Lutte contre l’insécurité à Pointe-Noire : Adolphe Mbou-Maba va à la rencontre des « bébés noirs »

Jeudi 28 Avril 2022 - 16:06

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Après Brazzaville, le haut-commissaire à la Justice restauratrice, à la Prévention et au Traitement de la délinquance juvénile, Adolphe Mbou-Maba, a entamé le 27 avril une série de descentes dans les arrondissements de la ville océane, en vue d’échanger directement avec les jeunes baptisés « bébés noirs » qui créent l’insécurité dans les quartiers. Des descentes qui ont été précédées d’une rencontre avec les autorités politico-administratives locales, le 26 avril à la mairie centrale.

Ce sont les  "bébés noirs" des arrondissements 6, Ngoyo, et 4, Loandjili, qui ont été les premiers à échanger avec le haut-commissaire. "Les bébés noirs", c'est un phénomène de société qui touche la jeunesse et qui se caractérise par la perpétration des violences qui perturbent la sécurité dans les quartiers, la paix des cœurs et la tranquillité des esprits. Présent d'arbord à Brazzaville, puis à Pointe-Noire, le phénomène a pris de l’ampleur atteignant même les zones rurales et gagnant progressivement le milieu scolaire. Le haut-commissariat à la Justice restauratrice, à la Prévention et au Traitement de la délinquance juvénile a été créé en novembre 2021 par décret présidentiel, pour, entre autres, mener des actions; en vue d’appréhender ce phénomène, trouver des solutions et assainir l’environnement social.  

La rencontre avec les autorités politico-administratives locales, en présence d’Alexandre Honoré Paka, préfet du département, et de Jean François Kando, député maire de la ville et président du Conseil départemental et municipal, a aussi connu la présence des représentants des confessions religieuses et des organisations de la société civile. Elle a eu comme objectif de permettre à Adolphe Mbou-Maba de présenter les termes de références des descentes dans les six arrondissements de la ville ainsi que le calendrier de son séjour. L’occasion lui a aussi permis de mettre à disposition des informations sur le haut-commissariat à la Justice restauratrice, à la Prévention et au Traitement de la délinquance juvénile, ses objectifs ainsi que ses missions.

Au cours de la rencontre, il a été évoqué les causes du phénomène grandissant des "bébés noirs" à Pointe-Noire (remettant en questions son statut de « havre de paix ») et suggéré des solutions devant contribuer à l’éradiquer. Pour ce qui est des causes, il a été noté, entre autres, le manque d’espace libre d’expression ou de loisirs (sport, culture…), le chômage, l'irresponsabilité des parents qui abandonnent les enfants, le manque de prise en charge des jeunes pour la poursuite des études après obtention de certains diplômes comme le baccalauréat, la dévalorisation et l'insuffisance d’écoles publiques (nombre pléthorique d’élèves, non maîtrise des uns et des autres, écoles éloignées…).

Quant aux solutions, il a été suggéré de lutter d’abord contre la pauvreté et de faire que ces jeunes aient du travail et des occupations saines. De ce fait il faut, entre autres, relancer les chantiers vacances, intéresser les jeunes à certaines activités comme l’agriculture, organiser des formations, créer des structures socio-éducatives et culturelles et élargir les descentes du haut-commissariat dans les écoles les églises. Pour Adophe Mbou-Maba, il n’est pas encore trop tard pour sauver ces jeunes. Il a indiqué: « Ce phénomène de délinquance ne doit être jetté aux oubliettes. Il faut qu' on parle et qu’on trouve des solutions. Il faut sensibiliser les jeunes sur le fait qu’ils ont perdu la bonne voie. La lutte contre le phénomène "bébés noirs" est l’affaire de tous. Tout le monde est coupable, il s’agit d’une coresponsabilité».

« Donnez-nous du travail et cette violence va finir »

Les descentes qui ont commencé dans les arrondissements 6, Ngoyo, à Ndjeno, et 4, Loandjii, à la maison commune, se déroulent sur le thème «Un environnement  urbain sans violences». Celles-ci sont destinées aux échanges directs du haut-commissaire avec les "bébés noirs" en vue de connaître les raisons qui les poussent à la violence ainsi que leurs attentes de l’Etat. A Ngoyo comme à Loandjili, les jeunes sont revenus sur les mêmes causes et solutions évoquées lors de la rencontre avec les autorités politico-administratives, tout en insistant sur le manque de formation, de métiers et surtout de travail qui les empêchent de faire face aux charges et à leurs besoins.

Les jeunes ont indexé la police, les autorités locales, le gouvernement et certains  parents jugés irresponsables. «Donnez-nous du travail et cette violence va finir», a martelé un jeune à Loandjili où il a été aussi déploré le fait que «les vieux ne veulent pas aller à la retraite et laisser la place aux jeunes». «Ils empêchent les jeunes de travailler, il faut que l’Etat regarde ce problème», a lancé un jeune dans la salle. A Ngoyo, les langues se sont plus déliées pour déplorer aussi le fait que les jeunes de l’arrondissement ne sont pas souvent recrutés par les sociétés qui opèrent dans leur zone. Un jeune père de famille a expliqué : «On recrute des gens qui viennent d’ailleurs même pour des activités de désherbage qui ne nécessitent pas des diplômes, comme si nous jeunes d’ici n’avons pas besoin de travailler».

Remerciant les jeunes du courage dont ils ont fait montre pour répondre présents aux rencontres, Adolphe Mbou-Maba a indiqué : «Je ne vous dis pas que nous ferons aussitôt tout ce que vous avez dit mais il fallait que vous parliez. Nous avons pris bonne note. Donnez-nous du temps pour aller rendre compte de ce qui a été dit. En attendant ne soyez plus violents».

Au terme des deux descentes des fiches ont été remises à Zéphirin Nguié, administrateur maire de Loandjii, et à Wilfried Paka, celui de Ngoyo. Ces fiches seront remplies par les jeunes pour mettre à disposition des d’informations (sur leur identité, leur besoin en formation, en emploi et autres) en vue d' une prise en charge.

Notons qu'outre Pointe-Noire, cette série de rencontres avec des "bébés noirs", amorcée par le haut-commissaire à Brazzaville, se poursuivra dans d'autres départements du pays.

Lucie Prisca Condhet N’Zinga

Légendes et crédits photo : 

1 -Adolphe Mbou-Maba, au centre, lors de la rencontre avec les autorités politico-administratives locales 2- Vue de la salle pendant cette rencontre

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