et je continuerai toujours à le faire. Sinon je ne peux pas admettre qu’un Congolais digne de ce nom, puisse passer 20 ans en France, sans un titre de séjour (papiers), sans travail, qu’il ne paye pas ses impôts, ce n’est pas normal. C’est à travers ces gens-là qu’on est en train de juger l’Afrique. D’où, je pense qu’il faut revenir au pays. On n’est mieux chez soi, surtout que les métiers, ce n’est pas ce qui manque. Ils ne veulent plus revenir et sont devenus comme un chasseur qui est allé en forêt, mais n’a pas trouvé de gibier, et a honte de revenir au village. S’ils n’ont pas le courage de revenir, je serai-là pour les éclairer, afin qu’ils reviennent au pays le plus vite possible, advienne que pourra. Je sais que c’est une pilule difficile à avaler, mais qu’ils l’avalent parce que ça va soigner.

DB : Auriez-vous le courage d’aller vous produire encore en France ?

RR : Je ne peux pas avoir peur d’aller me produire en France parce que la France appartient aux Français, l’Europe aux Européens et non aux Africains. Un Africain qui vit en France ne peut pas empêcher un autre Africain d’aller en France. Je partirai en France quand je voudrais. Si les gens pensent qu’ils m’attendent pour me brutaliser, ils auront un problème avec la justice française, parce que la France est un pays de droit. Je ne me fatiguerai jamais et je continuerai toujours à dénoncer le mal. Ça fait partir de mes devoirs. Même les responsables politiques qui ne vont pas bien se comporter, je vais dénoncer. Si les Congolais de la diaspora ne se comportent pas bien, je vais dénoncer aussi, Oyo ekoya eya.

DB : Quelle est la particularité du maxi single Oyo ekoya eya ?

RR : Il y a plusieurs particularités. J’ai par exemple essayé de métisser la guitare et la musique folklorique de mon village Okouma. Nous avions fait passer aussi un message important sur nos compatriotes de la diaspora à l’intérieur…

DB : Les mélomanes vous accusent de ne pas avoir fait la promotion de l’album Contentieux, d’où s’interrogent-ils si ce maxi single ne connaîtra pas le même sort ? Et pourquoi avoir lancé subitement Oyo ekoya eya, alors qu’ils n’avaient pas encore fini de savourer l’album Contentieux ? 

RR : Pas du tout. Nous avions préparé ce maxi single Oyo ekoya eya, le plus vite possible, parce qu’on voulait faire danser les gens au mois de décembre, pendant la période festive. Il ne connaîtra pas le même problème puisqu’ils le disent parce que cette fois-ci, la maison Ibrok’s production a décidé de porter son regard de ce côté-là. Une grande promotion est prévue courant ce mois de janvier- février- mars. J’ai confiance en cette maison qui s’agrandie du jour au jour et devient une véritable force de frappe.

Quant à l’album Contentieux, en réalité, il devait contenir 17 titres, et nous n’avions fait que 11. D’où, nous avions décidé de rajouter ce qui manquait. Donc Oyo ekoya eya est la continuité de l’album Contentieux. Je vous informe aussi que le groupe Extra musica prépare déjà son prochain opus qui s’intitulera 242. Tous les musiciens mettront leurs chansons, contrairement au maxi single Oyo ekoya eya, qui est exclusivement de Roga-Roga, président d’Extra musica.

DB : Pourquoi tous les génériques qui passent ces derniers temps, quel que soit le groupe, n’ont plus que le même caché ? Est-ce une faiblesse qui s’annonce déjà dans ce domaine pour la musique congolaise ?

RR : Il faut dire les choses vraies, c’est le caché d’Extra musica qu’ils imitent. Tous les groupes ont compris que les génériques est l’apanage d’Extra musica. Ça montre la suprématie d’Extra musica. Ils ont abandonné leurs cachets pour suivre le nôtre afin de sortir la tête de l’eau. Cela nous réjouit énormément de retrouver Extra musica partout et prouve à suffisance que nous sommes les meilleurs. Mais qu’ils sachent que l’original reste l’original.

DB : Où peut-on trouver cet opus sur le marché ?

RR : Oyo ekoya eya est déjà disponible chez tous les disquaires, partout où l’on vend les CD. Il est disponible aussi sur les sites en lignes. Il est distribué par la maison Ibrok’s production au Congo et en Afrique. Au niveau de l’Europe, il est distribué par Cyriaque Bassoka. Sorti à peine le 31 décembre, il a mis déjà tout le monde d’accord.  

DB : Un message à tous…

RR : Je suis très content de la réaction des Dépêches de Brazzaville, qui est le premier organe de presse à m’interviewer depuis la sortie de ce maxi single. Je profite de l’occasion pour souhaiter une bonne année à tout le monde au nom d’Extra musica. Je prie aussi que la paix règne au Congo, parce que nous allons entrer bientôt dans la phase de l'élection présidentielle. C’est une période souvent tumultueuse. Je dirais aux uns et aux autres que nous sommes en démocratie, que chacun choisisse son candidat sans déranger l’autre. J’ose espérer que le Seigneur Jésus Christ garde ce beau pays afin que la paix règne.

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Roga-Roga au studio lors de l'enregistrement d'Oyo ekoya eya Photo 2 : La pochette de l’album Oyo ekoya ya

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