RDC : les conflits armés en cause dans la mortalité maternelle et infantile

Lundi 19 Mai 2014 - 17:45

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Le sujet épinglé dans le 15e rapport annuel de Save the Children sur La situation des mères dans le monde lancé le 16 mai en matinée à l’hôtel Faden House a permis de faire le point sur l’état sanitaire général de la mère et de l’enfant dans le pays.

Une vue de l’assistance au lancement du 15e rapport de Save the childrenLa République démocratique du Congo (RDC) est classée 177e du 15e Indice annuel des mères de Save the children repris dans son actuel rapport sur La situation des mères dans le monde, qui a choisi de mettre l’accent sur l’impact des crises humanitaires sur la survie des mères, des nouveau-nés et des enfants. Une place gagnée en comparaison à l’an dernier où elle figurait au plus bas de la liste. La RDC, la Syrie et les Philippines sont répertoriées comme les trois pays ayant subi l’impact de situations d’urgence humanitaires dont Save the children s’est employée à examiner les cas de manière approfondie.

Le rapport de Save the children établit que la guerre civile a occasionné « d’horribles abus à l’encontre des femmes et des enfants et a fait, directement et indirectement, plus de 5,4 millions de morts ». Et paradoxalement, il appert que « les taux de mortalité dans les parties situées en dehors des zones de conflit sont souvent aussi élevés que ceux affichés par les provinces orientales touchées par le conflit ». Il reste que la plupart des décès enregistrés en RDC sont dus à « des causes évitables ou traitables comme le paludisme, la diarrhée, des maladies néonatales et la malnutrition » et que « près de la moitié » d’entre eux concernent les enfants de moins de 5 ans. La description ainsi faite par le Dr Arsène Niangoran a appuyé par les discours des deux premiers orateurs du jour, en l’occurrence les Dr Guy Mukumpuri et Wivine Mbwembwe.

Dans le « Portrait de la situation de la mère » qu’il a dressé, le premier cité a souligné que « dans les tranches d’âges de femmes en âge de procréer la mortalité est 

Dr Guy Mukumpuri en plein exposé  présente ». Et de faire remarquer l’existence d’«une forte acuité parmi les 25 à 29 ans et 40 à 44 ans ». La particularité congolaise observée au niveau des consultations prénatales (CPN) : « 85% de femmes les commencent et seulement 47% les poursuivent jusqu’au bout » n’arrange pas la situation. Par ailleurs, les facteurs favorisants entendus comme étant dans l’ordre des « 4 trop et des 3 retards » a porté d’une part, sur le risque des grossesses « trop nombreuses, trop rapprochées, trop précoces et tardives ». Et, d’autre part, sur le constat du retard pris dans « la décision de consulter les services de santé », pour « atteindre les établissements de santé » au moment de « recevoir les soins appropriés ». Par ailleurs, pour le Dr Guy Mukumpuri, la « qualité des soins constitue un énorme défi » surtout avec la vétusté de certains centres de santé et le manque de matériel conforme. Mais il a évoqué de nombreuses actions menées par le ministère de la Santé publique et ses partenaires en faveur de la mère porteurs de changements, perçus tels des indicateurs d’amélioration. Et de lancer un appel à « placer la santé de la maternelle néonatale et enfant à l’ordre du jour des agendas du gouvernement » avant de clore son propos sur une double déclaration. «  Une femme ne devrait pas mourir en donnant la vie, un enfant ne devrait pas mourir en venant au monde ».

Situation des enfants en RDC

Dr Wivine Mbwembwe présentant la « Situation des enfants en RDC »Pour sa part, en abordant la question de la « Situation des enfants en RDC », Dr Wivine Mbwembwe a établi que ces derniers « meurent plus à domicile et peu dans les centres de santé ou hôpitaux généraux  ». La pauvreté, premier facteur favorisant de leur mortalité ajouté à l’insuffisance des équipements modernes et le défaut de traitements corrects, etc., donne à la RDC le statut de « troisième pays à grande mortalité infanto-juvénile dans le monde » après l’Inde et le Nigéria. Les disparités constatées dans la mortalité infanto-juvénile (sur la base des études menées en 2010) sont fonctions des milieux de vie, plus élevée chez les garçons que chez les filles et en zone rurale qu’urbaine, a fait savoir Dr Wivine.

Avec la pneumonie classée en tête de liste parmi les affections les plus mortelles avant la diarrhée notamment, elle a préconisé un meilleur encadrement de la femme qui, assez instruite sur le procédé adéquat de prise en charge pour chaque maladie en présence, assurera convenablement son rôle de gardienne du foyer. La sauvegarde de vie de l’enfant passe donc par l’éducation de la mère de sorte que « chaque enfant mérite son 5e anniversaire », tel que l’a dit Dr Wivine en conclusion de son propos du jour. Dr Arsène Niangoran, directeur de développement présentant le rapport de Save the children

Malgré les nombreuses difficultés évoquées, des signes d’espoir et de progrès sont manifestes avec l’appui concerté des ONG locales. Leur apport en termes de soins médicaux et d’appui psychologique aux victimes de viols dans les zones en conflit dans les Kivu et le soutien des organisations humanitaires au ministère national de la Santé pour de meilleurs services de santé primaire et secondaire, de vaccination et la mise en œuvre de programmes de planning familial et de santé maternelle constituent des lueurs pour un avenir meilleur avec une mortalité réduite de sorte à espérer atteindre les OMD 4 et 5 d'ici à 2035.

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Une vue de l’assistance au lancement du 15e rapport de Save the children Photo 2 : Dr Guy Mukumpuri en plein exposé Photo 3 : Dr Wivine Mbwembwe présentant la « Situation des enfants en RDC » Photo 4: Dr Arsène Niangoran, directeur de développement présentant le rapport de Save the children