Centrafrique : "Michel Djotodia n’est pas dans le marchandage des compensations", a déclaré Anicet Guyamma Bazoguo

Mercredi 27 Août 2014 - 13:43

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Au lendemain de la publication du nouveau gouvernement de la Centrafrique, le porte-parole de la présidente de transition, Clément Anicet Guyamma Bazoguo, s’est rendu à Cotonou au Benin où il a rencontré l’ancien président de transition et chef de la Séléka Michel Djotodia. Dans une interview accordée à Radio France internationale (RFI), il revient sur leurs échanges et le nouveau gouvernement qui, depuis quelques jours, est critiqué par une partie de la classe politique mais aussi par la Séléka.

RFI : Quel est l’état d’esprit dans lequel a été formé le nouveau gouvernement vendredi dernier ?

Clément Anicet Guyamma Bazoguo (CAGB) : Nous étions sortis de Brazzaville avec l’esprit de réconciliation, de consensus et surtout de plus grande implication de tous les acteurs dans la gestion de la transition. C’est sur  la base de cet esprit de Brazzaville que la présidente de transition a nommé un nouveau Premier ministre afin qu’ensemble, les deux forment un nouveau gouvernement beaucoup plus inclusif. La composition de ce gouvernement est assez éloquente puisque presque toutes les entités qui ont consulté sont représentées. Dans ce gouvernement, il y a également les représentants des préfectures et des régions. Nous pouvons donc dire que c’est un gouvernement beaucoup plus large et qui certainement fait plus de consensus.

RFI : Mais manifestement pas assez puisque les principaux partis politiques du pays ne se reconnaissent pas dans ce gouvernement y compris des groupes armées tels que la Séléka

CAGB : Toutes les parties ont été reçues avant la publication de ce gouvernement. La Séléka a été consultée. Sa délégation a été conduite par son secrétaire général qui est légitimement reconnu par ce mouvement. Tant qu’il n’y a pas de désistement, nous pensons que les entités qui sont représentées vont rester.

RFI : Vous avez rencontré, le week end, Michel Djotodia l’ancien président et chef de la Séléka, à Cotonou. C’était justement pour apaiser la contestation ?

CAGB : Non ! C’était plutôt pour impliquer tous les acteurs politiques, dont l’ancien président Djotodia, dans le processus politique de dialogue et de réconciliation. La présidente de transition a traduit comme message à l’ancien président, qu’elle n’avait rien contre lui et qu’elle souhaitait qu’il l’aide à bien conduire la transition. Aujourd’hui après l’accord de cessation des hostilités signé à Brazzaville, la transition doit prendre un nouvel élan.

RFI : Plus concrètement, comment Michel Djotodia peut-il vous aider à bien mener la transition ? Que lui avez-vous demandé ?

CAGB : Le président Djotodia est un homme d’État. Je l'ai écouté dire que la Centrafrique doit aujourd’hui s’inspirer du modèle de démocratie, de développement béninois. Je pense qu’il y a beaucoup de choses que le président Djotodia peut faire.

RFI : Que vous a-t-il dit et qu’est-il prêt à faire dans l’immédiat, à distance, à Cotonou où il se trouve?

CAGB : C’est un ancien chef d’État. Je n’étais pas allé pour lui forcer la main mais plutôt lui transmettre un message et puis avoir sa vision des choses. Le plus important était d’avoir une communication directe avec lui, car, jusque-là rien n’était fait dans ce sens.

RFI : Michel Djotodia accepte-t-il le nouveau gouvernement formé vendredi ou a-t-il demandé des compensations pour apaiser son mouvement Séléka ?

CAGB : Michel Djotodia est un ancien chef d’État, il n’est pas dans le marchandage des compensations. Il ne m’a pas dit qu’il contestait le Premier ministre ou le nouveau gouvernement. Je pense qu’il n’y a pas de contestations, ni de la part de Michel Djotodia, ni du mouvement Séléka qu’il dirige.

RFI : Où avez-vous rencontré Michel Djotodia et combien de temps a duré cette entrevue qui était la première du genre ?

CAGB : Le président Djotodia nous a très chaleureusement et fraternellement reçus dans son bureau de Cotonou. Nous avons passé presque toute la journée de samedi avec lui. J’ai eu un tête à tête avec lui pour lui faire passer le message de la présidente de transition centrafricaine. Par la suite, nous avons eu une séance de travail à laquelle étaient associés les membres du centre pour le dialogue d’humanité, qui d’ailleurs a œuvré en coulisse pour l’organisation de cette rencontre ; mais aussi le ministre béninois des Affaires étrangères était présent.

RFI : C'est-à-dire que c’est une nouvelle coopération qui commence ?

CAGB : Je peux l’affirmer car selon la volonté de la présidente de transition, il nous faut activer toutes les mesures qui peuvent ramener la paix dans le pays. Nous avons commencé avec Michel Djotodia, mais cela va continuer avec les autres entités.

RFI : Quelles entités précisément ?

CAGB : Outre l’ex rébellion Séléka, il y a aussi les anti-balaka. Ce sont des forces qui sont sur le terrain avec lesquelles nous devons travailler. Il y a ce défi de nous approprier le processus de dialogue politique et de réconciliation car, il ne faut que les centrafricains déçoivent tous ceux de l’extérieur qui veulent aider le pays à sortir de la crise qui la mine.

Source RFI