Assistance : MSF apporte une aide urgente aux victimes de guerreJeudi 17 Juillet 2014 - 17:45 Les violences sexuelles, les enlèvements et les tortures sont devenus le lot quotidien des populations vivant à l’est de la RDC à cause des attaques répétées des forces négatives qui occupent ce coin du pays. Selon un communique de l’ONG Médecins Sans Frontières (MSF), chaque jour des femmes, des hommes et des enfants sont retenus captifs par des milices armées, parfois pendant des mois. Ils subissent des traitements inhumains et dégradants. Les femmes sont victimes de viol, tandis que les hommes sont soumis au travail forcé dans les mines d’or et de diamants de la réserve de faune à Okapi dans l’est de la RDC. Pour soulager tant soit peu la misère de ces populations, une équipe médicale de MSF travaille dans la ville depuis le mois de mai pour leur fournir des soins de santé primaire ou d'urgence, ainsi qu’une assistance psychologique. Selon MSF, il est difficile à ces gens d’oublier les atrocités vécues. Ces personnes arrivent à Nia Nia avec des histoires atroces de ce qu’elles ont vécu ou vu: meurtres, actes de torture et viols à répétition. « Les gens décrivent ce qu’ils ont vécu comme étant un enfer », explique Ana Maria Tijerino, psychologue pour MSF. « J’ai du mal à croire qu’un tel niveau de violence soit possible. Les victimes ont été retenues comme esclaves sexuelles – parfois pendant des mois – agressées sexuellement avec violence par plusieurs hommes, plusieurs fois par jour, et souvent sous les yeux de leurs parents, maris ou proches». De son coté, Kevin Coppock, chef de mission pour MSF en Province Orientale explique que les mineurs sont victimes de racket de la part de plusieurs milices armées qui leur extorquent une partie de leurs profits. Ceux qui ne peuvent ou qui refusent de leur remettre leurs gains sont victimes d’actes de représailles d’une extrême violence. Après qu’un chef de milice a été tué en mai par les militaires, le niveau de violence et la brutalité ont sensiblement augmenté, visant les communautés minières mais aussi les habitants des villages environnants. Des consultations médicales à plus de trois mille personnes
Entre le mois de mai et début juillet, les équipes médicales basées à Nia Nia ont dispensé 3 586 consultations médicales. Elles ont aussi apporté des soins et un soutien psychologique à 143 femmes, trois hommes et deux enfants ayant survécu à des violences sexuelles, ainsi qu’à plus de trente survivants d’autres types de violences : torture, humiliation sexuelle ou autres atrocités commises sur leurs proches sous leurs yeux. Pour la prise en charge des cas des violences sexuelles, les humanitaires de MSF ont buté à une difficulté de taille : il s’agit de l’arrivée tardive des victimes des viols. Lorsque les victimes arrivent à la clinique MSF à Nia Nia, explique Ana Maria Tijerino, il est souvent trop tard pour qu’elles puissent être protégées du VIH, des infections sexuellement transmissibles ou des grossesses. Cette protection que l’on appelle la «prophylaxie post-exposition n’est efficace que dans les 72 heures après l’agression. « Les femmes qui ont été détenues comme esclaves sexuelles pendant plusieurs mois sont ainsi privées de ce traitement essentiel, ».
Les conséquences de telles violences peuvent être très invalidantes. « Plusieurs mois après leur agression, les traumatismes physiques et psychologiques sont toujours visibles chez les survivants, » dit la psychologue de MSF. « Beaucoup souffrent de douleurs, de plaies infectées, de stress, de dépression et de terreurs nocturnes. » Le climat d’insécurité dans lequel vivent les survivants rend leur résilience encore plus difficile. « Ils ne savent pas de quoi demain sera fait, » dit Ana Maria Tijerino. « Ils craignent d’être forcés de retourner dans les mines sous le joug de leurs agresseurs, ce qui s'ajoute encore à leur stress. Ils ont peur parce qu’ils savent qu’ils ne peuvent pas survivre économiquement sans travailler dans les mines. Nia Nia est une ville pauvre sans opportunités d’emploi ». Aline Nzuzi |