Les drones américains pourront frapper la Libye à partir de l’Italie

Mercredi 24 Février 2016 - 18:00

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel

La péninsule italienne se sent de plus en plus visée par la menace djihadiste : Rome a donc décidé l’utilisation de son territoire pour aller bombarder en Libye

Les choses se répètent mais ne se ressemblent pas. En 2011, l’Italie avait freiné des quatre fers contre les frappes aériennes décidées par la France et la Grande-Bretagne contre la Libye de Mouammar Kadhafi. Elle exigeait l’obtention préalable d’un mandat de l’ONU et ne l’obtint que plus tard, à destin consumé. Cette fois, les bombardements en Libye sont principalement menés par des chasseurs américains contre des camps d’entraînement présumés de l’organisation Etat islamique (EI). Bientôt s’y joindront aussi les attaques des redoutables  drones Predator, ces avions, sans pilotes, américains dirigés à partir du sol.

C’est-à-dire d’une base américaine située à Sigonella, en Sicile. Le gouvernement italien a donné son accord « sous condition ». Chaque fois qu’il sera besoin d’y recourir, les Américains « devront demander à notre gouvernement » l’autorisation pour cela, a déclaré la ministre italienne de la Défense, Roberta Pinotti. Les frappes, « en dernier ressort », seront limitées aux opérations nécessaires à « la protection des installations et du personnel américain et de toute la coalition » en Libye et « dans toute la zone ».

Cela n’est pas la guerre, mais ça y ressemble fort. Jusqu’ici, l’Italie s’était déclarée opposée à l’envoi d’une force terrestre en Libye pour combattre les djihadistes. Elle privilégiait la diplomatie pour aboutir, notamment, à la formation d’un gouvernement d’union nationale « installé à Tripoli ». Mais les pourparlers des différents groupes libyens antagonistes s’avèrent laborieux. Le vote pour un tel gouvernement devait intervenir mardi ; il a été reporté, certaines factions exigeant qu’il ne se tienne pas au « parlement » de Tobrouk, mais à celui de Tripoli, la capitale aux mains d’un groupe rebelle.

Ces atermoiements favorisent le déploiement sur le terrain des forces de l’Etat islamique qui a multiplié les menaces directes contre l’Italie ces derniers mois. Dans la discrétion, des forces spéciales américaines seraient entrées en action. Des forces spéciales françaises aussi, à en croire des indiscrétions publiées mardi par le quotidien français "Le Monde". Alors, guerre ou pas guerre ? L’Italie explique que la décision d’autoriser les drones américains à opérer à partir de son territoire n’est pas « liée à une accélération concernant la Libye ». Et que « jusqu'à présent, les drones n'ont pas été utilisés dans des interventions armées et nous n'avons reçu aucune demande en ce sens ; aucune décision opérationnelle n'a été prise », a insisté Mme Pinotti. Vendredi dernier, des avions de combat américains partis du Royaume-Uni avaient bombardé un camp d'entraînement de l'EI près de Sabrata, à l'ouest de Tripoli.

Selon le Pentagone, le raid aurait fait plusieurs dizaines de morts dont Noureddine Chouchane, décrit comme un cadre opérationnel de l'EI, qui serait derrière deux récentes attaques en Tunisie : celles du musée du Bardo (22 morts), sur une plage et dans un hôtel près de Sousse (38 morts). La guerre, comme on le sait, se nourrit de rumeurs et de démentis. La Libye entre dans cette phase d’accélération que ne veulent pas reconnaître les différents protagonistes. A Washington, un rapport (le rapport du Stimson center) soutient que plus d'une dizaine de pays dans le monde abriteraient déjà des bases de drones américains : Djibouti, Ethiopie, Niger et Seychelles pour ne parler que de l’Afrique.

Lucien Mpama

Notification: 

Non