Éducation : les systèmes éducatifs en Afrique au coeur des débats du FAWE-CongoLundi 31 Mars 2014 - 21:49 Dans le cadre du mois de la femme, le Forum des éducatrices du Congo (FAWE) a organisé, le vendredi 28 mars à l’amphithéâtre le Phénotype, sous la houlette de sa présidente Rosalie Kama-Niamayoua, une conférence-débat axée sur la jeune fille et sa scolarité L’objectif fondamental était de murir cette réflexion en donnant la possibilité à chacune d’améliorer au fil du temps le document qu'elle était en train de concevoir. Dans un long exposé présenté devant un large auditoire, la présidente du FAWE a parlé de la colonisation, notamment de ses premières conquêtes en Afrique, en se référant, d’une part, aux modèles français et anglais et, d’autre part, au système éducatif actuel avec quelques perspectives. « L’Afrique avait une éducation. Aujourd’hui on l’appelle éducation traditionnelle. C’était l’institution en charge de l’enseignement. Il s’agissait d’une forme d’éducation collective où l’apprentissage se faisait par voie orale, pat l’observation et par imitation. L’enfant apprend par l’expérience de ses pairs. L’art, le jeu, la musique et la danse faisaient partie des actes de la vie. Et c’est en cette union du milieu dans lequel il vit qu’il devient un être accompli », a-t-elle souligné. L’œil colonial va modifier fondamentalement cette vision et les deux principales puissances colonisatrices, la France et la Grande-Bretagne, vont s’atteler à imposer leurs visions dans l’éducation. « La Grande-Bretagne a adopté une stratégie tout à fait commerciale en s’intéressant aux pays africains économiquement stables et forts. L’économie anglaise au départ était plus réceptive vis-à-vis de l’enseignement. La demande des populations était forte car la formation d’une main d’oeuvre opérationnelle était une nécessité. Le système anglophone préconisait donc un système éducatif, c’est-à-dire, décentralisé et flexible », a-t-elle déclaré. Quant à la France qui cherchait à satisfaire au désir de conquête militaire, a occupé quelquefois les terres les plus pauvres. Au niveau des colonies françaises, les besoins d’une main d’œuvre traditionnelle relevait aussi d’une nécessité. « La politique éducative soutenue par la France est celle de l’assimilation. Les colonisés devaient devenir les citoyens français. L’école éduque les valeurs françaises sous contrôle de l’Etat. Les écoles donc des missionnaires, sans le soutien de l’État, disparaissaient en grand nombre. Les chefs locaux sont désinvestis de leurs pouvoirs et de leurs fonctions pour être remplacés par une nouvelle élite formée par l’école », a ajouté la présidente du FAWE. Rosalie Kama-Niamayoua a indiqué qu’un système élitiste et sélectif est mis en place pour la récompense de l’éducation et l’accès à des postes dans l’administration. Les cours sont dispensés totalement en français ; et les programmes bien sûr sont composés par l’État. Concernant les missionnaires la France depuis la loi 1905, a déclaré la séparation de l’Église et de l’État. Au domaine éducatif deux types d’écoles cohabitent. Celles gérées par l’État et celles gérées par les missionnaires. Dans certains pays, le colonisateur auprès des populations a préféré interdire l’implantation des écoles missionnaires, surtout les pays musulmans. Le système éducatif actuel Après l’indépendance les États africains se sont dotés de systèmes éducatifs calqués sur les modèles du colonisateur. Rosalie Kama-Niamayoua a épinglé quelques-unes des pratiques des systèmes anglophones, francophones, espagnols, lusophones et arabophones. Pour elle, le monde d’aujourd’hui est aussi devenu un village planétaire. Personne n'est censé oublier ce qui se passe chez le voisin et le voisin qui arrive à réussir dans les bonnes pratiques, se sent obligé de les présenter aux autres afin que ceux-là puissent aussi s’améliorer. Sur la question du partenariat, Rosalie Kama-Niamayoua a salué l’engagement de l’Unicef, de la Banque mondiale, de la Comedaf, de la Confemen, du Parsec, de l’ADEA, etc. envers une approche globale qui encourage l’éducation en Afrique. Chacun dans son domaine, a permis donc le développement accéléré de l’enseignement. « Souvent on n'arrête pas de dire que l’école congolaise ne vaut rien. Nous avons fait faire une évaluation par le Parsec en 2006 et 2007 et les résultats étaient concluants, disant qu'effectivement ce n’est peut-être pas au top au Congo, mais on n'y est pas plus mal que dans les pays d’Afrique de l’Ouest », a indiqué Rosalie Kama-Niamayoua, rappelant le faible financement de l’enseignement supérieur par les décideurs. Signalons que la soixantaine de participants, parmi lesquels quelques universitaires et éducatrices, ont débattu longuement de la thématique « Les systèmes éducatifs en Afrique ». Sachant que pour l’Union africaine, la population jeune de l’Afrique reste un atout. Guillaume Ondzé |