Couleurs de chez nous : adieu la palme !

Samedi 8 Octobre 2016 - 10:01

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Tout Congolais né avant 1980, voire après, sait ce que représente la palme dans la culture du pays. Selon le lieu, l’emplacement ou selon qu’on lui adjoint une fleur, la palme symbolise un évènement triste ou heureux.

Une palme à l’entrée d’une rue indique la direction où a lieu une veillée. Une palme devant une parcelle signifie que le malheur frappe ce lieu. Au devant d’une voiture ou de tout autre moyen de transport, elle suppose un convoi funéraire. Par contre, une palme doublée d’une fleur (jaune généralement) est synonyme de joie : retrait de deuil, mariage ou célébration d’anniversaire. Ainsi communiquaient les Congolais, et continuent-ils de communiquer, selon une coutume bien à eux, de génération en génération. Une forme de communication à tous vents, car non ciblée. Une communication gratuite mais avec un impact souhaité auprès des destinataires. On mentionnera, en passant, cette hutte tout en palmes, dans nos villages, au milieu d’une habitation, pour abriter un corps. Hélas ! aujourd’hui supplantée par la chapelle.

Or, le temps passant, les choses changent. Désormais, c’est à une autre forme de communication qu’on assiste : la montée de la banderole ou du calicot. Comme quoi, là où gît la palme, trône désormais la banderole avec, dans un coin, ou au centre de la banderole, une photo pour renseigner sur l’identité du « disparu ». Comme à la télé, toute personne ayant connu la personne décédée se retrouve. Sur bâche ou sur toile, on peut donc lire : « Le quartier pleure untel » ; « La famille X, réunie dans la douleur, pleure … » ; « Le Grand X s’en est allé ! », etc.

À Brazzaville, cette mode fait florès. Surtout le long des grandes avenues où l’on voit flotter des banderoles au contenu nécrologique malgré l’esthétique qu’y mettent les sérigraphes et les couleurs qui contrastent avec celles du deuil (noire ou blanche). Désormais, chaque famille s’en accommode et choisit son style en fonction de ses moyens ou du rang social du « défunt ».  

Cette « mode » est rendue possible par les sérigraphes en mal de marchés. On dira désormais en quête de marchés.  Se démarquant des vieilles méthodes qui consistaient à attendre le client, décorateurs, sérigraphes, infographistes et designers sortis des écoles de formation, s’appuient sur le marketing pour leur visibilité et leur épanouissement professionnel. Pour mémoire, le drapeau du Congo, entre 1969 et 1991, portait en lui deux palmes vertes. Mais aucun rapport avec la coutume ci-dessus décrite. En attendant bien d’autres inventions sociales, disons : adieu la palme ! 

Van Francis Ntaloubi

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