Interview Augustin Rochnell Zoko: « J’ai besoin de l’appui du gouvernement »Samedi 5 Septembre 2020 - 16:15 Le jeune congolais de 28 ans est le président directeur général de l’entreprise Zarpower (SARL) qui œuvre depuis trois ans dans le secteur de l’agro-pastoral avant de se lancer récemment dans le tourisme. Natif de Pointe-Noire, il a, au cours d’un entretien avec les Dépêches de Brazzaville, lancé un appel aux jeunes d’entreprendre et solliciter l’appui de l’Etat. Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B.): Qui êtes-vous M. Zoko ?
Augustin Rochnell Zoko (A.R.Z.): Je suis un jeune entrepreneur congolais évoluant dans les secteurs de l’élevage, l’agriculture et le tourisme. Je suis à trois ans d’expérience dans le monde entrepreneurial. Natif de Pointe-Noire, j’ai grandi à Paka où j’ai fait mes études primaires et secondaires avant d’aller à l’Université Marien Ngouabi. J’ai obtenu mon Master1 quatre ans après en Droit des affaires et administration des entreprises. Je suis arrivé dans le monde professionnel à Pointe-Noire en 2015 par un stage et en 2016 par un contrat d’emploi direct dans le secteur maritime.
L.D.B : D’où vous est venue l’idée de faire l’élevage ? A.R.Z : En 2017, je me suis lancé dans l’élevage parce que, quand j’étais encore très jeune, je me voyais devenir un grand entrepreneur et j’essayais à travers les documentaires et les ouvrages, de voir comment les entrepreneurs dans d’autres pays évoluent. Les Congolais évoluent souvent dans le secteur de l’immobilier, un secteur qui est difficile pour nous qui sommes les débutants. Et j’ai pris l’exemple de l’Afrique de l’ouest, où j’ai vu beaucoup de jeunes entrepreneurs commencer leur vie d’entrepreneur par l’élevage et l’agriculture. Par rapport à tout ce que je voyais et lisais, je me suis dis qu’il était préférable de commencer par ça avant de me lancer dans d’autres domaines. L.D.B : comment étaient vos débuts ? A.R.Z : le début de toute œuvre est difficile. J’ai commencé l’élevage avec trois têtes de moutons. La rentabilité était lente parce qu’il faut attendre six mois, c'est-à-dire deux fois dans l'année, pour que les moutons donnent des petits et souvent c’est un petit et si vous êtes chanceux deux. Je fais les moutons du Tchad et du Soudan. Après, j’ai pensé à me lancer dans l’agriculture pour renforcer l’élevage. Je suis allé à Mouingui après Dolisie où, j’ai pris cinq hectares de maïs en location. Trois mois après, nous avons fait les premières récoltes, j’ai réinvesti cet argent en ajoutant des hectares et une partie réinjectée dans l’élevage. J’ai touché d’autres animaux notamment, les cochons, les bœufs les volailles. L.D.B : Zarpower dispose aussi d’un parc moderne ? A.R.Z : Afin de faire évoluer le côté élevage au Congo, je me suis permis de construire un parc moderne à Nanga, pour les différentes espèces dont je dispose, les cochons, les bœufs, les moutons et la volaille à savoir, les dindons, les canards, les poules. Je fais également la pisciculture. L.D.B : Un mot sur votre site touristique « Zoko village » A.R.Z: Très jeunes encore au lycée, j’avais l’ambition d’avoir un site touristique parce que je suis amoureux de tout ce qui est africain en vue de le valoriser. Les jeunes ont tendance à négliger ce côté africain. Vous allez constater que, mon site reflète plus l’Afrique que l’occident ni l’Amérique, question de valoriser notre culture comme font les autres chez eux. C’est du retour des Etats-Unis à Atlanta que j’ai réalisé mon rêve d’enfance qui va aussi attirer les visiteurs occidentaux. Ce rêve a été rendu possible grâce aux recettes de l’agriculture et de l’élevage afin de faire