Application de l'Accord de la Saint-Sylvestre : les laïcs catholiques s'en remettent à l’Union africaine

Lundi 25 Juin 2018 - 13:45

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Dans une correspondance adressée au président de l’institution panafricaine, le 23 juin, le Comité laïc de coordination catholique (CLC) attire l’attention de Paul Kagame sur le blocage de la mise en œuvre du consensus du 31 décembre 2016.

C’est un appel pathétique que le CLC, une structure religieuse proche de l’Eglise catholique, vient de lancer au président de l'Union africaine via une correspondance datant du 23 juin. Alors que la Commission électorale nationale indépendante (Céni) convoquait le corps électoral, ouvrant ainsi l’appel à candidatures à la députation provinciale, les laïcs catholiques, eux, ont trouvé le moment tout indiqué pour écrire au président Paul Kagame et lui décrire la situation politique en RDC  qui, d’après eux, n’aurait pas beaucoup évolué. Leur courrier fait suite à un autre adressé au secrétaire général de l’ONU avec, à la clé, les mêmes motivations, à savoir le blocage que connaît la mise en œuvre de l’Accord politique et inclusif de la Saint- Sylvestre.

Selon le CLC, cet accord censé conduire le pays vers des élections crédibles, transparentes, inclusives et capables de garantir la paix post électorale continue à faire du surplace. « Aucune mesure significative d’impartialité et de bonne foi n'a été d’application de la part des gouvernants et de la direction de la Céni », constate le CLC. La structure égrène une série de faits qui attestent l’absence d’évolution dans l’exécution de ce texte, à commencer par le fait qu’aucun opposant emblématique n’a été jusque-là libéré et qu’aucun exilé politique n'est rentré au pays comme convenu entre parties prenantes.

Brossant la situation politique du pays, le CLC estime qu'elle est simplement préoccupante, citant, entre autres, des « interpellations fantaisistes » et des « arrestations arbitraires des membres des mouvements citoyens et des activistes pro démocratie et des droits de l’homme, la non libéralisation des espaces démocratiques et médiatiques», etc. Des faits qui ont exacerbé la tension sociale sur fond des propos de certains membres de la majorité présidentielle faisant état de la candidature de Joseph Kabila à un troisième mandat, au mépris de la Constitution et de l'accord du 31 décembre 2016. Concernant le financement des élections, le CLC note à ce jour l’absence de décaissement des fonds alors que le gouvernement a opposé un refus catégorique à l'aide proposée par la communauté internationale pour soutenir ce processus. 

Par ailleurs, le CLC voit d’un mauvais œil l’obstination de la Céni à imposer le recours à la machine à voter, non prévue par la loi et décriée par tous. La structure émet également des appréhensions par rapport aux déficiences décelées dans le fichier électoral, avec notamment l’existence d’une réserve de plus de sept millions d’inscrits sans empreintes digitales et la disparition des cartes vierges. « Dans ces conditions, le résultat du processus électoral en cours n’a aucune chance de conforter l’unanimité nationale et de garantir la paix pendant et après les élections », relève le CLC.

Aussi les laïcs catholiques interpellent-ils l’Union africaine auprès de laquelle ils sollicitent « une plus grande implication afin de permettre au peuple congolais qui a tant souffert, de vivre une alternance pacifique qui puisse garantir la paix et la stabilité dans la région ». Et pour sauvegarder l’intérêt commun, ils déclarent n’avoir d’autres choix que « de reprendre dans les semaines qui viennent ses actions avec l’ensemble du peuple congolais plus que jamais éveillé et mobilisé ». 

Alain Diasso

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