Couleurs de chez nous : habitatJeudi 18 Juin 2020 - 18:35 Il fait les hommes. Il traduit leurs cultures. Il exprime le niveau économique d’une société. Bref, comme l’écrivent Demangeon et Perpillou à savoir que « L'habitat comprend non seulement le logis des hommes, où ils se mettent à l'abri des intempéries et en sécurité pendant les heures de repos, mais aussi toutes les constructions annexes où ils enferment leurs animaux domestiques, leurs récoltes, leurs réserves de fourrage et de semences, leur matériel de culture. » Au Congo, et notamment à Brazzaville, un terrain dédié à l’habitation fait généralement vingt mètres sur vingt. Sur cette superficie sont érigées une maison centrale avec plusieurs chambres et une maison annexe à l’arrière. Dans la grande maison de « deux ou quatre pentes » vit le propriétaire avec son épouse (ou ses épouses, car c’était la mode ou la coutume) ainsi que les enfants en bas âge. L’annexe composée de studios ou d’appartements d’un salon et une chambre logent les enfants déjà adultes et les autres membres de la famille : mère, sœurs, nièces, neveux, etc. La famille est restée sacrée jusqu’à une certaine période ! Depuis quelques années, cette configuration a évolué. Celui qu’on désigne par le « propriétaire de la maison », devenu vieux et à la retraite, a été contraint de rejoindre l’annexe avec son épouse qui lui est demeurée fidèle. Une douce révolution familiale qui permet désormais à l’un des fils d’officier dans la grande maison. Pourtant les Congolais d’aujourd’hui (35-55 ans) ne s’accommodent plus de ce type d’habitat ou concessions de famille. Faisant haro sur le principe d’un terrain de quatre cents mètres carrés, ils acceptent volontiers les vingt mètres sur dix. Voire moins ! Une réalité dictée par les coûts de plus en plus onéreux des terrains. En effet, si le prix d’un terrain à l’époque était à peine le double ou le triple du salaire d’un fonctionnaire ou d’un employé d’entreprise, une parcelle pour habitation coûte aujourd’hui cinquante fois ou plus le salaire d’un fonctionnaire moyen. Même le crédit bancaire ne permet plus d’acquérir une portion de terre parce qu’il faut réunir à partir de dix millions de francs CFA pour espérer décrocher un terrain dans la périphérie de Brazzaville ! Dans les nouveaux habitats, on se contente d’une maison divisée en deux appartements de deux chambres chacun avec parfois cuisine et toilettes. Une disposition plus ou moins moderne dont se console le Congolais actuel avec l’option de mettre en location le deuxième appartement. Mais cette configuration fausse les liens familiaux car, contrairement aux gens d’avant, ceux des temps actuels hébergent difficilement les cousins, neveux et nièces. Et contrairement à leurs aînés, ils savent exploiter les deux cents mètres carrés de terrain en y érigeant soit une maison unique avec trois ou quatre chambres soit une maison avec un appartement en location et, enfin, l’une des options, pour quelques nantis, étant d’y bâtir une maison dite R+1 ou duplex. En gagnant en espace en hauteur, on s’offre ainsi une cour au sol. Bref ! Telle est la nouvelle tendance des constructions en ville. A suivre… Van Francis Ntaloubi Notification:Non |