évoluer le secteur touristique au Congo. L.D.B : Rencontrez-vous des difficultés dans vos différentes ambitions? A.R.Z : Ce n’est pas facile de créer et de tenir une entreprise. J’ai rencontré les difficultés et je les rencontre encore parce que je n’ai pas de sociétaire dans mon business. Le plus souvent, je sollicite des prêts quand je me sens bloqué, je contacte des prêts auprès des amis que je restitue avec une petite majoration d’intérêt. L.D.B : Un appel à l’endroit des autorités nationales A.R.Z : Je suis arrivé à un niveau assez avancé. L’Etat congolais, à travers ces représentants à Pointe-Noire, a vu ce que le jeune entrepreneur congolais battant que je suis a pu faire, j’ai besoin de son appui parce que jusqu’à maintenant je me bats tout seul. Mon but, c’est aussi de mener la jeunesse à entreprendre. L.D.B : quelle est la politique de votre entreprise, Zarpower? A.R.Z : Zarpower est une équipe des jeunes. J’ai pensé que, si vous donnez la possibilité à un jeune de raisonner, il y a plusieurs idées qui arrivent pour innover. Le directeur de mon entreprise a 27ans, une année de moins que le patron que je suis, son assistant de direction a 20 ans, mon directeur de projet à 21 ans, celui qui gère les ressources humaines a 27 ans. Avec cette équipe de moins de 30 ans; nous avons encore du tonus en nous. Et dans la politique de mon entreprise, aux jours avenir, quand nous aurons pris de l’âge, nous resterons comme consultants de notre entreprise et nous laisserons la gestion aux jeunes pour faire évoluer l’entreprise. Avec la jeunesse, je sens l’énergie et on fait bon chemin. L.D.B : Outre l’entrepreneuriat vous menez aussi des actions sociales? A.R.Z : Effectivement, j’ai une association qui s’appelle « Jeune debout », comme je vouais au départ, j’ai grandi à Paka, un quartier qui n’a pas une bonne image au niveau de Pointe-Noire; donc, étant enfant de ce quartier, je me suis engagé à créer un mouvement qui pourra ramener les jeunes à se valoriser en les conscientisant et leur apportant mon aide, c’est d’ailleurs le points clé de mon association, aider les jeunes et les vieilles personnes. Cela fait deux ans que je mène mes actions humanitaires dans l’ombre. Ils ont des témoignages et pendant le confinement avec l’aide de certaines personnes de bonne fois, j’ai apporté de l'aide à plus de 600 ménages. Je me sens à l’aise en faisant ces actions, question de rendre à Dieu la bénédiction qu’il a faite pour moi du jour au lendemain de ma vie. Je suis apolitique. L.D.B : Un message aux jeunes ? A.R.Z : J’appelle la jeunesse congolaise au monde entrepreneurial. Aujourd’hui avec la crise que traverse le pays, si on peut se multiplier en entrepreneurs on peut aider le gouvernement à pouvoir trouver des solutions à cela. Si le pays est en crise c’est parce qu’il y a plus de chômeurs et s’il y a créativité des jeunes dans le monde entrepreneurial, beaucoup de jeunes seraient recrutés et cela réduirait le taux de chômage. Il n’y a pas d’âge pour entreprendre, il n’y as pas un montant fixé pour commencer une affaire mais, c’est juste la volonté et avec ce que l’on a, on peut créer et se lancer. Je sais qu’entreprendre ce n’est pas facile. d’ailleurs, je suis en train d’écrire un livre, "La Pyramide entrepreneurial", ce livre va expliquer aux jeunes, comment se lancer et se tenir debout dans le monde entrepreneurial. Je suis disposé à leur partager mon expérience parce que je suis parti de très bas pour devenir ce que je suis aujourd’hui. Zarpower c'est un cadeau pour mes parents. Propos recueillis par Charlem Léa Itoua Légendes et crédits photo :Augustin Rochnell Zoko / DR Notification:Non |