Présidence de la République : Félix Tshisekedi promet de gracier les prisonniers politiques

Samedi 2 Mars 2019 - 15:00

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Le programme d’urgence de cent jours du chef de l'Etat, rendu public le 2 mars pour que la population se l’attribue et en fasse le suivi, porte notamment sur les domaines politique, social et sécuritaire. 

L’attention des Congolais était focalisée samedi sur la Place de l’échangeur de Limete, où le président de la République, Félix-Antoine Tshisakedi Tshilombo, a présenté son programme d’urgence pour les cent premiers jours de sa mandature. C’était en présence des chefs des corps constitués, des membres du gouvernement, du Conseil supérieur de la magistrature, des représentants du corps diplomatique et des présidents des institutions d’appui à la démocratie. Une foule compacte s’est mobilisée autour de l’esplanade pour suivre l’adresse du chef de l'Etat qui, en somme, constituait le point focal de la cérémonie.

Comme à l'accoutumée, l’allocution de Félix Tshisekedi aura été ponctuée par une série d’annonces-phares, la plupart ayant déjà alimenté ses discours de campagne. Une fois encore, le président de la République est revenu sur sa promesse de libérer les prisonniers politiques afin de donner un contenu à la décrispation politique.

« Dans les dix jours, je vais prendre une mesure de grâce présidentielle au bénéfice des prisonniers politiques ayant été condamnés par des décisions coulées en force des choses jugées », a-t-il promis. Le ministre de la Justice, a ajouté le chef de l'Etat, sera, par ailleurs, instruit « de prendre, dans le même délai, toutes les mesures nécessaires dans les conditions prévues par la loi, pour une libération conditionnelle de toutes les personnes détenues pour le délit d’opinion, notamment dans le cadre des manifestations politiques avant les élections ».  

Retour imminent des exilés politiques

Il en est de même des exilés politiques dont le retour au pays est imminent. « Je vais œuvrer activement à créer les conditions d’un retour rapide des compatriotes qui se trouvent actuellement à l’extérieur du pays pour des raisons politiques afin qu’ils y exercent leurs activités, dans le respect de la loi et des institutions républicaines », a déclaré Félix Tshisekedi. Une annonce qui tombe à point nommé, juste au lendemain du recouvrement par Moïse Katumbi de son passeport biométrique, créant ainsi les conditions optimales de son retour au pays.    

Sur le plan sécuritaire, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a notamment épinglé la situation préoccupante dans le Grand Nord, précisément dans les territoires de Beni et Butembo en proie aux violences depuis plusieurs décennies du fait des incursions récurrentes des rebelles ougandais des Forces démocratiques alliées. Le chef de l’Etat a indiqué qu’un dispositif sécuritaire conséquent est en préparation avec les services concernés pour consolider les positions des Forces armées de la République démocratique du Congo sur place et faire face aux groupes armés concernés. Un appel solennel a été lancé aux acteurs politiques et de la société civile de la région de Beni et Lubero, exhortés à s’inscrire sur la voie d’un dialogue pour la paix et la sécurité. « J’ai ordonné qu’un dialogue soit entamé avec les principaux acteurs politiques, de la société civile et les forces vives de la région pour créer les conditions de retour de paix et de la sécurité dans les contrées indiquées », a martelé le président de la République. Aucune date n’a pas cependant été avancée pour le début de ce forum.  

Yumbi au cœur d’une tripartite

Le chef de l'Etat n’a pas manqué de glisser un mot sur la situation de Yumbi, dans l’ex-province de Bandundu, théâtre d’affrontements intercommunautaires d’une ampleur sans précédent avec, à la clé, des centaines des morts et des déplacés, sans parler des dégâts matériels innombrables. A ce sujet, il a annoncé la mise en place d’une tripartite RDC-Congo-HCR censée travailler pour le retour dans ce territoire sinistré des Congolais qui se sont réfugiés à Brazzaville depuis les violences de décembre dernier. Une première évaluation est attendue pour faire l’état des lieux de la question et analyser les conditions sécuritaires, humanitaires et sanitaires afin d’y apporter les solutions idoines pour le retour de ces déplacés estimés à près de seize mille au Congo voisin et dans les forêts avoisinants.

Au plan social, Félix Antoine Tshisekedi a mis une emphase particulière sur la distribution de la justice, convaincu que c’est bien elle qui élève une nation. Le président de la République a promis qu’il veillera à ce que l’appareil judiciaire et les autres structures ad hoc soient redynamisés pour mettre l’action publique en mouvement et lutter contre la corruption.

« Je vais veiller à ce que la justice soit administrée par des personnes intègres et aux valeurs morales irréprochables, disposées à lutter contre la corruption qui ternit l’image d’un véritable Etat de droit », a-t-il signifié, avant d’inviter le Conseil supérieur de la magistrature à s’engager véritablement sur la voie de la réhabilitation de l’institution judiciaire.

Toujours au plan social, le président citoyen congolais a réitéré son vœu de voir les conditions de vie de ses compatriotes s’améliorer. Il a promis d’élaborer un code d’éthique institutionnel et de veiller à son application. Félix Tshisekedi a également pris le pari d’assainir le climat des affaires par la vulgarisation du nouveau code minier et de conclure des contrats miniers gagnant-gagnant. « Pour la réussite de ce programme, j’ai besoin de l’accompagnement du peuple congolais que j’invite au changement des mentalités, notamment par le respect de la vie humaine, des droits et de la liberté pour tous », a souhaité le président de la République.         

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Félix Tshisekedi lors de la présentation de son programme d'urgence

Notification: 

Non