Lutte contre le paludisme : les combinaisons thérapeutiques à base d’Artémisinine contestéesMardi 29 Avril 2014 - 16:47 Plusieurs voix se sont levées dans la Zone de santé Mont-Ngafula I contre le traitement proposé lors de la journée de sensibilisation organisée la veille de la journée mondiale dédiée à ce combat par Save the children à Matadi Kibala. Il n’y avait pas que les différents membres des relais communautaires réunis le 24 avril par les soins de l’ONG internationale parmi les contestataires de ce produit. Les prestataires de santé, infirmiers et médecins participants à la rencontre ont tout aussi remis en cause les combinaisons thérapeutiques à base d’Artémisinine (ACTs ou CTAs), en particulier l’association artesunate-amodiaquine suite à ses effets secondaires plus que celle de l’artemether-lumefantrine. Les protestations unanimes formulées au nom de l’ensemble de la population de cette contrée urbano-rurale à l’encontre de cette prescription d’usage pourtant courant pour le traitement du paludisme simple est la preuve que le problème se pose avec acuité. Du reste, selon le pharmacien Digata Mboko, la falsification permanente des produits incriminés est une autre raison incriminante de cette thérapeutique. En effet, alors que le propos du jour était censé se focaliser sur la sensibilisation à l’assainissement de l’environnement et l’usage de la moustiquaire imprégnée comme moyens préventifs de lutte contre le paludisme, le sujet s’est incrusté. En effet, leurs voix unies, les participants n’ont pas beaucoup trouvé à redire quant à ces méthodes qui appelle plus à une responsabilité individuelle qu’autre chose. Sur ce point, l’avis de l’assistante en communication de Save the children, Stella Ramazani, reste que « chacun doit se sentir concerné à son niveau personnel » avant de s’en remettre au gouvernement comme le suggéraient plusieurs. Elle a dès lors martelé sur le fait qu’il convient de s’atteler à une prise en charge personnelle au lieu d’invoquer les insuffisances de la politique de santé publique. Se voulant autant persuasifs, l’administrateur de gestion de la Zone de santé Mont-Ngafula I, Jonas Lukuene, et l’animateur communautaire, Grégoire Kiabundua, ont renchéri les propos de la déléguée de Save the children. Et de préconiser encore plus l’usage de moustiquaires imprégnées d’insecticides longue durée tenue pour un dispositif majeur de prévention du paludisme au niveau de la communauté. Sur ce point, Stella Ramazani a souligné qu’elle est « une stratégie de lutte recommandée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ». Et d’aviser l’assistance sur la nécessité de combiner ce geste avec l’assainissement des parcelles, quitte à réduire la présence des eaux stagnantes et d’y adjoindre aussi des répulsifs disponibles sur le marché. Car elle a trouvé opportun de rappeler que le paludisme, maladie parasitaire transmise par les piqûres des moustiques anophèles demeure la première cause de morbi-mortalité dans les pays africains. Ce, en particulier pour les groupes vulnérables que sont les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes. Statistiques alarmantes Les statistiques mondiales alarmantes font état d’une incidence estimée à 300-500 millions de cas par an, enregistrés le plus souvent en Afrique subsaharienne avec 90% des cas. Les décès évalués à 1 million, la majorité en Afrique, concernent les enfants de 0 à 5 ans, notamment dans les zones rurales reculées où les services de santé sont mal desservis. Le tableau de la RDC n’est pas meilleur où les cas de paludisme s’estiment à 10,06 millions dont 50 à 80% chez les enfants de moins de 5 ans chez qui ils constituent les premières causes de morbi-mortalité. À Stella de conclure sur l’état des lieux sur le plan national en affirmant : « Pour le moment, le paludisme tue un enfant toutes les minutes. Notre pays fait partie des pays pauvres très endettés. Le niveau de pauvreté est de 71, 34% et il est élevé en milieu rural avec 75, 72% qu’en milieu urbain. À Mont-Ngafula I en 2013, sur une population totale de 251 667 habitants, les enfants dans la tranche d’âge de 0 à 59 mois était de 47 565, les cas de paludisme chez ces derniers étaient de 0 à 11 mois 3 941 cas, 12 mois à 4 ans, 5 428 cas. Ce qui correspond à 9 369 cas soit 19, 68 %. La mortalité était de 14 cas, soit 0, 149%. Ce faible taux de décès est une référence des cas enregistrés hors des zones de santé ». Les recommandations formulées à la fin de la rencontre ont été en faveur des mesures préventives dont l'assainissement de son environnement immédiat comme impératifs à respecter. Et de suggérer la formation de nouveaux relais communautaires en vue d’une plus large sensibilisation. Dans la perspective du traitement, il a été suggéré un retour à la chloroquine ou alors la proposition d’une autre combinaison que les ACTs jusqu’ici recommandées par l’OMS pour le traitement du paludisme provoqué par P. falciparum. Nioni Masela Légendes et crédits photo :Photo 1 : Stella Ramazani s’exprimant face à l’assistance
Photo 2 : Une vue partielle des participants à la séance de sensibilisation
Photo 3 : Le panel des orateurs de la journée de sensibilisation du 24 avril
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