Mali : la relance du dialogue facilitera-t-elle le rétablissement de l’autorité de l’État au nord ?

Samedi 24 Mai 2014 - 13:15

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Sous la pression de la communauté internationale, le gouvernement malien a certes signé vendredi un accord de cessez-le-feu avec trois groupes rebelles, grâce à la médiation du chef de l’État mauritanien et président en exercice de l’Union africaine, Mohamed Ould Abdel Aziz. Mais la signature ne semble pas satisfaire les Maliens qui souhaitent plutôt que l’autorité de l’État soit restaurée sur l’ensemble du territoire national

Le peuple malien est en effet très impatient quant à voir le pays retrouver son intégrité territoriale et son unité. Ce qui n’est pas le cas à l’heure actuelle malgré l’intervention militaire française qui avait poussé les groupes djihadistes à quitter cette région puisque ces derniers ont été rapidement remplacés par les séparatistes laïcs du MNLA.

Depuis lors, et contrairement à Tombouctou et Gao, deux autres villes importantes de cette partie du pays, Kidal n’est jamais revenue sous le contrôle de l’armée malienne. Les groupes armés qui y opèrent réclament toujours une plus grande autonomie du nord du pays, dont les dirigeants maliens ne veulent pas entendre parler.

"À partir de ce moment-là, la situation de Kidal n’a jamais été résolue", a fait observer un analyste. Les choses se sont aggravées suite aux combats meurtriers qui ont opposé les militants du MNLA aux forces gouvernementales pendant et après la visite du Premier ministre, Moussa Mara le 17 mai dernier. Pour avoir mal accueilli l’arrivée du Premier ministre et celle du contingent de l’armée régulière à Kidal, les rebelles du MNLA étaient alors passés à l’attaque, et pris le contrôle de la ville après avoir repoussé les forces maliennes. Plutôt que de s’arrêter là, ils ont poursuivi leur avancée et occupé, quelques jours plus tard, la localité de Ménaka, située à quelque 660 km plus au Sud ainsi que bien d’autres villes.

Pour l’heure, les Maliens plaident pour le redéploiement des troupes internationales de manière à éviter le retour des djihadistes à Kidal, mais des observateurs craignent que la présence militaire française ne permette de relancer la guerre totale de 2012.

L’accord de cessez-le-feu avec les rebelles a été paraphé pour le compte du président Ibrahim Boubacar Keïta par son homologue de Mauritanie,  en compagnie de représentants militaires des trois groupes armés : Mohamed Ag Najim pour le Mouvement national de libération de L’Azawad (MNLA), Cheick Ag Haoussa pour le Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) et Brahim Ould Handa pour le  Mouvement arabe de l’Azawad (MAA). Le texte comportant cinq points a pris effet dès sa signature par toutes les parties. Les signataires ont convenu de la cessation immédiate des hostilités sur toute l’étendue du territoire national et accepté de revenir à l’accord préliminaire de Ouagadougou pour une reprise immédiate des négociations. Les parties se sont également accordées de la libération des prisonniers et pour faciliter le travail des humanitaires des Nations unies ou d’autres partenaires. Il en est de même pour la mise en place d’une commission d’enquête internationale sur les évènements récents, à commencer par ceux de Kidal.

Selon des sources concordantes, les autorités maliennes ont souhaité un retour aux positions de l’armée régulière et des groupes du nord avant la visite du Premier ministre Moussa Mara à Kidal. Mais cette demande a été rejetée par les groupes armés, qui gardent donc leurs positions dans la ville et dans d’autres localités qu’ils contrôlent.

Rappelons que ce sont les conquêtes de Kidal, Gao puis Tombouctou par le MNLA en janvier 2012, qui avaient déclenché la crise malienne. Alliés dans un premier temps aux rebelles touareg, les djihadistes d’Ansar Dine, du Mujao et d’Aqmi avaient ensuite supplanté leur allié pour prendre le contrôle de la région.

 

 

 

Nestor N'Gampoula