Interview. Tony Cassius Bolamba : « La RDC doit continuer à exiger le retour de la paix »

Jeudi 6 Février 2025 - 12:30

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Acteur politique majeur toujours enclin à apporter son expérience dans la conduite des affaires de l’Etat, l’ex gouverneur de l’Equateur et ancien candidat à la présidentielle de décembre 2023 suit avec un intérêt accru les péripéties à l’Est du pays marquées par la prise de Goma par le M23. Dans un entretien avec Le Courrier de Kinshasa, Tony Cassius Bolamba analyse froidement lesdits événements et leurs implications diplomatiques, militaires, économiques et sociales.  Chantre de la paix, il exhorte ses compatriotes à plus de solidarité et de cohésion en ces temps de crise qui requièrent des uns et des autres une prise de conscience patriotique.  Entretien.

Le Courrier de Kinshasa (LCK ) : Les rebelles du M23 et leurs soutiens rwandais ont fait incursion dans la ville de Goma dont ils contrôlent une grande partie. Qu'elle peut être la base de leurs revendications ?

Tony Cassius Bolamba (T.C.B.): Je pense que leurs revendications étaient traitées à Nairobi, au Kenya, et suis très triste de cette reprise des hostilités. Je ne saurais pas encore totalement me prononcer à ce sujet mais je reste optimiste que la paix reviendra.

L.C.K.: Quelle peut être l'attitude des autorités congolaises face à cette énième prise de Goma?

T.C.B. : Elles doivent avoir le sang froid et voir comment réparer ce qui est arrivé !

L.C.K. : Peut-on déjà conclure à l'échec du front diplomatique étant entendu que sur le terrain, les affrontements se poursuivent sur fond de la passivité onusienne ?

T.C.B. : En diplomatie rien n'est statique. Nos deux pays, la République démocratique du Congo et le Rwanda doivent continuer de parler. Le processus de Luanda existe encore, un comité  peut être mis en place pour soutenir le président angolais, João Lourenҫo, dans sa mission. Pour leurs expériences de militaires et leurs approches dans les situations de conflits en Afrique, les présidents Denis Sassou Nguesso et Yoweri Museveni peuvent se joindre au Comité pour épauler le président angolais.

L.C.K. : Cette guerre est ponctuée par la désinformation sur les réseaux sociaux. Comment contrer l'influence qu'exerce actuellement le Rwanda sur le front numérique ?

T.C.B. : Ce n'est pas en coupant la connexion de certains réseaux sociaux en République démocratique du Congo que nous gagnerons la guerre numérique.

L.C.K. : Quel narratif le gouvernement peut-il développer aujourd'hui pour sensibiliser et remonter le moral des troupes au front ?

T.C.B. : Il n'y a pas de narratif à développer pour motiver des troupes au front, il y n'a que de conditions de vie des troupes à améliorer pour les motiver.

L.C.K. : Qu'est-ce qui, d'après vous, peut expliquer les contre-performances séquentielles des FARDC/Wazalendos ?

T.C.B. : N'étant pas dans le centre des opérations, il m'est difficile de répondre à cette question.

L.C.K. : La RDC a rompu ses relations diplomatiques avec le Rwanda. Pensez-vous que cette décision soit justifiée, opportune et responsable?

T.C.B. : Je reste convaincu que l'harmonie reviendra!

L.C.K.: Washington, Londres et Paris ont exhorté leurs ressortissants à quitter Goma en raison de l'escalade des violences. Comment analysez-vous cette situation ?

T.C.B. : Ce sont leurs ressortissants! A nous les Congolais et les Rwandais, je dirai le peuple africain en général, de comprendre que nous sommes Africains et notre sort est entre nos mains pour l'avenir de notre continent.

L.C.K.: Lors de la marche du 28 janvier dernier à Kinshasa, les manifestants ont vandalisé certaines ambassades dont celles de la France, de l'Ouganda et du Rwanda. Quelle est votre lecture de ces faits ?

T.C.B. : En période de crise, les autorités doivent éviter des mots des maux. Dire que si le Conseil de sécurité échouait c'est la rue qui s'en chargera n'était pas judicieux de la part de madame la ministre des Affaires étrangères. Mais je la comprends, c'est la première fois qu'elle fasse face à une grande responsabilité et malheureusement en situation de crise. La diplomatie ne se fait pas avec des émotions. Avec tout ce qui s'est passé, qui prendra la responsabilité ?

L.C.K. : Cette situation ne peut-elle pas avoir une incidence négative sur les relations diplomatiques entre la RDC et les Etats dont les ambassades ont été ciblées?

T.C.B. : La convention de Vienne répondra !

L.C.K. : Entre temps, le silence des cadres de l'Union sacrée et des leaders de l'opposition étonne…

T.C.B. : Nous traversons une situation qui doit nous rassembler.

L.C.K. : Comment entrevoyez-vous la suite des événements ?

T.C.B. : Nous continuerons de rechercher des solutions pour que la paix revienne.

L.C.K. : Qu'est-ce que la RDC peut exiger des Nations unies comme sanctions envers le Rwanda ?

T.C.B. : La RDC doit continuer à exiger le retour de la paix.

L.C.K.: Que conseillerez-vous au chef de l'État, Félix Tshisekedi, dans le contexte trouble que vit actuellement son pays ?

T.C.B. : Comme dit le jour de la proclamation des résultats de la présidentielle, le 31 décembre 2023 au Centre Bosolo de la Commission électorale nationale indépendante, il est le président de tous les Congolais, pas d'un groupe de gens qui ont pris le pays en otage au détriment de la population. Que le président nous rassemble !

L.C.K.: Votre mot de la fin...

T.C.B. : Devant cette situation de crise, nous devons être solidaires entre nous, nous devons nous soutenir les uns et les autres. Que tout Congolais, partout où il se trouve, utilise tout moyen en sa possession pour que la paix et l'harmonie puissent régner dans la cité congolaise et africaine. J'ai dit !

 

 

Propos recueillis par Sylvain Andema

Légendes et crédits photo : 

Tony Bolamba accomplissant son devoir civique lors des scrutins de décembre 2023

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